mercredi 26 décembre 2012

ROME ROMANE

Rome, une "coupe" dans le temps !!
Comme ici la superposition qui s'offre au spectateur ébahi, d'une tour médiévale (la Torre delle Milizie construite par le pape Grégoire IX (1227-1241) au-dessus du grand hémicycle des marchés de Trajan


Rome est avant tout... romaine. C'est un euphémisme de le dire, et tant d'autres l'ont célébrée avant moi pour ses ruines et vestiges antiques qui ont fait les délices des peintres et autres amateurs d'art depuis des siècles. Vedette du "Grand Tour", les élites culturelles et intellectuelles anglaises, néerlandaises, françaises et de toute l'Europe, ne l'auraient oubliée sous aucune prétexte. Venant accomplir en Italie l'étape ultime de perfectionnement de leur éducation, elles étaient assurées de trouver à Rome les sources mêmes de la culture classique qui les avait nourris. Souvent ces jeunes gens, parfois accompagnés d’artistes, faisaient l’acquisition d’objets antiques ou de quelques œuvres d’art qu’ils ramenaient chez eux, en souvenir de ce voyage initiatique, pour distraire l’ennui provoqué par les brumes du Nord, et entretenir le souvenir des paysages ensoleillés d’Italie.



D'autres, les artistes eux-mêmes, architectes mais aussi peintres et sculpteurs, y puisaient leur inspiration future en ramenant une vision poétique et mélancolique du Forum romain, ce « campo vaccino » qu'ils aimaient tant. De Dürer à Poussin, de Corot à Turner, de Haëndel à Mendelssohn et à Dusapin, de Montaigne à Greeneway, c'est un caléidoscope d’images, d'idées, de pensées, de constructions, de théories et de multiples créations qui reposent sur quelques monuments incontournables de l'étape romaine. Rubens, Paul Brill, Charles Le Brun, Simon Vouet, Hubert Robert, tous noircissaient feuillet après feuillet leurs albums de dessins d’après l’antique, ravis de se frotter aux modèles anciens et aux maîtres des siècles précédents. « On peut connaître la belle nature partout, l’Antique seul à Rome », disait le Bernin.
Rome est aussi baroque, on le doit à la Contre-Réforme et à la farouche volonté de l’Église catholique romaine de restaurer, puis d'instrumentaliser par une esthétique déclarative, son prestige et sa conception d'un renouveau spirituel que la Réforme avait rendu inéluctable. Les différentes expressions artistiques et la reconquête du tissu urbanistique deviennent de véritables outils spirituels et matériels pour amorcer une forte renaissance religieuse.


Mais, on l'oublie parfois, Rome est aussi romane ! Il suffit de lever le nez pour s'en rendre compte. Certes, les édifices romans ont, souvent, été remaniés, relookés, rhabillés et parfois même remplacés aux XVIème et XVIIème pour la plus grande gloire des pontifes, qui s'activaient à réagir contre le protestantisme par une magnificence ne s’accommodant plus guère des formes médiévales, trop sobres et parfois en piteux état. Mais il reste du Moyen Âge beaucoup de témoignages, dont les clochers épargnés de nombreuses églises, refaites durant les siècles ultérieurs, sont les symboles les plus remarquables. Souvent c'est le seul vestige roman qui soit encore visible, mais on a l'impression que la science et l'habileté des constructeurs médiévaux ont tellement impressionné leurs successeurs que les architectes et les commanditaires des siècles suivants n'ont pas voulu détruire ces beaux campaniles, qui dressent encore fièrement leurs arcades aux élégantes colonnes en tous points de la ville.


18 commentaires:

  1. cette vision des strates de Rome du marché Trajan est je crois une des premières que j'ai eu de Rome, et vraiment représentative de cette ville merveilleuse!

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    1. Elle est, en effet, très évocatrice et une vraie leçon d'histoire !

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  2. Merci pour cet hommage romain qui ravive bien des souvenirs agréables!

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    1. Et donne envie d'y aller faire un petit saut n'est-ce pas Anne ?

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  3. Tu nous offres un très beau "florilège" des campaniles de la ville éternelle et de très intéressantes explications.
    Belle journée.

