lundi 22 août 2011

FEMMES EN PEINTURE : le XXème et après ...

Des photos par Dora Maar

De nombreuses femmes abordent avec enthousiasme le monde de l’art dès la première moitié du XXème siècle. Elles sont de tous les « ismes », même si, dans un premier temps, elles restent à l’ombre de leurs collègues masculins. Souvent femmes ou compagnes de peintres, elles ont du mal à voir reconnaitre leur talent propre, sont imbriquées dans un groupe qui les met mal en avant, rarement leurs travaux sont reconnus à leur juste valeur, mais elles ont accès à la palette et aux pinceaux !

Dorothea Tanning

En apparence, toute restriction de l’accès à la formation artistique a disparu, mais ce n’est longtemps qu’une apparence. Certes elles accèdent aux écoles de peinture, elles participent aux concours, elles peuvent dessiner le nu d’après nature, elles sont dans les expositions.

Münter, Gontcharova
Pourtant quand on regarde ce que font les jeunes filles admises au Bauhaus entre 1919 et 1933, on est surpris de constater qu’elles s’inscrivent plus volontiers aux cours de tissages ou de fabrication d’objets de décoration ou de jouets qu’à l’atelier métal ou menuiserie.


Comme au XVIIème il était fréquent d'être "fille de", au début du XXème tout une génération sera encore  «  la femme ou la compagne de » … Robert Delaunay (Sonia), Kandinsky (Gabriele Münter), Larionov (Natacha Gontcharova), Picasso (Dora Maar qui fit de la photo, élève de Man Ray), Max Ernst (Dorothea Tanning), Jean Tinguely (Niki de Saint Phalle ) ; Diego Rivera (Frida Kalho) etc etc… Et beaucoup d’entre elles ne s’épanouiront qu’avec beaucoup de difficultés,  et ne seront reconnues, c’est triste à dire, qu’après la mort de leur compagnon ou après une séparation.


Cela développe chez elles une certaine forme de violence qui s'exprime avec l'énergie du désespoir. Même si elle n'est pas directement liée à son statut de femme, la lettre de Frida Kahlo à Louis Murray montre que l'urgence, la souffrance, l'injustice, l'humiliation en révoltent plus d'une : "Ils ont ici tellement de foutus intellectuels pourris que je ne peux plus les supporter. Ils sont vraiment trop pour moi. J'aimerais mieux m'asseoir par terre dans le marché de Toluca pour vendre des tortillas que d'avoir quoi que ce soit à voir avec ces connards artistiques de Paris..."

Yayoï Kusana, Sophie Cale, Gina Pane

Pour l’époque contemporaine, il paraîtrait incongru de continuer à distinguer une peinture spécifiquement féminine : l’artiste s’exprime en fonction de sa personnalité, de ses obsessions, de ses idéaux, mais il ne serait absurde d’opérer un distinguo basé sur le sexe. Danièle Bloch, insistant sur des artistes qu’on pourrait dire perturbées (Gina Pane, Sophie Calle, Yayoï Kusana, Annette Messager, la compagne de Boltanski…) voit dans l’impudeur affichée par ces artistes un relent de l’impossible accès au corps pour les femmes peintres. Selon elle, il en resterait des traces dans cette façon dont elles exposent leur propre corps au regard du spectateur, avec excès, provocation et une indécence qu’expliquerait un trop long exil.

Gina Pane et Yunchang

J’avoue n’avoir guère été convaincue par cette conclusion et j’aime à croire que l’art n’a plus de sexe, ni de ghetto. Les excès d’une Gina Pane qui se scarifie ou se mutile n’ont rien de spécifiquement féminin, je me souviens avec un réel malaise de la vidéo-performance de He Yunchang. Ce film, "One Rib" (2009) de piètre qualité technique montre comment l'artiste s’est fait volontairement enlever une côte. Il l’a ensuite utilisée pour en faire un collier et s’est fait prendre en photo auprès des femmes importantes de sa vie : sa mère, son ex-femme, sa femme… portant toutes sa côte autour du cou. Gina Pane qui utilise son corps comme champ d’expérience en s’enfonçant des épines dans la peau, en se défigurant, en s’entaillant ou en crachant du lait sur son sang, se contente de mettre, comme He Yunchang, son corps au centre de son art. Un égocentrisme, une relation au monde passant par la provocation qui n’ont rien de particulièrement sexués.


