dimanche 19 août 2012

HENRI MARTIN - 3 : Labastide du Vert


Après la visite, ô combien riche, de la trop discrète exposition du musée de Cahors, Alter a suggéré d'aller faire un petit pèlerinage, à Labastide du Vert, le village lotois où Henri Martin avait une maison. Il avait acheté celle-ci, plaisamment dénommée Marquayrol, en 1900. A la belle saison, il y venait régulièrement et y travaillait intensément. C'était pour lui une source d'inspiration sans fin, et le point de départ de longues promenades, qui lui offraient de multiples points de vue sur le village et d'infinies variations chromatiques au fil des jours. Le jeu consistait pour nous à parcourir le village, reproductions en main, et de tenter de retrouver les lieux où Martin avait posé son chevalet.


Il aimait à représenter les mêmes lieux sous différents éclairages, et si nous n'avons pu rester de l'aube au coucher du soleil pour suivre les ombres du clocher de la modeste église de Labastide, nous avons cependant tenté d'en retrouver les cadrages.


Les peupliers ont disparu, mais l'école, à droite, est toujours là, tant pis si son toit s'orne maintenant de Velux !!


Henri Martin aimait aussi à représenter les modestes bâtisses du village, comme la maison dite du sabotier, que nous n'avons pu cadrer exactement comme lui, une tonitruante clôture en coupant la vue telle que le peintre l'apercevait de la place du village. Mais on reconnaît bien cette maison au toit à deux pentes, devant laquelle se dresse une sorte de petite échoppe, où devait travailler l'artisan.


C'est devant la maison du sabotier que nous avons rencontré "le chien d'Henri Martin" ! Alter, tout attendri par la bouille ébouriffée de ce gentil berger aux yeux bleus, a prétendu que c'était le portrait craché de l'artiste, sa réincarnation sans doute, et a tenu à le portraiturer !! Pas de doute, la ressemblance est flagrante !



Le pont sur le Vert, qui coule translucide sur des cailloux argentés, a beaucoup inspiré le peintre : certes la chèvre n'était pas là, mais l’ambiance reste la même.



Les peupliers étaient plus nombreux du temps d'Henri Martin, et ceux que nous avons photographiés, dans un pré à l'orée du village, ne sont forcément plus les mêmes, mais la lumière reste vibrante !



Vu de Marquayrol, le village prend ces teintes bleutées qui ont fait le succès de l'artiste, et qui nous le rendent si cher. En plein midi, pas de brumes, pas de fumées aux cheminées du bourg, mais la colline immuable couronne toujours ce panorama vert et apaisant.


Deux autres moments forts nous attendaient à Labastide du Vert. La nouvelle propriétaire de l'école nous voyant tourner autour de sa main, appareil photo en main, nous apostropha :
"Vous êtes sur les traces d'Henri Martin ?"
"Oui, oui, nous cherchons les endroits où il a planté son chevalet."
"Je m'en doutais, j'en vois souvent des comme vous ! Venez, je vais vous montrer quelque chose"


Et elle pointa le doigt vers le montant gauche de la fenêtre de briques, donnant sur la place et vers le pont. Devant notre air surpris :
"Il s'installait à la fenêtre de l'école pour peindre, et il essuyait ses pinceaux sur le mur ! Quand j'ai fait faire les travaux, j'ai bien recommandé aux maçons de ne pas y toucher !!"


La dernière étape de Labastide du Vert nous attendait dans le cimetière : sobre mais imposante, surtout en comparaison des autres, la tombe du peintre se dresse au centre d'un enchevêtrement chaotique de pierres tombales, entre quelques cyprès, et sur fond d'une petite chapelle que je n'ai pas retrouvée mais que le maître a forcément dû peindre !

15 commentaires:

  1. Merci de nous faire partager votre escapade et vos émotions sur ce grand peintre!.Ces paysages sont très reposants!
    J'attends la suite avec impatience...
    Une lectrice fidèle mais silencieuse,je n'ai pas votre talent pour l'écriture...

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    1. Oh Marie Claude, merci pour ce commentaire !! je suis contente de croiser, parfois, mes lecteurs silencieux ! Rassurez-vous, la grande majorité le sont !! Et puis, les commentaires, surtout sur des articles informatifs, sont toujours difficiles à faire !! Je suis ravie de savoir que vous êtes là, discrètement et de savoir que cela vous intéresse !!

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  2. Bravo Michelaise pour cette série sur Henri Martin et c'est vrai quel talent pour nous conter la vie et l'oeuvre de ce peintre. Si ma Dame en a le courage nous irons voir cette expo à Cahors ainsi que celle de Loutre B nous l'avions rencontré dans les années 70 et étions sur le point de craquer pour une toile... jusqu'à l'annonce du prix !!!!

