vendredi 30 novembre 2007

PETIGNAC A JURIGNAC


Mais non ce n'est pas une blague de mauvais goût... ça existe ! Pétignac c'est un hameau, pas très loin de Mansle (voir nos aventures gastronomiques d'hier) qui dépend du village de Jurignac (et oui, j'ai juré de vous faire faire des progrès en géographie !). Et dans ce hameau se trouve un lieu magique, étonnant et unique : "Le Domaine Musical de Pétignac". Y sévit, ou plutôt y oeuvre (le terme serait plus juste car c'est un ouvrier au sens noble du terme, un artistan au sens juste et dénué de fioritures) un homme rare, un saltimbanque dans l'âme, un vendeur hors pair et un expert en pianos : Gérard Fauvin. C'est à lui que nous avions acheté un "vrai" piano pour fêter dignement les 40 ans de Michel (cela nous semblait à l'époque une étape qui méritait d'être marquée d'une pierre... noire.

Gérard, facteur de piano, professeur Nimbus du clavier et commercial dans l'âme, nous avait vendu une petite merveille, un piano Pfeiffer, marque dont nous n'avions jamais entendu parler mais qui, selon lui, était le nec plus ultra du clavier. L'instrument s'est révélé tellement dans nos goûts que maintenant, quelques vingt ans plus tard, j'ai un mal infini à faire admettre par Michel la perspective d'en changer pour... un quart de queue.
Il m'a fallu le traîner par la peau du cou, partitions à la main, en lui jurant qu'il pourrait essayer sans contrainte tous les pianos du Domaine, l'abreuver à midi d'un Moulis dont vous avez déjà entendu parler, user d'arguments divers et plus ou moins spécieux... Enfin bref, j'ai réussi à l'abandonner chez Gérard, où il a commencé à roder autour des pianos, reniflé les essences de bois, frôlé quelques touches, hésité longuement avant de traîner son tabouret de piano en piano... Il a grogné, puis apprécié, puis découvert, et enfin s'est détendu pleinement. Finalement nous avons terminé la journée au Domaine, où Gérard avait organisé, avec sa maestria, son éloquence et sa joie communicative du beau son, une soirée Steinway. Vin pétillant, foie gras et magret fumé, Steiway aux chandelles et ambiance bon enfant, nous avons fait le tour des modèles et écouté en riant Gérard nous faire son numéro de bateleur avec son talent coutumier. Pendant qu'Arlette Laporte, mais oui Marie, ton ancien prof de piano toujours aussi amoureuse de la musique et enthousiaste (elle est sur la photo, tu la reconnaîtras peut-être), illustrait chaque instrument de morceaux choisis avec délicatesse et intelligence, pour mettre les pianos en valeur.
Au retour Michel m'a dit "un quart de queue, peut-être... oh bien sûr c'était un plaisir égoïste (mais c'est quoi cette idée ??), et puis c'est une folie", et puis, "non", ce serait, je cite, "du beurre aux cochons". A bon entendeur, salut, tout le monde sait, surtout chez les lecteurs du Petit Re, que les dentistes sont des cochons. Mais, bon, oui, il en rêve alors il va se faire à l'idée... Ben voyons!!! il va bien se faire une douce violence. On ne va pas le brusquer.
"Mais"... ah, il y a un mais ?? Oui, un quart de queue, il veut bien, "mais un Steinway"... Ah... là, il croyait m'avoir achevée, "tu n'avais pas prévu cela, avoue, tu vois bien que ce n'est pas possible". Sacré Michel... il m'a fallu reprendre la ronde des arguments du genre "on n'a qu'une vie" "tu n'as jamais fait aucune folie" "tu aimes tant cela" etc etc... C'est vrai, j'avoue, que je n'avais pas prévu un Steinway, mais s'il faut en passer par là, ce sera avec grand bonheur... Car je sais que mon petit mari, s'il choisit cette marque ce n'est nullement à cause du prestige ou pour faire chic (d'ailleurs il refuse de jouer devant quiconque) mais parce qu'il en apprécie vraiment, sincèrement, profondément la sonorité et la qualité et qu'il sera parfaitement heureux. Alors, vive Steinway !!! Avouez les filles, que ça lui va bien à votre papa !

jeudi 29 novembre 2007

L'ADDITION... ET UN BOUCHON SVP !!!

