Bon je sens qu'Alter va me dire "mais tu as déjà fait un article sur l'éclade"... Chi lo sa ? J'ai sérieusement cherché dans le blog mais à part quelques mentions de ci, de là et un commentaire convaincu d'Autour du Puits sur les ongles en deuil, je n'ai rien trouvé. Alter a toujours l'impression que j'ai déjà fait tel ou tel sujet car nous tenions autrefois un journal familial sur papier, destiné à nos amis, où il était question de beaucoup de sujets divers et qui sont, c'est forcé, récurrents.
Donc dimanche c'était la journée "rentrée de l'amitié" avec une sortie en mer pour la pêche. Là-dessus, je vais rester discrète car c'est de notoriété publique, en ce moment ça ne mord guère, et l'après-midi ne fut pas très fructueuse.
Mais avant la virée sur l'estuaire, agrémentée d'un temps tout à fait clément, nous avons fait un petit repas entre amis dont le prétexte était une éclade : c'est la saison car les moules des vendanges sont les meilleures !
Très commode pour publier la photo de ses amis sur le net en toute discrétion : ils sont tellement enfumés qu'on ne peut les reconnaître !
Le principe de l'éclade, pour les non initiés, consiste à dresser sur une planche humide des moules de bouchot, puis à la recouvrir d'aiguilles de pin et, après avoir enflammé le tout, on chasse les cendres "avec un calendrier des postes" et on déguste. Quelques remarques pour les puristes : la bouchot est indispensable, on est snob ou on ne l'est pas ! Le point de départ de la construction est, selon les spécialistes soit une pomme de terre coupée en deux, soit 3 pointes plantées au centre de la planche. Le travail de mise en place des mollusques est convivial, sauf que certains ne sont pas sérieux et n'inclinent pas les coquilles avec l'angle requis, ce qui fait qu'ils se font virer de l'installation.
Ensuite, il existe deux écoles, celles des aiguilles de pin et celle des sarments de vigne. Avant d'habiter sur l'estuaire, nous vivions en Petite Champagne et nous étions des tenants ardents du sarment de vigne. Mais il faut bien admettre que l'aiguille de pin donne un parfum de résine et de lande qui est inimitable. Notre ami Pascal, grand expert en "terrée", c'est le second nom, plus local, de l'éclade, est très civique : et comme il est interdit de ramasser les aiguilles de pin, cela lui pose toujours d'énormes problèmes de conscience. Oui, je vous jure, il y a un arrêté préfectoral, municipal ou de je ne sais quelle origine, qui interdit le ramassage. Ne me demandez pas à quel motif, il faut admettre qu'il est bon d'interdire pour interdire !
Enfin, la dernière condition essentielle de toute éclade qui se respecte, c'est le calendrier des postes pour chasser les cendres. Pas un vulgaire journal ou un éventail de pacotille, non, un bon calendrier de l'année ! Plus l'image est ringarde, meilleure sera l'éclade...
Vous voilà mis au parfum, et je vous assure, les moules cuites de cette façon en ont un remarquable. Comme le disait Aloïs, on a les ongles dans un état épouvantable et Alter a menacé de se mettre au chômage technique, car ses patients risquent de n'apprécier que très modérément ces décorations très locales ! On accompagne cela d'un petit blanc frais, de tartines de pain beurré et, si on le désire, frotté d'ail, mais le goût très marqué de l'ail masque par trop le parfum des moules.
Le repas qui suit doit être léger, et voilà que ce matin, j'ai trouvé chez Noune, une copinaute (une michelaise elle aussi, vi vi !) le merveilleux poème suivant que je ne résiste pas à l'envie de vous reproduire :
Peindre d’abord une table
Avec une jolie nappe,
Peindre ensuite des assiettes,
Des couverts,
Et de beaux verres aussi,
Toutes ces choses utiles
Aux invités.
Placer ensuite la table sous un arbre,
Dans un jardin.
Se cacher sous la table
Sans bouger
Attendre.
Parfois les invités arrivent vite
Mais ils peuvent aussi mettre de longues heures
Avant s’attabler.
