Non, ce n'est pas LE jardin de Colette, mais une création d'espaces arborés autour de l'oeuvre de l'écrivain, d'où le nom : Les jardins de Colette. Le lieu où a germé cette idée est légitime, puisque Colette y a vécu : les terrains aménagés jouxtent le château de Castel Novel à Varetz, demeure habitée par Colette durant une dizaine d'années à la suite de son mariage avec Henry de Jouvenel. Elle y écrivit, entre autres, La paix chez les bêtes (1916) et Les heures longues (1914-1917).
"Tu n'as pas vu Castel-Novel au printemps, petit malheureux ! Les murs pétillent de lézards et sont blonds d'abeilles… Tout est magnifique ! Que de lilas, que de roses de mai aux rosiers bicentenaires.. La maison, les murs, les jardins, elles couvrent tout… Je n'ai jamais vu tant de roses, je ne peux tout dire, cela m'enivre et me désespère, je ne les verrai jamais toutes".
« Ici, dès l’arrivée, on sent le cours de la vie, ralenti, élargi, couler sans ride d’un bord à l’autre des longues journées. (…) Comme il resplendit, ce juillet limousin, aux yeux sevrés depuis trois ans de son azur, du vert, du rouge et de la terre sanguine ! Chaque heure fête tous les sens »…
Castel Novel est devenu un hôtel de grand luxe qui ne brille pas forcément toujours par la sobriété de son décor, et qui cultive de façon ténue les traces que Colette a laissées au château. Avec discrétion, car l'auteure n'est pas forcément appréciée de tous, à cause des scandales qu'elle apporta à Varetz, où Henry de Jouvenel est célébré par un monument en bonne et due forme sur la place du village. On peut séjourner dans une chambre qui fut sans doute la sienne, parcourir le parc qui comblait son amour des bêtes et des fleurs, déguster les plats à base de truffes dont elle se régalait, ou simplement se replonger dans la lecture des romans inspirés par Castel-Novel. Mais c'est dans le nouvel espace floral installé à côté du château qu'on retrouvera le mieux Gabrielle.
Baronne en Corrèze, citoyenne du Palais Royal, Colette vécut plusieurs vies et habita dans des lieux forts différents. Ce sont ces lieux que récréent ces jardins, de la Bourgogne de la jeunesse ( le "jardin d'en haut" et le "jardin d'en bas" de Saint Sauveur en Pusaye ) aux allées du Palais Royal qui s'étendait sous ses fenêtres de la fin de sa vie. En passant par Rozven, La Franche Comté, la Provence avec le joli jardin de "la treille muscate" et bien sûr la Corrèze. On y suit ses découvertes, ses enthousiasmes, ses sensations botaniques, sa communion avec la nature. On découvre les plantes et les fleurs qu'elle a chantées si joliment car c'est une vraie promenade littéraire qu'on suit dans ces jardins savamment aménagés.
Car l'idée est de faire mettre en scène ces régions par leur représentation végétale. Un labyrinthe d'osiers en forme de papillon permet de se perdre (nous sommes arrivés trop tard pour pouvoir le parcourir), le jardin potager regorge de légumes appétissants (avez-vous vu ces étonnantes tomates bleues ? dont le goût est tout à fait banal mais l'allure fort sésuisante !), on suit les grèves bretonnes en pensant à Missy. En un mot l'idée est charmante et le parc floral de Varetz, inauguré à l'occasion de la 26ème foire du livre de Brive de 2007 et ouvert au public en juillet 2008, commence à s'étoffer et à prendre forme. Les perspectives commencent à s'affirmer, et des dizaines de petits détails rendent la visite plus savoureuse. On part d'un "concept" (encore un !!) qui peut paraître théorique, voire artificiel, mais l'hommage est sensible, et il fait bon s'y promener en écoutant des textes de Colette. Même si la voix qui les dit est un peu "sucrée", les mots sont là, immuablement évocateurs. L'autre trouvaille de cet espace est de croiser, de-ci, de-là, des citations des pages préférées de Colette tirées de ses lectures de jeunesse : Daudet, Mérimée, Labiche, Balzac…
Une jolie idée de balade aux environs de Brive. D'autant que l'accueil y est fort chaleureux.
"Les murs pétillent de lézards et sont blonds d'abeilles…" Quelle belle écriture !
RépondreSupprimerBel hôtel mais qui "se la joue un peu" semble-t-il. Tarifs genre Nouveaux Riches. Le restaurant a l'air moins emprunté et, à voir la carte, je m'y calerai bien les pieds sous la table.
Les tomates: j'ai essayé cette année quelques variétés remarquables par la couleur ou la forme des fruits (ou le poids, supérieur parfois à 900g). Joli à l'oeil, mais plat sous la langue...
PS: je reviens à Tapiès (j'arrive de Barcelone). On peut passer son chemin devant la Fundation: moins de 35 toiles à voir ! (expo Joan Miro superbe par contre).
Ah oui Roberto, Colette ça fait mouche à chaque fois !
RépondreSupprimerBarcelone veinard cela devait être agréable avec l'été indien... et les Miro ! Tomates j'ai craqué pour ces noires mais le goût n'avait rien de remarquable, juste très belles !!!
Merci Michelaise de nous avoir transporté dans le monde de Colette, un parcours que j´aimerai.
RépondreSupprimerune belle idée, à l'heure où sa maison vient d'être "sauvée" je découvre un jardin
RépondreSupprimerColette les fleurs, le jardin, un thème très attirant pour celle qui a si bien su en parler
Bonjour, Michelaise.
RépondreSupprimerTon billet est passionnant. J'aime tant Colette...et sa vie tumultueuse.
Elle écrivit " Le blé en herbe" dans une villa surplombant une plage à quelques kilomètres de Dinard.
Nous y allons souvent comme on va à un pèlerinage.
Merci beaucoup.
Bonne journée
Toujours intéressant d'aller sur les traces de Colette ! Merci pour cette balade que j'avais vue sur un autre bloc (le château) et surtout le jardin, je retiens ! Merci !
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