Nous en étions là (au palazzo Bellomo) de nos investigations syracusaines, tout étourdis par l'Antonello, et bien décidés à admirer le Caravage, pas trouvé à Sainte Lucie. Vous nous auriez vus, avançant prudemment dans le musée, prêts à chaque détour de salle à tomber en extase, et enfilant avec ardeur et sérieux des toiles pas toutes forcément affriolantes, des Minniti inégaux (le modèle puis ami sicilien du Caravage), des XVIIème, puis XVIIIème, et toujours rien. Il fallait bien se rendre à l'évidence, le Caravage n'avait pas regagné ses pénates.
De fait, il est conservé dans une autre chapelle Sainte Lucie, située piazza Duomo, et bien sûr, fermée. Cela nous valut une visite de Syracuse très détaillée car l'office de tourisme, consulté, nous déclara que cette fermeture était anormale et que cela allait ouvrir vraisemblablement sous peu. Il n'en était rien et le soir, nous connaissions chaque revoin d'Ortigia par cœur, mais pour le Caravage, il fallait revenir le lendemain.
Là encore, allez savoir pourquoi, alors que nous n'avions pas croisé âme qui vive devant l'Antonello, les ragazzi en furie, manifestement mieux informés que nous, étaient au rendez-vous. La chapelle ne désemplissait pas, envahie de groupes scolaires dont les enseignants épuisés s'affalaient avec leurs troupes quelques instants sur les chaises accueillantes du lieu, avant de repartir courageusement à l'assaut de quelqu'autre site. Les gamins, alignés sur les bancs, en profitaient pour taper quelques sms, sortir leur game boy ou s'embrasser furtivement, et tous repartaient sans avoir regardé ce vieux tableau sombre qui, pourtant, reste l'étape obligée de tout voyage à vocation pédagogique.
Mais nous avons tout de même pu contempler à loisir cette grande toile de Caravage peinte en très peu de temps par Merisi alors qu'il venait de débarquer à Syracuse après sa fuite de Malte en octobre 1608. La toile, commandée pour la fête de la sainte, le 13 décembre, était prête pour les célébrations de la même année, et Michelangelo déjà reparti vers Messina. Une exécution rapide avec d'amples espaces monochromes, une scène simplifié à l'extrême, une dramatisation puissante marquent cette peinture dont l'épouvantable état de conservation ne simplifie pas la lecture.
Mais nous avons tout de même pu contempler à loisir cette grande toile de Caravage peinte en très peu de temps par Merisi alors qu'il venait de débarquer à Syracuse après sa fuite de Malte en octobre 1608. La toile, commandée pour la fête de la sainte, le 13 décembre, était prête pour les célébrations de la même année, et Michelangelo déjà reparti vers Messina. Une exécution rapide avec d'amples espaces monochromes, une scène simplifié à l'extrême, une dramatisation puissante marquent cette peinture dont l'épouvantable état de conservation ne simplifie pas la lecture.
Malheureusement moins bien traitée que l'Annonciation d'Antonello, elle fut carrément repeinte en 1821 par un certain Politi, qui croyait sans doute bien faire. En 1896, il fallut rentoiler l’œuvre, moisie et abîmée par l'humidité des murs sur lesquels elle était exposée. En 1921, Venuti commença à éliminer certains repeints XIXème, mais dut s'arrêter bien vite en se heurtant à l'extrême fragilité du support. C'est dans cet état assez délabré qu'elle parvint au fameux Cesare Brandi, le directeur de l'Institut central de restauration de Rome auquel on doit la prudence de n'avoir point touché à l'Antonello. Là encore, il préféra s'abstenir et ce n'est qu'en 1972-79, après une tentative de vol qui fit réaliser aux responsables qu'ils avaient là un chef d’œuvre, qu'on prit les choses en main.
On supprima les interventions de Politi chaque fois que cela ne mettait pas en péril l’œuvre originale. Certaines parties, trop fragiles, ont dû être conservées, comme la tête de profil à côté du personnage central ou le bas du visage de l'évêque. L’œuvre fut de nouveau entièrement rentoilée, on réalisa des radiographies pour mieux la comprendre et, à cette occasion, on découvrit deux repentirs sur le pastoral de l'évêque et sur le cou de la Sainte. La restauration, en remettant au jour l'unité stylistique de certaines parties, permit de supposer que Caravage se fit aider par un collaborateur pour la réalisation de la toile. Peut-être par Minniti qui, revenu en Sicile après sa "folle" jeunesse romaine, y avait établi un atelier réputé produisant des commandes
religieuses avec une douzaine de collaborateurs et était
devenu un homme d'affaires local respecté. Il accueillit Caravage à son arrivée à Syracuse et c'est lui qui lui procura la commande de cet enterrement de Sainte Lucie.
VISITE D'ORTIGIA
Encore un billet qui me donne envie de m'envoler pour la Sicile !!!!
RépondreSupprimerCe sera, je pense une de nos prochaines destination s sur les traces des Hauteville !
Ah voilà qui est intéressant Enitram comme fil de voyage, je vais te suivre !!!
SupprimerMais dis moi de mémoire les photos du Caravage dans cette chapelle sont interdites non?
RépondreSupprimerBon moi c'est le sol que j'ai photographié en cachette!!!
Oh non, je ne triche jamais, je suis terriblement obéissante (la peur de me faire sauter dessus, ce qui ne rate pas, même si je suis, pour de vrai, en train de photographier mes pieds !)... en général mes photos de peinture proviennent de photos de livres ou de catalogues que j'ai dument payés et dont il me semble, peut-être à tort, que j'ai le droit de les photographier, d'autres photographient bien leur jardin !!
SupprimerTes billets sur la Sicile me donnent très envie d´y aller, moi qui adore le baroque, je rêve, mais j´irai bien un jour.
RépondreSupprimerBonsoir Michelaise.
Mais bien sûr que tu iras bientôt Alba, les low cost permettent ce genre d'évasion sans vider le compte en banque, surtout si on peut le faire à des saisons moins touristiques !!
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