vendredi 8 juin 2012

C'EST PARTI !!


Je vous en reparle chaque année régulièrement car c'est un rendez-vous qui rythme notre été et, au risque de redite, je tenais à saluer l'ouverture du 24 ème Festival des Jeudis Musicaux *: du 7 juin au 27 septembre 2012, 31 églises, 31 concerts, une programmation riche et variée, beaucoup de musique de chambre, et un panel d'artistes connus, reconnus ou à découvrir. Parmi les premiers, le Quatuor Voce, Claire Désert, Europa Galante, le Quatuor Modigliani, le Quatuor Renoir, le Trio Georges Sand... je ne peux pas tous les citer (voir le programme détaillé) ... et parmi eux, ce soir, le Quatuor Zemlinsky !
Nous avions assisté à leur victoire à Bordeaux il y a deux ans, une victoire méritée même si, celle année-là, la concurrence était rude. Puis étions retournés les écouter au Grand Théâtre de Bordeaux l'année suivante, un peu déçus par leur prestation mais ce n'était pas de leur faute : le public était agité, infernal, applaudissait à tout rompre à chaque silence, entre tous les mouvements et ils avaient été très déconcentrés. Leur envie de jouer s'était amenuisée au fil du concert et à la fin, ils avaient juste terminé leur prestation, sans autre forme de procès, ce qu'on comprend aisément : que faire devant un tel public ?


Hier soir, à Mortagne sur Gironde, au contraire, ils étaient très impliqués, très concentrés. Un programme à leur convenance (à Bordeaux c'était un programme "tout public"), dédié aux musiques tchèques : Zemlinsky, Smetana, Joseph Suk et, bien sûr, Dvorak, leur musicien de cœur dont ils ont enregistré l'intégrale des quatuors en 2007. Seule exception à ce florilège, le mouvement isolé du Quartertsatz en ut mineur, D.703, 12ème quatuor de Schubert que ce dernier laissa inachevé. On en connait tous l'Allegro Assai, mais de l'Andante qui ne comporte qu'une quarantaine de mesures, nous n'avons guère l'occasion de l'entendre. Même le Guide de la Musique de Chambre de Tranchefort (Fayard) n'en parle pas** ! Le quatuor Zemlinsky avait choisi de nous offrir ces 2mn30 pour nous inédites, et ils se sont, en se retirant l'un après, au fur et à mesure que leur partition s'arrêtait, taillé un beau succès. Une entrée en matière qui fait regretter que Schubert ait abandonné son 12ème quatuor : 1820, l'année de sa composition, fut pour lui une année sombre entre toutes, au cours de laquelle aucune œuvre entreprise ne fut menée à terme.
Leur interprétation était, de fait, très sensible, imprégnée de cette culture qui est la leur et qu'ils nous ont fait partager avec un grand enthousiasme, palpable, une technicité jamais prise en défaut et un talent réel. Leur sonorité, délicate et subtile dans certains mouvements d'une grande richesse musicale, sait se faire orchestrale et puissante quand la partition le requiert. Comme dans cette transcription pour quatuor, écrite par l'altiste, d'un air de la "Fiancée vendue" de Smetana, qui a emporté l'adhésion unanime du public !


Et Honegger dans tout ça ??? mais pourquoi nous parle-t-elle de Honegger Michelaise ? Une nouvelle passion sans doute. Que nenni... c'est un challenge que m'a proposé Blandine :
"Là, j'ai quelques recherches à faire mais pas le temps en semaine, dimanche la bibliothèque qui va bien est fermée donc reste samedi si je n'ai rien de plus urgent à faire d'ici là ... Tiens, d'ailleurs, si tu as envie de me faire un topo d'ici dimanche (histoire de me laisser le temps d'ingérer cela avant mon cours) sur Honegger, sa vie son oeuvre et surtout son concerto pour violoncelle : reconnaissance éternelle !!! ;-)"
 ... et, après tout c'est aussi cela les blogs, j'ai décidé de l'aider un peu !
- Y a une lectrice qui me demande si je peux l'aider à faire un truc sur Honegger... tu as des idées ?
- Ben Arthur... c'est un suisse (NDLR : presque, mais né au Hâvre !)...
- Oui, et encore ?
- Le Roi David
- C'est quoi exactement ?
- Ben un Oratorio (NDLR : un psaume symphonie), toutes les chorales le chantent...
- Oups, j'ai jamais chanté ça (NDLR : faut dire que je n'ai pas fait partie d'une chorale bien longtemps)... Jeanne au Bûcher aussi ...
- Pacific 251 ou 321 ou un numéro quelconque (NDLR 231 !!)
- Quelles dates à ton avis, il me semble mort dans les années 50 (NDLR en 1955 exactement)
- Oui, en gros, un contemporain de Poulenc, il doit être né à la fin du XIXème (NDLR : bravo Alter, en 1892)
- Bon, c'est tout ?
- Oui, je ne vois pas trop...
Bon, nous ne sommes pas trop avancés et cette pauvre Blandine va en être pour ses frais ! Alors méthode habituelle "Google"...



