vendredi 22 juillet 2011

OFF 2011 : LES AUTRES PIECES


Il y a eu celles dont je voulais parler au plus vite pour les promouvoir, si tant est que quelques éventuels spectateurs passent par Bon Sens et Déraison. Puis le peloton de tête, 5 pièces qui, à elles seules, justifient "notre" Festival 2011.
A côté de cela un bon nombre de spectacles qui sont tout à fait recommandables à qui désire les voir. On y a passé un agréable moment et vous ne prendrez aucun risque en vous y rendant :


Le texte de Montaigne est utilisé à bon escient, sans contresens, l'acteur est à l'aise et la mise en scène est enlevée... peut-être un peu trop : il s'agit de rendre accessible un texte réputé difficile (il n'en est rien tant nous sommes tous les enfants de Montaigne) et l'acteur parfois, nous distrait un peu trop. Et on se surprend à trop le regarder sans plus l'écouter, ce qui est fâcheux !

SPEED DATING
THEATRE ALIZE


Une joyeuse comédie qui vire au drame... bien enlevé, quoiqu'un peu surjoué, le spectacle se laisse voir d'autant que le thème est inhabituel, moitié étude de moeurs, moitié intrigue noire ! Avec un zeste de psychologie.


Fort bien dit, le texte d'Halimi égrène sans nous laisser souffler un instant, des lettres de dénonciation de juifs, de communistes et de francs-maçons durant la seconde guerre mondiale. Les auteurs, connus puisque ce sont des documents d'archives qui nous sont lus, restent anonymes car il serait absurde de dénoncer les rédacteurs de ces missives lamentables. "La véritable horreur dans le mal, c'est ce qui est banal", la phrase introductive met dans l'ambiance de cette prise de conscience douloureuse. J'avoue avoir trouvé la mise en scène un peu agitée mais au total c'est un fort poignant spectacle qui bouleverse et inquiéte : et si nous étions tous des délateurs en puissance ? A noter que, pour éviter de sombrer dans le manichéisme, qui sied mal aux sujets graves, la troupe joue un jour sur deux "Résister c'est exister", qui peint des héros ordinaires et fait, de nouveau, croire en l'homme.


L'interprétation de cette pièce était tout à fait correcte mais le cadre, par ailleurs fort beau, n'était pas très porteur. Jouer une pièce intimiste en extérieur ne facilite pas la tâche des comédiens et leur aisance s'en trouve un peu alourdie. Le texte de Musset est un vrai délice mais perd un peu de son sel, jeté aux vents (il y avait du mistral) et aux bruits de la ville. Par contre, il est très agréable de pouvoir, après le spectacle, visiter le musée Vouland et profiter de la collection Dumon, qui décline pour notre plus grand plaisir une suite d'artistes ayant travaillé en Provence.

ABILIFAÏE LEPONAIX
THEATRE ALIZE
Cette pièce au titre étrange, en fait le nom de deux des principaux médicaments utilisés pour tenter de soigner ou au moins d'atténuer l'effet de cette maladie, traite de la schizophrénie. Elle donne la parole aux patients eux-mêmes et est construite sur des témoignages, sans prise de position, sans avis médicalisé, simplement pour dire la douleur, l'enfermement, l'angoisse qui encercle ceux qui en souffrent. Le texte est sobre et c'est un spectacle poignant. Même si je dois avouer m'être endormie quelques instants, mais on le sait, Avignon c'est fatigant ! La pièce au obtenu l'an dernier le prix du public, ce qui assure son succès cette année, succès mérité d'autant que le sujet est difficile et délicat à traiter.

Là, le texte est  un peu indigent et l'on a du mal à se passionner pour cette histoire qui tourne court dont l'issue, on sait se reconnaitre entre gens du même monde, laisse le spectateur sur sa faim. Avant de reprendre les rênes du pouvoir, le Prince de Léon estime qu'il se doit de connaître le monde et ses sujets. Il se fera donc en toute discrétion appeler Lélio, sans toutefois jamais se départir de ses valeurs aristocratiques. Pauvre de lui ! Aimé de la Princesse, il est épris de la modeste mais fougueuse Hortense. Menacés par la jalousie de la Princesse et la raison d'état, les amoureux auront fort à faire avec les traîtres de tout poil, conseillers politiques et autres valets corrompus. La pièce est finalement assez confuse et si le jeu des acteurs était tout à fait convenable, la mise en scène bien réglée et l'ensemble de qualité respectable, il en sourd un certain ennui imputable à Marivaux, qui n'a pas signé là son chef d'oeuvre !