C'est une journée de dur labeur que je vais vous conter ! Mes étudiants sont en stage en entreprise et, c'est bien le moins, je vais faire des visites de stages afin de remercier les entreprises de les avoir accueillis, et voir si tout se déroule bien. Ce n'est pas forcément une partie de plaisir que de s'entendre dire qu'ils sont bien gentils mais aussi fort incompétents, leur ignorance allant de la difficulté à réaliser une écriture comptable basique (ouh, là ça fait mal), en passant par l'incapacité à rédiger une lettre (ça, on s'en doutait, mais on essaie de faire "comme si"), ou pire une enveloppe (ben oui, ils n'envoient que des mails ou des sms), voire un chèque (ça c'est un effet induit des paiements par carte bleue). Quelle attitude prendre quand on vous dit cela d'un air un peu accusateur et vaguement interrogateur et perplexe ? Moi, je me sens toujours confusément coupable, même si au fond, ce n'est pas mon rôle de leur apprendre les bases de la vie administrative. J'ai à charge un programme serré, complexe et fort ambitieux dont il me faut leur inculquer, sur des fondations fort mouvantes et sablonneuses, les rudiments, en essayant de faire utile ! Un savoureux mélange de vulgarisation de notions économiques et financières complexes, à accomoder à la sauce "comment apprendre efficace", l'efficacité se mesurant plutôt aux points glanés à l'épreuve finale où il faut, coûte que coûte, avoir 10. Le tout avec un système de notation dont je connais, en tant que correcteur les finesses et les failles, que je leur explique pour une stratégie optimale. Si en plus, il ma fallait reprendre les bases du tri, du calcul mental ou de l'orthographe, cela deviendrait insurmontable.
Donc j'assume, vaille que vaille, les étonnements des dames à peine armées d'un CAP comptable devant l'inaptitude de ces futurs bacs plus deux à séparer une facture de doit d'une facture d'avoir ou à distinguer le haut et le bas d'une enveloppe de format commercial. En m'excusant pour eux, en les remerciant de leur patience, bref, pas toujours bien agréable comme rôle.

Donc, et puisqu'il faut faire bref, visites de stage, et comme je voulais emmener Michel essayer des pianos à queue, je l'ai emmené avec moi. Il fallait bien le dédommager de la corvée qui consistait à m'attendre dans la voiture et à supporter ensuite mes lamentations sur fond de "oh là là, le niveau baisse". Nous avons donc ouvert le Gault et Millau, et dégoté une petite auberge sympa au fin fond de la campagne mansloise (près de Mansle pour les non initiés). Après avoir hésité entre divers plats aussi alléchants que des rognons de veau aux morilles ou des coquilles Saint Jacques aux pleurottes, nous avons opté pour le menu du jour, avec le plat du jour et le dessert du jour. Autant dire le menu basique à 10 euros (j'ai honte m'a dit Michel, ils ne rentrent pas dans leurs frais à ce prix là) où, entre une savoureuse salade composée et uen crème brûlée de derrière les fagots, nous avons vu dégusté un jambonneau aux lentilles, rond, grillé, doré, moëlleux, fondant, une petite merveille de simplicité au fumet enivrant. Mais il fallait bien laver la honte de Michel et nous avons opté pour un Moulis qui à lui seul valait plus cher que nos deux menus ! Il a transformé notre "menu du jour" en petit festin... Mais bien sûr, alcoolémie maîtrisée et conduite raisnnable obligent, nous n'en avons bu qu'un verre... Déjà suffisant pour égayer l'ambiance ! Alors, et ce sont les nouvelles moeurs qu'il faut ABSOLUMENT pratiquer pour continuer à faire de la gastronomie sans mauvaise conscience, nous avons demandé un bouchon et emporté le reste de la bouteille... Courage, faites comme nous, c'est la première fois qui est la plus difficile, on se sent un peu bête avec son litron sous le bras en sortant. Mais honnêtement, si on arrive à franchir le premier pas, c'est une solution tout confort pour tous : le restaurateur qui vous vend une bonne bouteille sur laquelle il gagne mieux sa vie que sur le "menu du jour", et vous, qui pouvez arroser votre repas dignement mais sobrement... et en prime, le soir ou le lendemain, vous terminez votre bonne bouteille qui vous rappelle de bons souvenirs. Essayez, vous verrez c'est tout simple et on n'a pas l'air idiot en emportant sa bouteille, au mieux on affiche son civisme et son bon sens.