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  3. En écho ou plutot à l'unisson avec Marie Claude, moi aussi je trouve que ces articles sur Henri Martin (une fort agréable découverte pour moi sa peinture !) sont très intéressants, délicieux par ci et par là et toujours exhaustifs au point que je ne serais d'aucune façon capable d'ajouter quoi que ce soit de non excompté dans un commentaire...
    J'attends le prochain !

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    1. Ben voilà c'est juste ce que je viens de dire à Marie Claude !! Merci Siu d'être fidèle "au poste" et enchantée que ce peintre te plaise !! Il est très impressionniste mais a un style qui n'appartient qu'à lui !

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  4. Bonjour Michelaise. Quelle bonne idée que de se mettre en situation pour retrouver les lieux peints par l'artiste. Quelle belle recherche ce serait à proposer à une classe... C'est magique et très émouvant. Très émouvants aussi , les coups de pinceaux sur le bord de la fenêtre. Il faut que j'aille lire tes articles précédents.
    Si j'avais rencontré ce mignon petit chien, j'aurais été tentée de le gratter entre les deux oreilles et de lui faire un bisou sur la truffe, mais, maintenant, avec ce qu'a dit Alter de cette éventuelle réincarnation, si évidente, je ne sais pas si je peux me permettre tant de familiarités.....;-)
    Bonne semaine à toi Michelaise !

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    1. Oh tu sais Oxy, je crois qu'Henri Martin était un "brave" homme, et que ton bisou sur la truffe, que dis-je, sur le nez, lui aurait fait le plus grand plaisir !!
      Oui, tu as raison, la mise en parallèle du motif et du tableau est toujours un exercice émouvant ! quant aux coups de pinceaux sur la fenêtre, ils démontrent, s'il en était besoin, que Martin était spontané !

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  5. Reçu dans ma boite mais de nouveau pas dans les commentaires :
    Robert M a ajouté un nouveau commentaire sur votre message "HENRI MARTIN - 3 : Labastide du Vert" :

    Bravo Michelaise pour cette série sur Henri Martin et c'est vrai quel talent pour nous conter la vie et l'oeuvre de ce peintre. Si ma Dame en a le courage nous irons voir cette expo à Cahors ainsi que celle de Loutre B nous l'avions rencontré dans les années 70 et étions sur le point de craquer pour une toile... jusqu'à l'annonce du prix !!!!

    Robert, allez-y, cela ne dure que jusqu'au 30 aout !!! ou 31 je ne sais plus... Quant à Louttre B., je regrette que nous n'ayons pas eu le temps de l'apprécier à sa juste valeur : il faut voir d'abord LouttreB. et ensuite Henri Martin, enfin je crois ! L'expo de Louttre B. vous intéressera, ce sont des oeuvres récentes, vous verrez ainsi comment il a évolué ! Elle est très bien présentée... n'oubliez pas l'art Dognon dans la chapelle, dans la cour !!

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  6. quelques jours de vacances, et plusieurs articles en retard, un plaisir du coup de découvrir d'un seul coup cette série d'articles autour d'Henri Martin!

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    1. J'espère que les vacances ont été bonnes et j'imagine que tu as rapporté du "matériau" pour des billets à venir !!

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    2. ce ne sont pas forcément les plus riches pour le blog cette année (famille essentiellement et recherche de l'ombre!) mais il y aura bien tout de même de quoi faire un ou deux articles!

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  7. Intéressante votre démarche qui met en coïncidence le tableau et le site naturel ; cela permet de voir une évolution ou pas... C'est assez remarquable que ces sites soient aussi proches plus d'un siècle plus tard. Cela doit demander aussi une bonne mémoire visuelle (ou le catalogue en main peut-être). En tout cas, vous êtes capable de tout, Michelaise, et c'est bien agréable de voir de la verdure en cette période de canicule. Et surtout, ne prenez pas mal l'expression qui précède... C'était un vrai compliment un peu biscornu j'en conviens.
    Michel de Lyon

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    1. J'avais pris soin d'imprimer les toiles de Labastide pour retrouver les ambiances au mieux !! Nous y étions vers midi, donc nous n'avons eu le soleil du petit matin, ni celui du couchant, qu'affectionnait particulièrement Henri Martin.
      Et je suis très flattée Michel de votre compliment, j'essaie de surmonter mes timidités naturelles pour justifier le Déraison du titre de ce blog !!!

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  8. Un seul mot :
    SUPER travail de détective, on va t'appeler Mme Sherlock'Holmes !
    Une belle idée en tout cas de retrouver les sites peints et de constater l'évolution de la végétation.

    Biseeeeeeeeeeeeeeeees de Christineeeeeeeeeeeeeee

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    1. Merci Christineeeeeeeeeeeee je n'étais pas passé depuis l'été et je suis contente que mon enquête t'ait plu

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