dimanche 13 février 2011

LE SABLIER DE L'AMOUR

Je vous propose, pour avoir demain soir l'âme émue et le regard nostalgique (cela donne du charme), un petit exercice tout simple pour préparer la Saint Valentin : votre premier regard vers lui (ou elle)... Vous pourrez le lui raconter, évoquer, l'air attendri, ce moment unique, ou si vous en avez envie, partager vos souvenirs avec nous : article sur le sujet dans votre blog ou commentaire !!!
C'était un jour de mai 1973. En ce temps-là, on allait réviser les examens sur la plage, l'idée étant qu'à condition d'utiliser les cours comme repose-tête, par une sorte d'infusion automatique, on enregistrait les données essentielles nécessaires pour faire face aux épreuves. Les temps ont bien changé, on trouve que nos enfants n'ont pas l'air de prendre les examens au sérieux et on ne cesse de vilipender les jeunes pour leur manque de courage, leur sérieux approximatif et leur manque de travail. On a un peu vieilli peut-être, car j'ai le sentiment qu'ils bossent ces gamins, même si ce n'est pas toujours très efficace... et on se la joue à la  Saint Augustin, (comme ça y en n'a pas que pour Valentin aujourd'hui !!) le mythe récurrent d'un âge d'or perdu, l'idée d'une décadence et de la perte des vraies valeurs...
Donc, étant fort insouciants et peu préoccupés de moisir derrière nos polycopiés (on appelait ainsi les mauvais tirages d'écrits fort indigestes que les profs de fac nous vendaient à prix d'or, ça sentait l'encre et la rotative à bon marché, cela tenait plus du papier buvard que du velin, mais c'était incontournable ), nous allions "sur le Bassin". J'habitais Bordeaux en ces temps fort anciens,  et ce jour-là un couple d'amis vint me chercher pour une virée au Pyla. Je revois ma surprise quand, sortant dans la rue, en lieu et place de leur petite Morgan tout pourrie dans laquelle nous nous entassions avec difficulté, j'aperçus une superbe (oups ??) Dyane dont je vous ai déjà parlé ! Ils avaient amené un copain, et nous allions "faire des photos". Planté à côté de sa voiture, il attendait en faisant les cent pas (il devait se demander à quoi ressemblait la copine annoncée !!), et m'a gentiment ouvert la portière, nos amis s'engouffrant poliment à l'arrière. Ca secouait pas mal cette voiture et, par les routes détournées que nous prîmes, pas d'autoroute à l'époque, le chemin était long jusqu'à la mer.
Je ne sais trop ce qui lui est arrivé au copain en question, mais il a passé la journée à me mitrailler... de face, de profil, d'en haut, d'en bas, de près, de loin. Je trouvais cela amusant de jouer les vedettes, en ce temps-là toujours, y avait pas Star Academy et on mesurait la lumière avec un posemètre ! Enfin moi, car lui, le copain, il avait un super appareil moderne dans lequel il suffisait d'aligner une aiguille et un rond pour s'assurer que vitesse et ouverture de focale étaient au diapason ! Le soir, en quittant les dunes que nous avions escaladées et les baïnes où nous nous étions baignés en jean (on restait pudique !!), il m'a offert un brin de bruyère que... malheureuse ingrate, j'ai oublié au retour dans sa torpédo. Que croyez-vous qu'il fit ensuite, ce jeune homme ? Il m'apporta les photos soigneusement tirées en grand format dans sa salle de bain, dont il avait remplacé la loupiotte par une ampoule rouge. J'étais toute gênée de me voir ainsi sous tous les angles, et de devoir admettre, les photos étaient bonnes, que c'était plutôt réussi. Lors de la sortie suivante, déjeuner dans un quelconque caboulot avec les mêmes amis qui nous chaperonnaient toujours, il s'enhardit à me faire du pied. Il a toujours prétendu qu'il était trop timide pour cela, que j'avais tout inventé, mais je vous assure, j'ai le sentiment qu'il ne savait que faire de ses jambes ce garçon et qu'il était fort agité ! Mais déjà le récit est hors sujet, il ne s'agissait que de raconter le premier instant.
J'aime le souvenir de cette première rencontre, incertaine et ensoleillée, à l'assaut de la plus haute dune d'Europe. Il n'y parait guère vu du ciel, mais quand on l'attaque par le milieu, côté forêt, il est sacrément aride ce tas de sable !! On glisse, on dérape, on patine, on s'enfonce dans les grains brûlants. Et soudain, au sommet, s'offre la pente douce qu'on dévale en riant. Nous y sommes retournés parfois, en amoureux, aux dates anniversaire, avec les filles aussi qui nous suivaient avec l'indulgence attendrie qui sied aux enfants en pareille circonstance. Nous avons même, pour nos 20 ans de rencontre, joué au jeu (cruel mais tellement amusant) des ressemblances : j'avais endossé une tenue identique à celle de 73 et Alter m'a de nouveau flashée sous tous les angles !! Ce qui fait la magie de ce premier instant c'est que l'endroit existe toujours mais qu'il a bougé, tout a changé, les arbres ont disparu sous le sable, les chemins se sont effacés et d'autres sont apparus... Des souvenirs mouvants comme cette immense masse de sable où nous avons joué notre avenir. Et le temps s'y est écoulé comme si, à chaque fois, la rencontre était neuve.