Ne pas se décourager,
Attendre.
Attendre s’il le faut en laissant tout brûler.
Quand les invités viennent,
S’ils viennent,
Remplir alors leur verre
Espérant qu’ils s’assoient.
Et quand ils sont assis
Peindre délicatement les mets
Dans leur assiette
Peindre tous les parfums,
Saveurs salées, sucrées.
Si les invités rient,
Le repas est mauvais.
Mais s’ils sourient
C’est bon signe,
Signe que vous pouvez
Tirer tout doucement la nappe
Et la secouer.
Pfft, et tout disparaît.
Et je ne résiste pas au plaisir de vous recommander son poème pour saluer Septembre, un vrai bonheur pour les coquines en tous genres, de Lulu à Siudégonge-Dévergonde en passant par Aloïs ! Je suis sûre que vous apprécierez !!!! mais je vous envoie le lire chez elle car j'aurais peur en le recopiant, des visites importunes sur mots de recherche un peu trop osés... vous savez combien je redoute les visites importunes ! Par contre, j'envisage d'arracher mon étique gingko biloba (a-t-on idée aussi de planter un tel arbre sous les embruns ?) pour le remplacer par des figuiers....
Me reste à trouver des (bonnes) moules. Car en ce qui concerne les aiguilles de pins j'en ai un tas de 2 à 3 m (ratissage autour de la maison) qui attend d'être brûlé. Les sarments: encore plus. Je doute toutefois que notre mouclade puisse être aussi goûteuse que la vôtre. Pourquoi le ramassage des aiguilles est-il interdit ? Par respect pour l'écosystème ?
RépondreSupprimerJ'ai bien aimé le figuier couillu. La mandragore doit s'y plaire, sourire...
Je découvre qu'il est interdit de ramasser les aiguilles de pin ?! Je n'ai jamais mangé d'éclade mais je ne doute pas que ce doit être d'autant plus exquis que c'est partagé avec des amis dans une atmosphère surment très joyeuse et festive... le pastiche de Prévert est génial et le rondeau pour septembre, imagé , c'est le moins qu'on en puisse dire!
RépondreSupprimerTrès convivial et sympathique, un bon moment pour se retrouver.
RépondreSupprimerCes vieilles recettes sont incomparables.
Je note "moules de bouchot des vendanges".
J´adore "avec un calendrier des postes".
Mais existe-t-il toujours ?
l'éclade c'est un souvenir d'enfance...chez un oncle,on l'accompagnait d'une chipolata grillée
RépondreSupprimerhum l'odeur des aiguilles de pins brulées me revient !
bonne journée
Je vois que vous vous "écladez" bien ! (désolée pour l'humour bas de gamme, je n'ai pas pu m'en empécher) !! Je remarque quand même que tu n'as pas mis la photo du calendrier des postes (trop honte ?)...
RépondreSupprimerSeptembre, c'est la saison, il faut en profiter !! J'aime beaucoup les vers de ton amie michelaise... très expressifs !!
Bisous
Dégustation des moules avec un texte à la Prévert... ça tien du miracle !
RépondreSupprimerBiseeeeeeeeeees de Christineeee
PS/ En reste-t-il encore un peu, j'ai une p'tite faim ?
Voila qui me redonnerait de l'appétit!
RépondreSupprimerje crois avoir déjà tout dit pour moi cela reste un délicieux souvenir,c'était l'école aiguilles de pin.
J'en avais apprécié bien sûr la saveur mais aussi l'authenticité ,voire la rusticité,pas de chichis,nous avions mangé à même les tréteaux bu le vin blanc dans des verres Duralex je crois bien.
Un bémol pour la puriste que je suis le beurre était en emballage individuel de 10g,j'aurais préféré du bon beurre à la motte.
Pas d'ail c'est certain je m'en souviendrais
Pas besoin de tirer la nappe ni de la secouer le calendrier des postes faisait office de ramasse miettes!
