A Saint
Dizant du Gua, dans cette zone marécageuse qui longe la Gironde, un parc aux
allures féériques entoure un château où il fait bon aller se promener. Construit
à la fin du 15ème siècle par la famille de Vinsons, le château est
racheté une vingtaine d’années plus tard par la famille Beaulon et prend le nom
qu’il gardera jusqu’à nos jours. A la fin du XVIème, les Beaulon, pourtant
soutenus par Henri IV, ont des dettes et les jésuites de Bordeaux, auxquels ils
doivent une rente importante saisissent leurs terres de Saint Dizant et le
château change de mains. Propriété des jésuites à partir de 1591, le château est
attribué en 1635 à Monseigneur de Nesmond, évêque de Bayeux, en même temps que
le droit de haute justice sur la seigneurie. C’est ainsi que le château
devient, au XVIIème siècle, la résidence d’été des évêques de Bordeaux. A la
suite de diverses alliances, le Château de Beaulon devient la propriété des
familles de Bigot, de Brémond d'Ars et de la Porte. En 1955 (date du petit
livre sur Royan que j’ai utilisé pour trouver ces informations) il appartenait
à un certain Maître Chabrou, avocat à Niort qui était aussi, terroir oblige,
prince du Franc Pineau !!
En 1965, le
château de Beaulon est racheté par Christian Thomas. Ce dernier entreprend de
rénover le château dont il obtient qu’il soit classé Monument Historique en
1987, et développe les vignobles qui l’entourent pour y produire un Cognac et un
Pineau de qualité.
Souvent remanié,
le château a subi au cours des âges des modifications qui ont sans doute changé
son allure générale. Le corps de logis est surmonté d'une haute toiture
d'ardoise munie de rampants à crochets.
C’est sur la façade nord qu’on remarque
les traces les plus anciennes : si la porte d’entrée et les fenêtres ont
manifestement été remaniés au 18ème , pour l’agrément de l’habitat, le
toit est surmonté de deux lucarnes fort intéressantes. Celle de gauche, flamboyante
à colonnes torses, est d’un gothique tardif d'inspiration florale, alors que
celle de droite est de style renaissance, sobre et encadrée de pilastres
élégants.
Le pigeonnier,
une fuie cylindrique datée de 1740, présente un toit conique recouvert de
tuiles plates de terre cuite et percé de lucarnes à frontons de pierre. À
l'intérieur se trouvent 1500 boulins (nids) en pierre et en poterie, fabriquées
à la Chapelle des Pots, bourg saintongeais célèbre au 18ème pour la
qualité de ses céramiques. L’échelle tournante qui permet d’accéder aux nids
pour y récupérer la précieuse « colombine » a été restaurée et rend l’ensemble
très évocateur.
Mais c’est
surtout à la valorisation du parc et du jardin que s’est employé monsieur
Thomas. Autour des bâtiments se déploie un jardin à la française aux allures méditerranéennes,
planté d’espèces parfois exotiques, comme des bananiers qui profitent de la
douceur du climat de la région. Plus loin, s’étendent les Fontaines Bleues, 25
sources formant entonnoirs de 10 à 18 mètres de profondeur et bénéficiant d’une
température constante de l’ordre de 13°. Au milieu de la clairière ces
résurgences alimentent des étangs qui s’emmêlent et se succèdent sous la ramée.
Trois kilomètres de canaux font communiquer les bassins entre eux et se
réunissent finalement pour former l’étier de Beaulon qui alimente le moulin du
Sap et se jette dans le Gironde à Port Maubert.
Promis il n'y a aucun retraitement de couleur sur ces photos !!
Ces
sources intriguent et attirent le visiteur pour leur couleur : l’ensemble
déploie une belle couleur bleue turquoise, qui est à l’origine de bien des légendes. Les noms donnés aux
différentes surfaces d’eau, le Miroir des fées, les Sources sereines,
Fontaine aux fées et les Fontaines de la Main Rouge révèlent les fantasmes que ces miroirs bleutés ont générés !!