La parole (ou simplement le souvenir, si vous préférez garder pour vous les images qu'évoque ce moment) est à vous !

20 commentaires:

  1. Un bien beau récit, très émouvant !
    Très bonne Saint Valentin pour toi et Alter, Michelaise !

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  2. Tel que je connais Alter je ne crois pas un instant qu'il t'aie fait du pied.
    Tes talents de conteuse te jouent des tours.
    Ce n'est que le début des vacances et déjà tu attaques fort,je crains le pire sous peu!!

    Demain tu sais où je serai,donc la Saint Valentin....
    Mais on se souviendra que c'était en août 79.
    Lui après des années d'absence dans notre région participait AUX tournois de tennis (du Lot),il relevait d'un accident de moto et entrait sur les cours en boitant ,ambidextre il désarçonnait ses adverses qu'il terrassait d'un coup droit meurtrier alors qu'ils attendaient un revers,il changeait sa raquette de main à la rapidité de l'éclair....
    Moi je me faisais quelques sous en tenant le cabinet d'un de mes amis vétérinaire, (avant de commencer un stage de six mois dans une entreprise) lequel était président du tennis ,pendant les congés de sa secrétaire.
    Un jour il y eut une urgence n'arrivant pas à joindre mon ami par radio téléphone je me propulsai jusqu'au tennis en blouse blanche et bottes blanches.
    Mon ami arbitrait celui auquel je devais plus tard dire OUI.
    Je remplaçais donc mon ami .
    Je n'ai pas dû beaucoup troubler le gentilhomme qui a gagné son match et le tournoi!!!
    Je le revoyais quelques jours plus tard chez mon ami lors de la réception de fin de tournoi il ne me reconnut pas sans mon uniforme,mais je lui disais bien quelque chose.
    Moi il m'avait tapé dans l'oeil!!
    Nous nous revîmes plusieurs fois avant son retour à Paris,je lui avais parlé d'un séjour parisien pour salon professionnel,quelle ne fut ma surprise quelques semaines plus tard de le voir m'attendre à l'aéroport!!!
    Le vétérinaire avait renseigné le gentilhomme!!!
    Nous nous mariés un an après

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  3. C'est vraiment très joli ces premiers moments que tu nous contes ici !
    Merci de ce partage Michelaise.
    Bonne St Valentin à vous 2 ♥ !

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  4. Tes souvenirs sont si beaux, si purs qu'il est difficile de reprendre le flambeau...
    Ton Alter photographe était-il barbu à cette époque ?
    Ton sujet est magnifique Michelaise et tes souvenirs si doux font chaud au coeur.
    Je te (je vous) souhaite une très belle et très heureuse St Valentin.