Oh Roberto cette histoire d'aiguilles de pins qu'il serait interdit de ramasser moi j'avoue que ça me laisse pantoise car vraiment les tapis sont épais et l'éco-système ne me semble pas en péril ! qu'on interdise le ramassage des mottes sur l'ile d'ouessant, oui, il faut au moins 20 ans pour en refaire une, pas très compacte de surcroit, mais là, des aiguilles on n'en manque guère. M'enfin, c'est Pascal qui dit ça et Pascal, il est tip top côté interdits !! Il n'hésite pas en en crée (l'autre jour il ne voulait pas que sa femme ramasse du sable sur la plage ?!). Ceci étant pourquoi ne pas tenter l'éclade c'est facile et très convivial.
RépondreSupprimerCatherine, si un jour vous venez dans la région, n'hésitez pas à tener l'aventure ! Quant au poème imagé, certes, les images font mouche !
Alba, le calendrier qu'on a ici est d'il y a deux ans, non qu'il n'existe plus, mais les facteurs ne passent plus ! Il va falloir le renouveler... Quant aux moules des vendages, c'est juste pour se rappeler que les moules de septembre recommencent à être bonnes ! Il était temps, nous en étions privés depuis plusieurs mois !
Koka, en tant que michelaise d'origine (oups, pas vraiment vrai mais on fait comme si) tu as droit à la stricte et intégrale vérité : Pascal qui est très pointilleux sur les aiguilles de pain a pris je ne sais quoi pour enlever les cendres, et le temps que je vienne y mettre bon ordre, le mal était fait !!! je dois avouer que son éclade était cependant délicieuse.
Christineeeeee en général il n'en reste guère !!! Il est charmant n'est-ce pas ce poème à la Prévert ! L'amie qui l'a écrit m'a permis de le publier ici !!
Alors Aloïs, pas question de manger l'éclade autour d'une table, et si d'aventure cela arrive, certains restaurants le font, on peut suputer que l'ouverture s'est faite au chalumeau et qu'on a juste rajouté quelques aiguilles en fin de cuisson pour faire authentique !! C'est impossible à faire en restaurant. Tous autour des tréteaux, vin blanc, motte de beurre, et ce parfum grisant, quelques morceaux de coquilles, les ongles noirs, et une fois par an maxi, sinon on s'en lasse !
Anonyme, pardon j'ai zappé votre message, jamais mangé d'éclade avec des chipolatas, mais on en mange bien avec les huitres alors pourquoi pas avec les moules, à essayer.
RépondreSupprimeraprès les dernières actualités du monde, c'est du BONHEUR ce billet! tout simplement...........
RépondreSupprimerJ'avais envoyé, enfin, je croiais avoir envoyé mon commentaire ce matin, mais évidemment il n'est pas arrivé à destination, le re-voilà:
RépondreSupprimerje trouve qu'elle est assez décorative, cette phalange macédonienne de moules vouées au martyre...
Quant au "beau figuier bien co...lu", comme j'adore les figues je crois que je contreviendrais au conseil de l'Auteur et m'assoirais juste sous cet arbre en attendant qu'un de ses... fruits me tombe directement dans la bouche; ce qui d'ailleurs me rappelle une façon de dire dialectale que ma mère -qu'était très active- utilisait souvent pour me dire qu'il ne fallait pas etre quelqu'un de paresseux du genre "figo, caschime in boca", figue, tombe dans ma bouche (et de toute évidence c'est en connaissance de cause qu'elle le disait..!).
Salut Michelaise. J'espère que la rentrée s'est bien passée, et l'entorse résolue. A propos d'éclade, j'ai essayé en Août une variante, recette entendue sur FCulture, définitivement adoptée: Mettre les aiguilles dans un barbecue, les enflammer et cuire dessus les moules placées dans un poêle à trous (pour les marrons), en secouant. Recommencer jusqu'à plus soif.
RépondreSupprimerC'est moins esthétique, moins folklo, mais les moules juteuses ont un de ces petit goût de fumé! Miam!