FIN DE L'ARTICLE pour les autres

Pour Blandine donc, quelques liens triés pour elle, qui pourront peut-être lui rendre service (à moins que vous n'ayez aussi un travail à faire sur Honegger, la suite de l'article risque de vous paraître un peu rébarbative !) :
Sa vie, rapidement résumée mais très claire et le catalogue détaillé de ses oeuvres sur Musicologie.org
La notice de Larousse est, elle aussi, intéressante
On trouve enfin une notice détaillée sur Wikipedia, mais certains jugent que la source n'est pas toujours assez fiable.
Sur un site en anglais (mais il existe des traducteurs n'est-ce pas ?) vie et oeuvre du compositeur. C'est de là que viennent mes photos !
Mais surtout, un site Honegger est disponible et, si j'en juge par mes intrusions sur ses différentes pages, il est très exhaustif : biographie du musicien et de ses comteporains, catalogue des oeuvres, Extraits musicaux une Discographie sélective, la page des Sites complémentaires permettant d'aller plus loin dans les sources et la recherche.
En 2005, on fêta le 50ème anniversaire de sa mort, par une série de concerts et de manifestations dont la liste détaillée est donnée sur Culture.gouv. A cette occasion, fut joué le concerto pour violoncelle :
"16 mars 2005 Honegger, Pacific 231 et Concerto pour violoncelle et orchestre, par l’Orchestre national de France, direction Yoel Levi, Jérôme Pernoo, violoncelle. Radio-France, salle Olivier Messiaen." J'ai cherché sur le site de Jérôme Pernoo (un site que je vous recommande !) pour voir s'il y était question de ce concert mais pas de fonction recherche sur le site, donc pas moyen de trouver, parmi ses nombreuses chroniques aux noms parfois en jeux de mots, celle qui cacherait Honegger !
Ce 50ème anniversaire est traité en détail sur la page du site Honegger.
Quant à son concerto pour violoncelle, je n'ai pas trouvé grand chose :
Sur Qobuz : " Le chant plus délié de son Concerto pour violoncelle de 1929, destiné au soliste Maurice Maréchal — qui en donna la première à Boston, sous la baguette de Serge Koussevitzky —, renoue avec le style plus léger du Concertino pour piano, écrit cinq ans plus tôt".
A propos du disque enregistré par Christian Poltéra :
"Composé en 1929 et créé par Maurice Maréchal et l’orchestre symphonique de Boston sous la baguette de Serge Koussevitsky, le Concerto pour violoncelle est un petit bijou d’un quart d’heure de musique. Moulé dans les trois mouvements traditionnels, cette partition au ton rapsodique respire le lyrisme alors que les vents et les cuivres se déhanchent sur de subtiles réminiscences du Stravinsky de Petrouchka et même de jazz ou de blues. L’humour, la légèreté, la finesse sont les maîtres mots de cette musique des sphères si entrainantes et tellement «années 1920 ». Cette version rejoint sans peine les disques de Paul Tortelier (EMI) et Mstislav Rostropovitch (Erato)."