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  5. J'ai toujours recherché, aimé la rencontre. Autant celle passée que celle à venir. Retrouver l'instant, le lieu, l'émotion mais n'étreindre plus que l'impalpable. Parcourir de nouvelles cartes du Tendre, errer sans autre boussole que ces petits cailloux que l'on sème et que l'on retrouvera au retour du chemin. Ce seront parfois nos seules certitudes, aux moments de solitude. Avec parfois les regrets de ne pas avoir su mettre dans son sac un peu moins de cailloux et un peu plus de baisers tendres. Je fouille souvent dans mes vieux agendas, ressort des prénoms, déchiffre des griffures, traque des photos. Que sont-elles devenues celles dont je n'étais pas toujours sûr que leurs battaient aussi ? Le titre de ton billet est très beau. J'ai souri à l'évocation de la Dyane, nostalgie des virées à 15 francs le plein d'ordinaire...
    Mais j'ai jamais, je ne sais pourquoi, cherché à revivre, à revoir, les endroits et les heures où j'ai connu celle avec qui je vis et que j'aime. Sûr de mes racines, incertain de mes errances. Le spleen file comme du sable et l'on retourne le sablier, trop petit...Hélas pas de dune dans ma campagne.

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  6. Oxy, Alter était parfaitement imberbe. Je lui ai demandé, lorsque notre relation est devenue autre qu'une amitié de fac, plus tard, plus tard, de se laisser pousser la moustache, pour me plaire ! Ce qu'il fit de fort bonne grâce. De très nombreuses années après, lors de vacances de Noël alanguies et fénéantes, il a laissé poussé sa barbe, tant et si bien que tous pensent qu'il a toujours été barbu ! Il faut dire qu'elle colle bien au personnage !
    Oui Astheval c'est joli mais n'oublie pas mon "talent de conteuse"... car comme je viens de l'avouer à ta maman, il a fallu plus d'un an pour que cette amitié prenne forme !!! Et pendant cette année-là, j'ai été TRES méchante avec le malheureux Alter !
    Merci Norma, joyeuse saint valentin à vous aussi les marseillais.
    Aloïs, j'adore ton premier regard !! J'aime qu'il t'ait tapé dans l'oeil, mais que ce soit tout de même lui qui ait fait le premier pas. Chuis très planplan !! J'espère que vous l'aurez fêtée par anticipation cette fête des z'amoureux, avant de partir pour le Lot !!
    Roberto, tu as eu une Dyane !! Et on en faisait des kilomètres avec ces 15 francs ! Tes racines et tes certitudes te rendent merveilleusement lyrique ! Passe une belle saint valentin avec l'élue de ton coeur ! Quant aux petits cailloux de ton sac à dos, pense à enfaire du land art !! C'est joli comme fin pour des petits cailloux !

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  7. C'est une belle histoire, c'est un beau roman...
    Belle saint Valentin

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  8. Tu m´as fait passer un bon moment en te lisant.
    Merci Michelaise.

    Belle journée

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  9. Bonjour, Michelaise.
    Mais oui, c'est une question de dunes et de rivages...avec l'attendrissement du souvenir.
    Merci beaucoup.
    Je t'embrasse.

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  10. Ce serait une très longue histoire (3 longues histoires... trois fois sept ans!) à te raconter, mais pour en venir à l'essentiel il me suffit peut-etre de te faire part du fait qu'à la place de la Saint Valentin j'aime bien feter, et d'un air absolument joyeux et satisfait, la Saint Faustin.
    Je trouve que la photo que tu as mise en tete de ce billet est un superbe hommage à ton Alter bien aimé, je vous félicite de tout mon coeur, un abbraccio!

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  11. Belle histoire bien racontée comme toujours ! Je me répète tu devrais écrire un bouquin, si, si, si !!!
    Mon Amoureux et moi, nous nous sommes regardés la première fois, pendant le feu d'artifice de St Malo, c'était en 1967, nous nous sommes mariés en 1970....
    La dune du Pila, nous l'avons escaladée en 2008 ! Un beau souvenir, personne et un paysage à couper le souffle...
    Bonne fête aussi aux amours qui durent!