L’explication est beaucoup plus simple : l'eau qui sourd ici viendrait du Massif central, transportant avec elle une algue microscopique, d'origine volcanique. Celle même, paraît-il, qui donne au lac Pavin ses teintes céruléennes. Cette algue, présente partout, ne révèle sa présence qu'en quelques endroits. Pour que le bleu soit visible à l'œil nu, il faut en effet que l'algue atteigne une certaine densité.
C’est ainsi que les sources qui
atteignent, je l’ai dit, entre 10 et 20 mètres de profondeur, sont les endroits
où l’on admire vraiment toutes les nuances de ce bleu lumineux. Car leurs
parois en entonnoir sont couvertes d’algues et, à la surface, le miroir se
colore de teintes vibrantes : azurées, saphir, cobalt, émeraude, lapis-lazuli…
toutes les déclinaisons sont possibles selon les saisons et l’heure du jour.
Plus le sous-bois s’assombrit, plus le bleu s’illumine. Autant vous dire qu’il
est bon de venir et de revenir à Saint Dizant du Gua pour conjuguer ce bleu
sous toutes ses formes !
Signé : Michelaise
Bonsoir Michelaise. Si le château a un certain charme, ce sont les arbres du parc que j'aime mais surtout ces étonnantes fontaines bleues aux noms chargés de poésie... Comme c'est beau... Je suis sûre que Koka saurait nous créer de magnifiques poèmes ou peut-être écrirait-elle des contes en s'inspirant de ces noms porteurs de rêves...
RépondreSupprimerQuant à l'ombre de la dernière photo... Y aurait-il un lutin étrange dans ces grands arbres ? Un petit singe dont l'ombre hante le parc les soirs d'automne ?
C'est signé Michelaise et... ça ne m'étonne pas... ;-)))
Un bien beau lieu, tant pour le château à l'architecture sobre et élégante que pour le parc et ses fontaines bleues. C'est formidable de pouvoir s'y promener.
RépondreSupprimerDes vieilles pierres
RépondreSupprimerDes fontaines et jardins
Et le bleu si intense, et si profond qu'on a envie d'y plonger !
Mais à cette...
"claire fontaine",
T'y es tu baignée,
dans cette eau si claire,
T'en allant promener ?
Biseeeeeeeeeeees de Christineeeeee
Oh là là Chirstine, on n'a guère envie de s'y baigner, avec toutes les légendes terribles qui régnent autour : des princesses noyées, des bergères enlevées par des ogres, brrrrr !!!
RépondreSupprimerBonjour Fardoise, ravie de vous avoir fait découvrir cet univers azuréen !!
Oxy, les Fontaines Bleues t'attendent lors de ton prochain passage par l'estuaire... Quant à l'ombre dans l'arbre c'était absolument magique : le soleil en se réfléchissant sur l'eau a permis cette photo un peu étrange : un petit singe dans les arbres du parc !!!
Un bel endroit que l'on découvre encore une fois avec toi et c'est vraiment attirant ! J'aime en particulier la photo de la barque et cette onde bleue...
RépondreSupprimerBon week-end !
Un endroit pour écrire de nouveaux contes de fées en trempant sa plume dans le bleu de l'eau...Il était une fois un petit singe....
RépondreSupprimerTes photos sont superbes. Il y a bien longtemps que je n'y suis allée. Tu me donnes envie d'y retourner...
RépondreSupprimerEh Noune, vas-y vite, en cette saison, un jour de beau soleil c'est magique !! et fais ce que suggère Evelyne, trempe ta plume dans le bleu pour nous écrire un poème de fée !!
RépondreSupprimerEnitram, qui sait si cela ne te donnera pas un jour l'envie de venir faire un tour dans nos contrées ...
Bonjour, Michelaise.
RépondreSupprimerLe chateau, le pigeonnier et les fontaines bleues...
Quel itinéraire poétique et intéressant...
Ton illustration tient du fantastique. Il y a du mystère là-dedans.
Mais je ne saurais dire lequel.
Merci beaucoup.
Bonne journée
Je retrouve enfin une connexion fiable!
RépondreSupprimerJe me souviens d'une très jolie promenade dans un Jardin Remarquable et du beau pigeonnier.
C'était un jour de bouchons,nous rentrions d'un enterrement et pour nous changer les idées nous avions pris le chemin des écoliers
Beau souvenir tout de même