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    1. C'est vrai qu'en marchant le nez en l'air, on égrène ces campaniles qui sont souvent les seules "vraies" traces romanes d'églises reconstruites au XVIème ou plus tard

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  4. Après cet hommage vibrant à la Rome romaine et romane, à quand un hommage à la Rome bar(t)o(les)que, en pendant à celui de la Rome baroque? Car Rome est aussi, ne l'oublions pas, la ville qui a vu la naissance de la petite Cecilia, laquelle fera son retour dans sa ville natale le 8 avril prochain! J'en profiterai alors pour marcher sur tes pas et revoir tous ces admirables campaniles romains! Merci pour cette piqûre de rappel!

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    1. Oh GF, je t'avoue qu'il me tarde de savoir comment les romains vont honorer "leur" vedette, "leur" diva ! j'espère qu'ils seront à la hauteur de l'événement ... et toi, tu pourras en profiter pour aller voir l'expo Titien au Quirinal !!

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    2. Une expo Titien! Mon peintre préféré! Mais je ne savais pas! Merci du tuyau. S'agissant des Romains, je n'ai pas de doute qu'ils seront un peu plus dignes que les Milanais qui l'ont tristement sifflée au début du mois pour son retour à la Scala!

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    3. Elle commence le 1er mars et elle a lieu aux Scuderie del Quirinale et tu peux être certain que ce sera un vrai événement !!! les expositions des Scuderie sont toujours impeccables et très calmes !!! Ne pas oublier de s'arrêter dans le petit café de l'exposition pour un repos fort agréable avec une jolie vue sur la place du Quirinal.
      J'avais entendu parler de l'attitude pédante et stupide des milanais !! espérons que les romains seront plus malins...

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  5. Je n'avais jamais remarqué ces campaniles. Je lèverai davantage le nez à ma prochaine visite au risque de passer pour la pire des snobs...

    Quant à ta première légende, voilà une chose qui me mystifie depuis des années. J'ai une photographie, prise de l'intérieur du Forum romain, qui montre l'étagement du Forum, de l'église dont j'oublie le nom sous laquelle se trouve, selon la légende, la prison de Saint Pierre, et l'arrière du monument à Victor-Emmanuel III.

    Ce que je n'arrive pas à comprendre, c'est «l'enfoncement» progressif et apparent de la ville puisqu'en réalité, c'est plutôt l'élévation progressive de son niveau qui donne cette impression.

    Une jeune archéologue m'avait dit que l'on trouvait dans les textes des indications qui déterminaient que le niveau de la ville était maintenant à telle hauteur. Je t'avoue que cela ne m'a pas beaucoup éclairée. Qu'une ville comme Pompéi disparaisse puis soit redécouverte des siècles, plus tard, je veux bien : il y a une explication précise à ce phénomène. Mais il n'y a jamais eu quelque chose d'approchant à Rome, et cette ville n'a jamais cessé d'être habitée...

    Si tes lectures peuvent éclairer ma pauvre lanterne, je t'en saurais gré!

    On se reparle pour la nouvelle année...

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    1. Mais en fait, on a réutilisé, les fondations ou même les habitations ou les lieux et on a construit "dessus", d'où ces empilements fort évocateurs ! On a aussi ce genre de phénomène en France, à plus modeste échelle, on "lit" la topographie ancienne simplement aux formes laissées par les ruines sur lesquelles les nouvelles constructions se sont appuyées. C'est très évocateur n'est-ce pas ? Bon, donc le programme de la prochaine virée romaine c'est "nez en l'air" !!

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    2. C'est vrai pour des bâtiments comme le teatro di Marcello, mais, quand tu regardes la Curie et que tu vois les traces laissées par le niveau auquel arrivait la terre, c'est cela que je ne comprends pas : comment ces lieux ont-ils pu être ensevelis?

      Je ne suis pas certaine de comprendre : tu veux dire que sous une petite colline sur laquelle on a construit une maison, par exemple, se trouvait autrefois un bâtiment plus ancien?

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  6. Un petit tour à Rome, ça ne fait pas de mal !!!
    La Rome romane !!! Bien sûr !!!

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    1. Moins célébrée que la Rome baroque, mais tout aussi présente

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  7. Bien aimé ton billet, merci de nous envoyer ton regard. Je n´oublierai pas si je retourne à Rome.

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    1. N'oublie pas ALba, mais ne te casse pas le nez en regardant en l'air !!

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  8. J'ai toujours eu un faible pour le roman, un très gros faible même qui s'appelle "préférence".
    Ton billet et tes photos me séduisent donc particulièrement.Et je lèverai moi aussi le nez si j'ai la chance d'aller prochainement à Rome.

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