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  12. Taratata, le mec te mitraille toute la journée et ensuite il égare sa jambe par mégarde sous la table, ben voyons... T'as du être bien "méchante" pour que ça mette un an !
    Belle évocation Michelaise, je me souvenais de la Dyane, j'entends le moteur d'ailleurs, moi à l'époque je draguais en 2CV.
    Belle et flamboyante Saint Valentin à vous deux !

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  13. Pas de Dyane mais une 2 CV ce qui est presque pareil...
    La St Valentin (encore une "fête" devenue commerciale): inconnue autrefois ici (Roquemaure où sont conservées les reliques du Saint n'est qu'à qq km de chez moi). C'est le Commissariat à l'Energie Atomique présent à Marcoule qui a mis cette histoire au goût du jour. Le service de comm du CEA a largement contribué à faire connaître ce Saint et a sponsorisé toutes les manifestations en rapport. Il s'agissait de promouvoir une image valorisante pour une région ( portion du Gard rhodanien) vouée, dans les années 60 à être le fer de lance du nucléaire français. C'est également à Roquemaure qu'a été créé le fameux Minuit Chrétien.
    C'était la page histoire de Roberto, pas très romantique mais très atomique...sourire...

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  14. Et bien je suis incapable de dire quand j'ai retourné le sablier ! C'est en 1961, un peu vague direz-vous, j'étais étudiant à Bordeaux et ma future finissait sa formation de styliste à l'école Lavigne à Paris. Nous avions une distraction commune l'équitation, nous nous croisions au club hippique de Bergerac, à l'exemple des grands fleuves tout a commencé par un petit cours d'eau ! Janvier 1962 départ pour mon service militaire en Algérie, nous nous écrivions quasiment chaque jour. AU retour en juillet 1963 nous avons parlé mariage
    Je me suis d'abord débarrassé d'un bacille tuberculeux ramené d'Algérie et nous nous sommes mariés en avril 1964. C'est pas possible ce sera bientôt les noces d'or !

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  15. Ah Robert, merci mille fois pour ta participation, ce premier regard incertain mais ô combien suivi de constance mérite, en attendant les noces d'or, la palme d'or !

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  16. Ah ces photographes, ils savent y faire !!!!

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  17. Ca y est ! j'ai trouvé...
    Je disais donc que j'avais tout lu, toutes ces histoires sont magnifiques. Pour nous c'était en 71 à la rentrée des classes, premiers regards. Et ensuite l'association sportive du lycée en volley a bien aidé. Nous ne jouons plus au volley, la vie nous inflige quelques épreuves mais on est toujours là et le bouquet qui trône de matin sur ma table prouve, si il en était besoin, que tout va bien.
    Belle journée
    Michèle

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  18. Bienvenue Michèle... Rentrée des classes, dis-moi, le moins qu'on puisse dire c'est que votre ragard était alors juvénile !! Il faudra refaire une petite partie de volley un de ces jours !! Bienvenue au club des "y a longtemps" mais c'est comme si c'était hier !
    Gérard, je sens une remarque de spécialiste ! Y a pas à dire, mais cerner une femme de son objectif, c'est toujours très efficace ! Qu'on se le dise !!!

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  19. Pourra-t-on voir la photo prise par ce monsieur ? mystère !!!!

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  20. "Ma" Saint valentin c'était (oups !) en 70... une histoire à la Peynet puisqu"il" m'a offert ce jour là un coeur en or avec les amoureux de Peynet et moi...un porte clé en argent avec les mêmes personnages nous étions sur la même longueur d'onde !
    Ce mardi un beau cadeau d'amitié de "blog" j'y suis très sensible Dame Michalaise. Cette mise en "mots" si bien illustré de peintures d'un style que j'affectionne met encore plus en valeur les poèmes de Koka;
    Je ne manquerai pas de lui faire part de mes sensations de lectrices.
    Le thème du "printemps de poètes"2011 est :infini paysage, à notre prochaine réunion j'apporte le recueil je sais à l'avance qu'il sera une source.
    Merci aussi pour la carte qui me rappelle un voyage à Florence.
    Mille pensées de Josette

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