A propos de l'interprétation par Rostro : " Dans Schelomo de Bloch et le plus rare Concerto pour violoncelle de Honegger, le soliste défend chaque phrase avec une soif sidérante. La prise de risques est permanente." Sur le site de Jérôme Pernoo, pas moins de 5 heures d'émission sur Rostropovitch enregistrées en 2008 à l'occasion du premier anniversaire de sa mort.
Sur Hypérion enfin :
"Toujours en 1929, juste après Amphion, Honegger écrivit son Concerto pour violoncelle pour le célèbre violoncelliste Maurice Maréchal, qui le créa à Boston, en février 1930 (avec le Boston Symphony Orchestra placé sous la baguette de Serge Koussevitsky), avant de l’enregistrer avec la Société des concerts du Conservatoire de Paris dirigée par le compositeur en personne. À l’encontre de Horace victorieux, voire du Prélude, Fugue et Postlude, ce concerto est une œuvre affable, suavement lyrique (pour ne pas dire urbaine), avec un évident mélange de jazz — peut-être motivé par l’idée de la première américaine. Mais il a, lui aussi, sa part d’ombre et d’énigme; l’ouverture Andante du premier mouvement a cependant l’air innocent, comme une chanson: ses harmonies bluesy rappellent Gershwin (qu’Honegger connaissait et admirait), même si la nostalgique ligne mélodique du violoncelle semble avoir un accent français.
Un brusque passage à une activité contrapuntique dure et affairée fait un efficace contraste et les deux éléments coexistent tout au long du mouvement, un peu comme si un mélancolique soliloque était constamment interrompu par le bruit du trafic de la ville, dehors, dans les rues. Mais c’est la chanson lyrique du violoncelle qui a le dernier mot. Ce lyrisme devient nostalgie et même amertume dans le mouvement lent Lento, où la voix du violoncelle paraît sombre, comme si elle protestait contre des insinuations de marche funèbre aux cordes et contre des sonorités urbaines isolées, aux cuivres et aux bois. Un récitatif violoncellistique fervent et virtuose provoque un accès de colère orchestrale avant qu’une délicate et dansante idée d’ostinato n’apparaisse aux bois, pour devenir l’accompagnement de la rêverie violoncellistique.
Honegger laissa la cadenza d’avant le finale à Maréchal, qui en fit un morceau démonstratif brillamment efficace exploitant des aspects de la technique violoncellistique (notamment de majestueuses triples et quadruples cordes) fort délaissés par ailleurs. Cette cadenza s’accélère jusqu’au premier thème trépignant, tapageur, du finale — un rondo ombrageusement énergique, à l’humour effervescent et au rythme syncopé. On retrouve bien là l’ancien membre des Six. L’épisode principal dresse la suave cantilène du violoncelle contre de turbulentes exclamations jazzy et des solos aux vents (cet effet anticipe fortement un passage du finale du Concerto pour piano en sol majeur de Ravel, légèrement postérieur à celui de Honegger). Dans le réjouissant mélange de sons et de rythmes de danse qui marque les dernières étapes du finale, un hilare solo de tuba se fait entendre en contrepoint du violoncelle. Au moment même où la drôlerie est au summum de sa rapidité et de son déchaînement, le blues nonchalant du début du concerto est rappelé pour un dernier instant de lyrisme langoureux avant la débâcle dissolue des mesures conclusives."



Le concerto joué par l'Orchestre National de l'ORTF ; soliste : André Navarra
 18 mn 44 s



* Un Festival qui a lieu grâce au soutien de la CARA (Commaunuté d'Agglomération Royan Atlantique) et qui offre une telle qualité grâce aux choix judicieux et au talent de programmateur de Yann le Calvé, son directeur artistique (directeur par ailleurs de l'école de musique de Royan, particulièrement dynamique)

** Par contre le Blog d'Antiochus le présente de façon détaillée

7 commentaires:

  1. Tu vas avoir un joli programme dans la région.
    Ne serait-ce qu'à Fontdouce Jordi Savall , Jean-Philippe Collard ,Vanessa Wagner (Piano),Guillaume Coppola
    Je pense que j'irai écouter le Quatuor Zemlinsky à Mortagne au Perche en juillet ce n'est pas très loin d'ici

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    1. Ah oui, Fontdouce est déjà acheté !! J'espère que les Zemlinsky seront en forme ce soir-là car ils sont sensibles à l'ambiance !!!

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  2. Chez nous, la fête de la musique se tiendra le 21 juin. Avec les orchestres * classiques * ; haute école de musique et conservatoire de Lausanne, orchestre de chambre de Lausanne. Plutôt des ensembles locaux qui parfois, se sont fait connaître au delà de nos frontières. mais, il y aura aussi ... des chansons, du folk des choeurs, des cuivres, de l'électronique, de la groove, du hip-hop, du rock, de la pop, de la musique world. De quoi en perdre la tête. Impossible de tout *entendre *.
    Dans toute la ville de Lausanne l'on pourra entendre des gammes : depuis les places en passant par les église, les musées, même une galerie marchande... Même dans le hall du CHUV.

    Va falloir choisir, pas une mince affaire.

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    1. Toujours une grande soirée, la fête de la musique Béatrice

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  3. Nous nous y croiserons sûrement!

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  4. Tout est imprimé! Tu me sauves la mise, la bibliothèque du CNR s'avérant être ouverte du lundi au vendredi entre 13 heures et 18 heures - adultes amateurs et/ou mélomanes, posez une RTT!
    C'est fou comme la version Navarra change de celle de Rostro, la seule que j'ai jamais entendue.

    Vas-tu profiter de ce festival pour aller écouter les Voce?

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