lundi 26 novembre 2007

POUR OU CONTRE ?? NON !!! AVEC...

Résumons, ça grève, ça râle, ça renacle, bref ça s'agite... après les personnels de navigation aérienne, les cheminots, les étudiants, les internes, les fonctionnaires nous ont fait "leur" journée de grève. Je dis "nous ont fait" parce que, réflexion faite, j'ai décidé de n'y point participer. Ce n'est pas faute d'être de toutes les manifs, surtout quand elles s'attaquent aux méthaniers hollandais !!!
Manif du 24 novembre à Bordeaux
Article de Sud Ouest sur la réunion du 23 novembre
Le forum des lecteurs du Sud Ouest
Article du 15 novembre dans le Monde
PROJET : Le Verdon vu par le Port Autonome de Bordeaux dans ses projet
s les plus fous :
(pour les non initiés, le PAB, allié de la CCI de Bordeaux, et accessoirement de la CGT (???) dans cett
e histoire, ce sont "les méchants")Et voilà à quoi ressemble Le Verdon à l'heure actuelle, sans 4 Gas et ses cuves méthanières :

Mais revenons à nos moutons : un fonctionnaire c'est mal payé, ça c'est sûr, notre pouvoir d'achat ne cesse de baisser, mais faut bien reconnaître que cela n'est pas une exclusivité ! On assiste à de nombreuses suppressions de postes, surtout des départs à la retraite non remplacés, et la situation de certains d'entre nous devient réellement précaire, obligés qu'ils sont de faire des services sur plusieurs établissements, dans des conditions parfois éprouvantes. La logique comptable qui régit nos activités est souvent totalement anti-pédagogique et l'Education Nationale a du souci à se faire dans une ambiance de formation qui devient hyper concurentielle. Tout cela est vrai et ce n'est pas la lettre de Nicolas (voir article sur ce sujet en septembre) qui va nous rassurer. Mais pourtant, j'ai décidé de ne pas faire grève parce que l'amalgame avec les conflits sociaux concernant les régimes spéciaux de retraite et le télescopage avec l’action d’une minorité qui cherche à bloquer les universités me gênaient considérablement. J'ai trouvé que cela nuisait trop à la lisibilité de nos revendications propres et n'ai pas eu la moindre envie d'apporter mon soutien, même passif, à ces mouvements.

Pendant ce temps, dans le privé, Emilie décidait de soutenir le mouvement des fonctionnaires : "Aujourd'hui grève des fonctionnaires contre la baisse du pouvoir d'achat... je ne compte plus le nombre de témoignages de citoyens que j'ai entendus ou lus et qui gagnent moins de 1600 euros par mois, et qui démontrent par A + B que c'est impossible de vivre comme ça (même si bien entendu on sait qu'il y a pire).
Sauf que dans le privé, on ne l'entend pas de la même manière, mon patron va jusqu'à dire que nous sommes TRES BIEN payés !!!
Et bien c'est ce qu'on va voir, aujourd'hui, parce qu'on est en démocratie, je fais grève ! Je suis présente, mais je fais connaître mon opinion et mon soutien aux fonctionnaires, car ce n'est pas une histoire de public ou privé, ou bien encore de gauche ou de droite c'est un fait, une majorité d'entres nous a du mal à finir les fins de mois !
Voilà, donc j'attends les réactions de ma supérieure... et de mon patron... bon honnêtement je ne risque pas grand chose ! Après tout on est en démocratie :-)"
Elle en a été pour ses frais Emilie, personne, ni son patron ni sa supérieure, n'ont daigné s'apercevoir qu'elle "faisait grève", et il n'a été question de RIEN, surtout pas d'augmentation de salaire... comme si personne n'avait vu ses panneaux. Heureusement que ses collègues, un peu craintifs et vaguement admiratifs lui ont apporté un certain soutien moral... une d'entre elles lui a même dit, avec une pointe d'envie "Toi tu as des couilles dis-donc !"... Bravo Emilie !!! Voilà un compliment qui prouve qu'en ce bas monde, tout est très relatif...