Merci Noune l'entorse n'a pas eu de suite !! Alors cette recette dont tu parles j'en avais vaguement entenru parler aussi mais je n'avais aucun détail, je note car elle a le mérite d'éviter le "montage" sur la planche, qui est long
RépondreSupprimerUne belle party de moules grillées sur aiguilles de pin ! Je ne connais pas ?
RépondreSupprimerIci, ce soir,ce sera moules à la crème avec ... des frites ! C'est commun mais j'y peux rien ! !!!
Allons bon Martine, notre éclade n'a pas franchi la Loire, manque d'aiguilles de pin forcément ! Mais avec des sarments c'est jouable, à tenter pourquoi pas ? Mais à la crème, pourqoi pas ? Ici c'est plutôt au vin blanc des Charentes, avec oignon et persil, au plus simple couleur locale !
RépondreSupprimerça, c'est une façon sympathique de manger les moules ! Mais je découvre qu'il est interdit de ramasser les aiguilles de pin, quelle drôle d'idée !!!
RépondreSupprimerL'éclade c'était jusqu'il y a peu quelque chose de bizarre, des moules cuites sous les aiguilles quoi quoi !
RépondreSupprimerune de mes filles s'est mariée sur l'île d'Oléron et le soir venu c'est une éclade qui a ravi les invités
grandes serviettes pour tous et tant pis pour les mains bien noires
Quel plat convivial !!!
En effet Dominique, bonne idée pour un mariage et tu peux donc témoigner du goût particulier de ce mode de cuisson. A consommer sans modération Astheval ! Quant aux aiguilles, on trouve toujours un pin privé qui en fournit le quota nécessaire !!
RépondreSupprimerNON c'est un crime d'arracher un Ginkgo, même si c'est long à pousser c'est un arbre si beau, dans 50ans il fera la gloire de ton jardin s'il te plait pas d'égoïsme !
RépondreSupprimerPour les moules j'ai bien envie de faire un essai nous avons des aiguilles de pin en pagaille y compris dans la piscine ...
Pas de panique Robert le gingko c'est moi qui l'ai planté mais il est tellement vilain que je ne suis pas fière de moi !!! je pense que plein ouest, dans les embruns, il n'a pas beaucoup de chance. Les figuiers, me dit-on, résisteront mieux mais je n'ai pas l'intention de les mettre à la place du gingko, rassure-toi ! Pour l'éalce, oui oui fais un essai : tu mouilles ta planche avant d'y installer les moules, tu mets au centre une demie patate c'est le plus simple et tu installes tes moules en rond, patiemment. Ensuite mets une couche d'aiguilles assez épaisse, faut que le feu dure un peu pour ouvrir tes moules. 10 à 15 cm ?! tu en remets sur tu vois que ce n'est pas assez cuit... mais pas trop tout de même sinon les coquilles brûlent ! Et puis tu agites ton calendrier des postes avec des gestes amples au dessus de ta planche pour chasser les cendres !! Miam, miam, et prévois la brosse à ongles pour après !
RépondreSupprimermerci de cette eclade
RépondreSupprimerqui me rappelle des souvenirs imprérissables merci
De moules en figues, la saison est croquine et animelle* à souhait ! J'ai savouré septembre chez Noune tu penses bien ;-)
RépondreSupprimerBravo Noune quel talent !
Touche pas au Ginkgo ! Roberto a raison, je crois bien qu'en plus ses vertus sont proches de celles du figuier avec toutes ses vertus angiovasculaires... Bref jamais l'un sans l'autre.
Je fais les moules comme Martine avec la crème que je sers dans des p'tits ramequins à part, comme ça on peut en remplir la coquille à souhait, des frites et de la bière. C'est la seule dérogation aux frites et à la bière à table, mais s'il manque l'un ou l'autre la tablée est moins joyeuse, une fois !
Lulu mais c'est une bonne idée ça la crème à part, idéal pour les nanas soucieuses de leur ligne... mais bon, les moules frites ça c'est idéal ... avec des moules belges qui ne ressemblent en rien à nos moules, elles sont plus charnues, plus "épaisses", j'adooooore les moules belges ! En Belgique, va savoir pourquoi ??
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