jeudi 8 octobre 2009

SCENE DE JALOUSIE ??

J’ai commencé, et j’ai pas eu envie de continuer.

Mon alter ego est resté, sagement, jusqu’à la fin je crois, ce n'est pas si souvent qu’une émission* est « autorisée » sur notre grand écran… je crois que je suis vaguement ( ??) tyrannique avec l’étrange lucarne ! Toujours en train de pester et de pratiquer une censure sauvage !

Bref, je n’ai pas tenu très longtemps et j’ai préféré aller lire « la vérité sur Marie », le roman de Jean-Philippe Toussaint qui, une fois n’est pas coutume, a presque fait l’unanimité l’autre soir sur le Masque et la Plume. Assez pour m’intriguer en tout cas !

Une écriture du réel, épaisse, apocalyptique parfois, qui brouille les pistes de la vie. Sensation dérangeante et superbe, mots usés jusqu’à la corde qui paraissent nouveaux, et un emboitement d’histoire décousues qui sont si intiment liées qu’on ne sait plus où on en est. Mais on la veut, cette vérité impalpable. C’est vraiment un étonnant récit qui prend le lecteur, et le porte, et le marque. On subit la chaleur écrasante des premières pages, comme une inéluctable fatalité. La scène d’anthologie du cheval égaré sur le tarmac est tellement prégnante qu’on sera presque sûr, d’ici quelques années, de l’avoir vue. Et tout cela s’imbrique comme une tragédie grecque, très moderne. Pas un pastiche, non, vraiment moderne. Bref un moment marquant.

Donc, je disais, je n’ai pas tenu le coup sur Venise. Et je me suis fait ma petite psychothérapie au passage. Pas envie de transformer mes souvenirs, mes impressions, si multiples, si personnelles, si immédiates, en bouillie commune. Je dois être jalouse et fort exclusive finalement. Même s’il y avait à découvrir, je préfère garder une approche un peu illusoire, comme si Venise m’avait livré des secrets que d’aucuns ignorent encore. L’impression que j’ai pu m’éloigner des sentiers balisés, que j’ai déniché des merveilles, remarqué des détails inédits… Cela compte dans le plaisir de la visite cette sensation de d’invention. On aime se sentir pionnier quand on voyage, et avec Venise, la racoleuse, c’est infiniment difficile de recréer cette sensation. On sait confusément qu’on est le milliardième à passer dans cette venelle, à s’extasier sur cette place, à soupirer dans cette ambiance. Mais tout le jeu consiste à tenter de se croire le premier, et l’unique élu(e) de cette catin magnifique.

Je lis pourtant régulièrement Tramezzinimag et j’adore les billets de Lorenzo, mais lui ce n’est pas pareil ! Je lui concède finalement une supériorité indéniable sur le cœur de la belle, il la connait, la pratique et la célèbre avec une telle sensibilité, qu’il a le droit et le devoir de nous la partager. Et ses états de route sont autant de merveilles à savourer quand on est loin !

Note * : il s'agissait, vous l'avez compris, du cursus des Racines et des Ailes consacré hier soir à la Sérénissime

PS mais non, je ne traite pas Lorenzo de mac !! Simplement pour moi, il est l’amoureux idéal, l’intemporel, le premier en quelque sorte et la pureté de ses sentiments lui donne la préséance ! D’autant qu’il est généreux et nous partage ses émotions !!!

Re PS : une autre dont j'aime toujours le regard vénitien, vrai comme un désir comme diraient Lorenzo et Musset, c'est Donna Leon dont l'approche sociologique et affective de la ville me comble. J'aimerais avoir l'oeil et le pas du commissaire Brunetti quand j'arpente les ponts et les calle.

10 commentaires:

  1. J'aimerais moi aussi être le milliardième visiteur de cette ville mythique.
    Encore une fois, tes photos donnent envie d'y être.