Mais ma méconnaissance de l’art contemporain ne me permet guère d’affirmer quoi que ce soit. Témoin ce commentaire de Norma : "N'ai-je pas été accueillie par un : "Il ne manquait plus que ça !", quand j'ai décidé de peindre ?»… qui eut cru que la tenue d’un pinceau puisse encore être blâmable pour une femme. Au bout de cette évolution il s’agit essentiellement de savoir si des classements arbitraires sont encore imposés aux femmes, auxquelles on réserverait l’art joli, décoratif ou doux, le caractère et l’inventivité étant l’apanage des hommes .


C’est pourquoi je préfère laisser la conclusion, comme ce fut le cas lors de la conférence, à Marie Madeleine Martinie, petite fille de Rita Strohl, qui rappela fort à propos que la mère de la compositrice, Elodie La Villette fut peintre, comme d’ailleurs la sœur de cette dernière, Caroline Espinet. Madame Martinie offrit avec beaucoup d’humour à la conférencière un livre qu’elle a consacré aux deux sœurs et Madame Bloch, surprise, ravie, s’est extasiée avec beaucoup de sincérité sur le talent de cette femme lorientaise dont les marines sont, déjà, celles d’une artiste avant que d’être celles d’une femme.


Voir aussi :

14 commentaires:

  1. Tout ce qui a trait à la souffrance du corps infligée volontairement me met très mal à l'aise, venant d'un homme ou d'une femme. Je pense que les freins sont toujours là, même s'ils sont plus subtils, aux femmmes de les lever .. j'aime assez la réflexion de Frida Kahlo, le milieu a-t'il vraiment changé ?

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  2. Voici le texte d'une affiche des "Guerrilla Girls" (groupe de femmes artistes reconnu surtout dans les années 90, je veux parler de 1990) datant de 1989:
    "Do women have to be naked to get into the Met. Museum? Less than 5% of the artists in the modern art sections are women, but 85% of the nudes are female."
    Voici encore la traduction d'un autre texte:
    "Les avantages d'être une femme artiste:
    -Travailler sans subir la pression du succès.
    -N'avoir aucune obligation d'exposer avec des hommes.
    -Avoir une échappatoire au monde de l'art grâce à ses quatre boulots d'appoint.
    -Avoir conscience que sa carrière pourra prendre son essor quand elle aura 80 ans.
    -Etre sûre que quoi qu'elle fasse, son art sera toujours désigné comme féminin.
    -Ne pas avoir les mains liées par une chaire à l'université.
    -Voir ses idées vivre dans le travail des autres.
    -Avoir l'opportunité de choisir entre sa carrière et la maternité.
    -Ne pas avoir l'obligation de fumer de gros cigares ni de peindre dans des suites italiennes.
    -Avoir plus de temps pour travailler quand son compagnon l'abandonne pour une jeunette.
    -Avoir son nom inscrit dans les versions révues et corrigées de l'histoire de l'art.
    -Ne pas avoir à souffrir de l'embarras d'être appelée un génie.
    -Avoir son portrait dans les magazines d'art en portant un costume de gorille."
    Pas mal, n'est-ce pas? Et pas si vieux...
    Anne

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  3. Bravo, passionnant, hier soir encore, en passant par hasard sur ARTE j'ai vu le concours DU MEILLEUR OUVRIER DE FRANCE en pâtisserie... Tu vois les hommes s'emmêlent toujours les pinceaux...

    Bises du matin et merci encore, ça ravigote...

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  4. Par goût je suis plus portée vers un certain classicisme mais j'aime bien me faire surprendre et du coup une jolie découverte
    Mais ne venant chez vous que depuis peu j'ai encore beaucoup de retard dans mon parcours sue ce blog

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  5. Aifelle j'avoue que le style de Gina Pane me hérisse, cet exhibitionisme est insupportable, comme l'est celui de Yunchang d'ailleurs, ce que je voulais dire c'est que dans le style peu importe le "genre".
    Danielle j'imagine que le meilleur pâtissier est une femme ? encore que va savoir... et finalement peu importe, le tout c'est d'être le ou la meilleure.
    Dominique, ravie de vos visites, je partage tout à fait votre remarque "Par goût je suis plus portée vers un certain classicisme mais j'aime bien me faire surprendre", et en plus, avec l'art contemporain, je fais "bisquer" Aloïs Françoise, et ça, ça m'amuse toujours !!!
    Anne, j'avoue que ce manifeste m'a fait sourire, même si le féminisme à la sauce des années 80 n'est pas ma tasse de thé : j'ai bien aimé "Ne pas avoir à souffrir de l'embarras d'être appelée un génie" et "Avoir conscience que sa carrière pourra prendre son essor quand elle aura 80 ans" trop, tellement tristement vrai

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  6. Gagné, le meilleur ouvrier de France est un homme...:-)))

    Bises

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  7. Je vais de ce pas lire tous ces billets sur les "femmes en peinture" qui vont me passionner, j´en suis sûre.

