Si loin, si proche cet Ouest, le nôtre, celui dont nous sommes les humbles gardiens parfois émerveillés... celui dont Fanny Brucker parle avec tant de sensibilité dans son premier roman "Far Ouest".
L'histoire a commencé, comme il se doit, grâce à Madeleine, enfin plutôt Pascal qui avait vu que la bibliothèque de Saint Georges proposait aujourd'hui un "goûter littéraire". Le samedi Pascal, comme Michel travaille, et il a suggéré à sa femme d'y aller avec moi.
Nous voilà parties, pleines d'entrain, un peu à la bourre, et nous fonçons vers la première porte ouverte. On nous accueille à bras ouverts, on nous donne deux tickets, que je mets dans ma bouche pour chercher un peu de monnaie au fond de mon profond sac. Un jeune homme vendait un programme et présentait à la générosité des spectateurs une petite corbeille... Je fouille, je farfouille, je trifouille et près de moi Madeleine sautille et déclare au jeune homme : "vous êtes le plagiste ?"... Il ne comprend pas trop, elle ajoute "ben oui, vous êtes pieds nus". "C'est pour spectacle"... le spectacle ? quel spectacle ??? "Et bien la comédie musicale que vous venez voir". Aïe, on s'est trompées de porte ! Et il m'a fallu rendre mes deux tickets baveux avant de repartir en pouffant, laissant derrière nous des acteurs un peu médusés et vaguement vexés. Dans le centre, pourtant juste au-dessus de la biblitohèque, personne ne peut nous renseigner.
En fait, c'était logique, le "goûter littéraire" se tenait dans la bibliothèque elle-même, et nous arrivons à temps pour le thé, le café et les petits gâteaux. L'auteure, joli regard de mer rieur, nous accueille avec simplicité et gentillesse. Elle vient, comme il se doit, d'un lointain passé parisien abandonné pour cause de souvenirs d'été sur l'Atlantique, bouffées d'envie de fuir la grisaille qui l'ont propulsée sur la côte. Elle a même eu la chance d'y trouver du travail, palefrenière comme son héroïne, et elle écrivait tout en pansant ses chevaux. Jusqu'au jour où elle a perdu son job et décidé de peaufiner un vrai roman. C'était sa 4ème tentative de publication, et ce fut la bonne. Elle a eu de la chance de plaire à une directrice de Lattès qui connaissait, pour cause de vacances enfantines, l'île d'Aix. Certes elle n'avait jamais mis les pieds en Charente-Maritime, mais le ton du roman et ses évocations en demi-teintes du marais de la Seudre, l'ont séduite.
C'est, autour de Sixtine l'héroïne, l'histoire entrecroisée du chien Dalton, recueilli comme on se jette à l'eau contre la solitude et de sa sœur américaine, Jeanne, qui bat la campagne sans trop savoir ce qu'elle cherche en un road movie titubant et décalé. Autour de cette succession de chassé-croisés dans le temps et dans l'espace, se tisse une intrigue attachante, dont la fin m'a un peu déçue, mais qui dépeint avec minutie, une certaine dose d'humour et une langue bien travaillée, une éternelle adolescente exilée dans un paysage apparemment hostile et pourtant si proche.
Fanny Brucker nous a lu quelques extraits de son livre, raconté avec beaucoup d'humour la vie d'une toute jeune auteure, de salons en manifestations littéraires, toutes très parisiennes et fort prévisibles. Et, histoire de bien nous prouver qu'elle n'avait pas de nègre (elle, au moins ! car il semble que ce soit la pratique la plus couramment répandue en matière de publication par les temps qui courent), Fanny nous a cité de mémoire des pans entiers de chapitres, retenus à force de les avoir travaillés !
ça ne m'étonne pas de vous 2 ! bon je retiens ce titre...
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