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  2. Bravissimo!!!
    Ton billet est un régal et tes photos magnifiques.
    Je n'ai pas regardé Des Racines et des Ailes car j'avais une réunion de travail ,mais de toute façon je pense que je ne l'aurais pas regardé(e).Je dois passer en moyenne trois heures par an devant la télé et les bonnes années!!! Certainement que je passe à côté de certaines choses interessantes.
    Mais là n'est pas le sujet.
    Contrairement à toi peu m'importe d'être la première ou la énième à passer à tel ou tel endroit,car pour moi chaque passage est unique,déjà ne serait-ce que par l'état émotionnel dans lequel on se trouve à un moment donné, il y a des jours où on est plus en forme que d'autres et où l'on ressent les choses différemment,à cela s'ajoute la lumière selon le moment de la journée,et l'ambiance générale.
    Entrer dans une église un jour de grand soleil et avoir la chance que l'organiste soit au clavier n'a rien à voir avec la même église un jour gris et sans fond musical....
    Ayant toujours avec moi un petit carnet sur lequel je griffonne je me rends compte que ce qui était écrit sur un même lieu diffère selon l'environnement.
    Ta deuxième mosaïque exprime bien le ressenti de chacun c'est ta vison à toi de tels endroits de Venise pour la première ou la centième fois,un reflet,deux verres de grenadine(!!!!!!),un regard à travers une vitre.......
    Je suis d'accord avec toi Venise est une catin magnifique,et Lorenzo a beaucoup de talent

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  3. Tu es trop mignonne Astheval et ton enthousiasme me va droit au coeur ! c'est vrai que Venise est une fille facile quand il s'agit de se laisser prendre en photos !!
    Aloïs... tu m'imagines plus vertueuse que je ne suis... de la grenadine, mazette, cela une éternité que je n'en ai bu !! C'est bien sûr du Spritz ! Je te livre la définition puis la recette selon Wiki :
    Le Spritz est un cocktail alcoolisé servi à l'apéritif et largement consommé dans les grandes villes des régions italiennes de la Vénétie et du Frioul-Vénétie julienne.
    Le spritz se compose de vin blanc (du Prosecco pour le haut de gamme), d'eau de Seltz auxquelles viennent s'ajouter un alcool plus ou moins amer comme du Campari (Spritz bitter), de l'Aperol (Spritz dolce) ou plus rarement du Cynar, qui lui donnent respectivement une couleur rouge, orange ou noire ambrée. S'y ajoutent en général une olive et une rondelle de citron, d'orange ou d'orange sanguine. Le dosage et la compositions varient d'un établissement à l'autre, le Spritz peut donc être très peu ou fortement alcoolisé.
    Celui là était pris dans le Ghetto !

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  4. J'ai découvert Venise durant six jours et bien sûr je pense bien y retourner. Tout est tellement juste dans ce que vous écrivez. J'ai trouvé cette émission sans aucun intérêt, je suis " allée" jusqu'à son terme pour accompagner mon fils.

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  5. Et les points d'exclamation pour la grenadine?????
    Qu'as-tu fait du joli bandeau d'accueil?

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  6. Chacun a sa vision des choses, son vécu, ses souvenirs, et ce qui est passionnant dans tout cela, c'est que les sensations sont différentes suivant les sensibilités et les goûts.
    Les réactions des uns et des autres montrent que nous sommes bien entrain de respirer,de regarder, de goûter,de penser, d'un mot de VIVRE, nous sommes en état de marche et cela est irremplaçable, bonté divine!

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  7. Bienvenue Valy, oui Venise est pour nous tous un petit paradis qui doit rester intime !
    Et oui Aloïs, tu n'as plus d'illusion sur la vertu de tempérance chez Michelaise, c'est bien ce que je craignais !! Tu le trouvais joli mon bandeau d'accueil avec une petite mise en abyme ? Je pensais qu'il fallait changer ??
    Idées Heureuses, sapristi, tu as raison et que c'est bon de fonctionner chacun selon nos sensations !!! C'était juste une petite crise dans mon coin !

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  8. Comme beaucoup d'émissions, j'ai trouvé que celle de FR3 survolait son sujet. En revanche, elle a eu le mérite de nous montrer quelques endroits encore inaccessibles au public et de nous apprendre que certains musées, comme la Ca'Pesaro par exemple, avaient trouvé le moyen d'agrandir leur surface d'exposition (excellente motivation pour y retourner). J'envie les artistes qui ont leur atelier sur la Giudecca!
    Anne

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  9. c'est drôle...je suis un peu voire beaucoup comme toi ;))

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  10. Au moins, Chic et Anne, je ne me sens pas trop bizarre ! pas facile de dire bémol quand l'enthousiasme est général !

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