    Un thème que j´avais pensé développer un jour prochain.

    Oui,un vrai document certainement signé Michelaise.

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  8. Je voulais laisser un commentaire mais Blogger n'accepte pas les commentaires de plus de 4096 caractères!!! Je le découvre soudain!
    Je vais devoir faire du saucissonnage! Désolé!

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  9. En fait, je voulais tout lire avant de laisser un commentaire car j’avais quelques réserves avec le modèle que tu défends et la typologie entre métier, profession et vocation que tu développes dans le second volet. Je sais bien que beaucoup d’historiens aiment bien distinguer ces trois états, mais cette façon d’écrire l’histoire de l’art ne marche, à mon avis, que pour les mauvais artistes. À toutes les époques, en effet, on rencontre des peintres qui ont une haute conscience de leur valeur (ce que tu appelles un "ego surdimensionné"), c’est le cas d’Ucello, de Michel-Ange, de Caravage, etc., et pourtant le romantisme n’existait pas encore (même si la chose est devenue statistiquement plus fréquente au XIXe siècle). Ce modèle connaît en effet bien trop de chevauchements pour fonctionner correctement. Par exemple, un peintre peut avoir sa profession pour vocation et l’exercer en artisan. La profession n’exclut pas nécessairement la vocation. Quand on lit les Vies de Vasari, on est frappé par le nombre d’artistes qui ont manifesté très tôt une vocation pour la peinture et qui n’en ont fait ainsi qu’à leur tête, bravant tous les interdits sociaux qui s’exerçaient sur eux. A toutes les époques, il s’est rencontré des hommes et des femmes qui ont éprouvé une très forte vocation pour la peinture et les propos que rapporte Norma, on les trouve déjà dans La Rabouilleuse de Balzac, qui met en scène une mère qui accueille avec scepticisme la vocation que son fils manifeste pour la peinture. La mère est catastrophée par le choix de son fils, elle aurait préféré qu'il devienne militaire. Je crois que les choses n'ont pas beaucoup changé de puis Balzac. Pourquoi ? Parce que la profession d’artiste est beaucoup moins noble que celle de diplomate ou de médecin que rêvent certains de nos parents et parce que le métier de peintre est toujours, peu ou prou, assimilé à celui d’un saltimbanque…
    Ensuite, quand tu notes que « jusqu'au XVIIème siècle au moins, le peintre vit par les commanditaires qui imposent le choix des sujets, le programme iconographique, voire même en supervisent l'exécution » et que « la marge de manoeuvre du peintre est assez faible s'il veut être payé, il ne doit pas déplaire et l'on sait qu'une oeuvre refusée est à la fois une humiliation et une perte financière que tout peintre censé évite de provoquer. », là encore, je pense que la maxime ne vaut que pour les mauvais peintres ou disons pour les plus insignifiants d’entre eux. J’en veux pour preuve la Sainte famille de Michel Ange. Le peintre a représenté à l’arrière plan des hommes tout nus qui s’enlacent langoureusement. Crois-tu qu’un commanditaire, l’église en l’occurrence, aurait accepté un caprice pareil, une scène aussi obscène ? Un grand peintre, qui est conscient de son talent, fait ce qu’il veut et son pouvoir se manifeste lorsqu’il contraint le commanditaire à ses raisons… Il dit : « Vous voulez ceci ? Eh bien ce sera cela ». Et les gens qui veulent absolument posséder un tableau de tel ou tel maître devront accepter de passer par ce détour. Si le peintre ne parvient pas à modifier le rapport de force, soit il se plie aux raisons du commanditaire, soit il s’isole et en paye le pris fort dans sa vie (cf. ton cher Lotto). Par ailleurs, l’Etat a remplacé maintenant l’Église. C’est l’Etat le grand commanditaire. Un peintre qui ne reçoit pas de commande publique, qui n'est pas exposé à Beaubourg, est un peintre sans valeur. Tout ça pour dire que l’artiste est toujours dépendant de quelqu’un, d’un commanditaire et du marché de l’art.
    Voilà pour le cadre général.