Nous sommes des inconditionnels du Théâtre des Doms, mais cette année, nous n'y sommes allés que deux fois. Cet éloge de l'oisiveté, qui mélange extraits de l'essai de Bertand Russel et considérations diverses, empruntées au Petit Traité de désinvolture de Denis Grozdanovitch, plait. Russel manie le paradoxe pour s'attaquer aux fondements de la civilisation moderne et sa réflexion à la fois philosophique et politique s'exprime avec humour, légèreté et ironie. Forcément, cet éloge plaide pour une journée de travail de 4 heures, le spectacle flatte habilement le public dans le sens du poil. C'est bien fait, bien joué, dynamique et plein d'esprit, mais on n'y apprend pas grand chose, le texte de Russel de 1919 date un peu et au sortir c'est vaguement complaisant. C'est fort bien dit, d'une voix posée et élégante, le rythme est précis et efficace, et cela reste de très bonne qualité.

Le Kronope s'est spécialisé dans les spectacles... spectaculaires et ce Songe ne faillit pas à la règle. Deux acteurs jouent tous les personnages de la pièce de Shakespeare, avec virutosité et entrain. Mais on se surprend à suivre les changements de costume éclair plus que le texte, fort beau au demeurant mais un peu trop coupé pour coller à l'exploit technique. C'est un tour de force qui, en termes de mise en scène, donne un résultat assez époustouflant, aux dépens de Sakespeare qui n'est plus qu'un prétexte au jeux de coulisses. A la fin on applaudit autant la costumière sortie de la coulisse que les acteurs épuisés par cette performance.

Un peu déçus par cet hommage à Piazzolla dont on attendait plus de danse et qui met le chant au premier plan. La musique était agréable, bien jouée, mais nous sommes ressortis un peu frustrés, le tango nous a été servi à l'état d'échantillon. C'est la chanteuse qui tire les draps à elle, et si sa prestation est correcte elle ne mérite pas d'être le centre du spectacle.

LES REGLES DU SAVOIR-VIVRE DANS LA SOCIETE MODERNE
THEATRE DES CARMES

La première fois que j'ai vu ce Lagarce, je n'ai rien compris. Je me demande vraiment pourquoi car le propos est simple et je me dis que la mise en scène devait être terriblement confuse, car vraiment je ne vois pas ce qui a pu me paraître incompréhensible. Autant dire que la version des Carmes est linéaire et facile, pas de trahison du texte, pas d'initiative burlesque ou grandiloquente inutile : jouée avec sobriété la pièce est tout à fait convenable.

???
Pour finir, trois pièces que nous n'avons guère appréciées, mais est-il seulement besoin de les citer ? Après tout, d'autres les aimaient et les ont applaudies bien fort. Non que je fasse du consensus mou ou de la démagogie de bas étage, mais je sais que les acteurs sont très peinés quand on dit qu'on n'a pas aimé ce qu'ils font, d'autant qu'ils le font toujours avec beaucoup de conviction. 

6 commentaires:

  1. Merci pour votre commentaire !
    Je vais revenir ce soir, pour parcourir tranquillement votre blog !

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  2. Au diapason...(n'ai pas vu toutefois L'éloge et Les règles du savoir vivre). Pour Le songe, il fallait aller voir celui donné dans la cour de la fac des sciences. Abilifaïe: bien, mais un peu de copinage dans la critique presse.
    Vu ce soir (38 ou 39) Le chant du dire-dire. Superbes: le texte, la mise en scène, le jeu des acteurs. Un peu long, comme tu l'as souligné, mais si fort !

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  3. Ravie Roberto que nous ayons, peu ou prou, des sensibilités qui se rencontrent ! au moins, on osera se conseiller des pièces à l'avenir.
    Fifi, j'ai pas tout compris, j'avais laissé un comm chez Christineeeeeee mais peut-être Fifi = Christineeeeeeeeee

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  4. Merci pour ce retour du festival ! C'est toujours très intéressant de lire tes avis Michelaise.
    Bises.

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  5. Est-ce que ces pièces seront jouées à Paris cet hiver ?

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  6. Tu es certaine que c'était des vacances?
    Je n'aurais pas tout pris mais j'aurais couru pour Musset et Shakespeare.
    J'ai un tel souvenir de Beaucoup de bruit pour rien et On ne badine pas avec l'amour (préférée de Koka!) vu dernièrement à La Comédie Française

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