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  10. Maintenant j’en viens au sujet de ton billet, à savoir les femmes peintres. J’ai appris plein de choses. Tu vois, je croyais (je ne sais pas où j’avais lu ça) que l’arbre coquin était une supercherie qui datait de la Révolution et j’ignorais que cette copiste que tu évoques, Jeanne de Montbaston s’était livrée à ces petites facéties très drôles. D’ailleurs je ne me priverai pas de réutiliser cette image dans mon prochain billet qui sera consacré non pas aux femmes artistes, mais aux femmes au Moyen Age (et donc aussi aux femmes dans l’art). J’ai glané aussi plusieurs noms que je ne connaissais pas. Je t’en signale un autre. En ce moment, le Louvre rend hommage (« le tableau du mois ») à Elisabeth-Sophie Chéron, une des premières femme peintre à s’être frottée à la peinture d’histoire, une femme qui avait d’ailleurs toute l’admiration de Lebrun. Je vois aussi dans ton billet des femmes non peintres, comme Sophie Calle. Mais cela me semble très important car la peinture a tendance à devenir un genre de moins en moins exploité. Les grands artistes sont maintenant des plasticiens, des sculpteurs, des performeurs, des photographes, des vidéastes, mais pas des peintres : cf. Jeff Koons, Louise Bourgeois, Damien Hirst, Nan Goldin, Christian Boltanski, Annette Messager, Bill Viola, pour citer les plus grands. La dernière grande peintre reste, à ma connaissance, Joan Mitchell. J’approuve à fond ta conclusion et la liberté que tu prends par rapport au système de classement que tu as mis en œuvre plus haut : voyons l’art avant le genre, pesons les œuvres plutôt que les hommes. Il n’y a rien de plus mortifère que de comparer les femmes entre elles et de les enfermer dans une essence. Nathalie Sarraute détestait qu’on la compare à Yourcenar ou à Duras. Elle n’acceptait la comparaison qu’avec Proust ou Robbe-Grillet.

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  11. Pliée de rire GF, les 4096 caractères de Blogger sont roupie de sansonnet pour toi !!
    Bien sûr que certains des grands, et des meilleurs pouvaient se permettre de "faire passer" parfois des visions très personnelles des sujets qu'on leur commandait, quitte à, assez rarement et finalement c'est sans doute cela le plus étonnant, se le voir refuser (mais aussitôt racheté par quelqu'amateur aux aguets !!)... Bien sûr que beaucoup ont aimé leur métier et s'y sont épanouis, fiers de leur art, fiers de leur talent. Il s'agissait simplement de rappeler que l'art n'a pas toujours été, selon la notion colportée par une vision très romantique du statut d'artiste maudit, une bataille contre les bien pensants !
    Je n'ai pas, et c'est cela le plus rassuant, listé tous les noms d'artistes femmes, j'ai mêlé en effet quelques rares non-peintres...
    En fait le sujet de la conférence était, à mon sens, beaucoup trop vaste pour en dégager une problématique et j'ai tenté de remodeler un peu cela sans pour autant trop en faire. Car je sais que le sujet intrigue encore, même si on a progressé.
    En tout cas merci GF de ton attention, du sérieux que tu apportes à tes commentaires et des compléments passionnants que nous offre.
    Un point important que tu as bein fait de préciser "Par ailleurs, l’Etat a remplacé maintenant l’Église. C’est l’Etat le grand commanditaire. Un peintre qui ne reçoit pas de commande publique, qui n'est pas exposé à Beaubourg, est un peintre sans valeur"... comment l'artiste vivrait-il s'il devait attendre d'avoir séduit le péquin lambda ??? mais la contrepartie de tout cela ce sont les modes et les coteries... bref un vatse sujet !
    Alba, j'attends avec impatience ton article sur Sofonisba !! Ravie d'être tombée "dans le mille" !
    Danielle, finalement à ce niveau, la pâtisserie se hisse au rang des "bons"arts !!

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  12. Bon alors en ce qui me concerne ce n'est même pas la peine que je dise quoi que ce soit je suis tellement transparente.
    Et puis comme mon coq va peut-être soutenir le XV de France je vais botter en touche et reprendre à mon compte les propos d'Aifelle,le penchant pour le classicisme de Dominique les compliments de notre douce Alba,j'espère que GF ne m'en voudra pas si je ne vais pas jusqu'au bout de ses 4096 caractères je n'ai pas encore l'autorisation de la faculté pour cela

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  13. En ce qui concerne les résistances vis à vis de la carrière de "peintre au féminin" (ou de la passion de la peinture quand on est femme), je crois qu'elles sont de deux ordres : résistances à un domaine artistique, jugé comme "superflu" par d'aucuns, qui se superposent à une vision "utilitaire" de la femme, incompatible avec une certaine forme d'art, voire de culture.
    Merci de m'avoir citée, Michelaise et désolée pour ce commentaire si rapide d'un jour de travail.
    Norma

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  14. Pas mal du tout l'idée de l'utilitaire féminin !!

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