jeudi 22 novembre 2007

BLUES QUARTET

Juste une photo pour dire combien c'est dur parfois de n'être plus que de vieux parents lointains... Comme une nostalgie d'un temps révolu et que rien, surtout pas les fêtes carillonnées et devenues obligées, ne saura réinventer. Les étapes de la vie sont douces-amères, et il faut savoir les franchir avec panache, mais c'est un peu difficile. Simplement pour dire que, même si on se la joue affranchis, ce n'est pas forcément sans regrets. On finirait par paraître indifférents à vouloir rester dignes !

mercredi 21 novembre 2007

LA BOITE A IMAGES

LE REVE DE CASSANDRE

Toujours le même problème avec Allen, controversé ! Les uns disent que c’est nul, les autres crient au chef d’œuvre, du genre « c’est de loin son meilleur film ». L’avantage c’est qu’on y va sans avis préconçu. Et qu’ en sortant on peut dire « bof bof », sans passer pour un crétin. J’avoue que l’histoire aux relents de tragédie grecque vue par un américain qui se pique de philosophie parce qu’il a quelques visées existentielles, ne m’a pas convaincue. Je me suis prise plus d’une fois à penser « et si c’était un jeune réalisateur qui nous offre ce brouet, et non un Woody consacré, nous les trouverions bine maladroites, bien malhabiles ». L’intrigue est mal ficelée, mais bon, Allen fait des fables morales et on peut admettre qu’il donne dans l’invraisemblable. Les deux acteurs principaux jouent avec sensibilité et talent, et donnent aux rapports fraternels une vraie profondeur. Par contre, les rôles secondaires sont empotés et peu crédibles, ce qui est agaçant. Mais surtout, ce pauvre Woody est trop superficiel : quand il fait une comédie, l’humour et l’esprit font passer la sauce. Mais quand il donne dans le tragique, cela manque de consistance, et il a l’air de se prendre trop au sérieux. Ceci dit, si vous décidez d’aller faire votre devoir et de voir votre Allen annuel, ce sera sans surprise, ni désagréable ni à crier au miracle, visible sans débordement !

NE DIS RIEN

La veille, la salle était comble pour l’américain intello (ou supposé tel) de service : la pub, la réputation, le mythe ? Ce soir, Michel disait en sortant « c’est trop injuste la renommée », nous étions à peine une dizaine pour un chef d’œuvre. C’est un film de 2004, donné dans le cadre d’une soirée sur les violences conjugales, mais qui nous a permis de découvrir un vrai talent : Iciar Bollain. Un parfaite réussite, toute en justesse, en finesse et en subtilité.

Un film où l’on rit aux éclats, où l’on écrase furtivement une larme, où on a la gorge nouée, où on essaie de comprendre, où rien n’est décidé d’avance. Rien n’est manichéen dans ce portrait d’une bienveillance sans faille d’un couple qui s’aime, d'une passion et une attirance idéales, et qui pourtant se déchire. En fait c’est lui, sa jalousie maladive, son inexpugnable manque de confiance en lui, qui désagrége leur devenir. Il se laisse grignoter par le doute et la violence, il combat mais finit par céder à ses pulsions malsaines, elle lui pardonne, et pourtant il démolit leur couple. Il s’auto-détruit et la casse. Il le sait, mais il sombre. Ce n’est pas un abruti, ce n’est pas un alcoolique, il est sensible et imaginatif, amoureux avec profondeur, attentionné et joueur, et pourtant rien n’y fait, il les fait chavirer, puis sombrer. Elle est patiente et douce, elle est follement amoureuse de lui, elle veut l’aider, le comprendre, et pourtant elle capitule. Les 2 acteurs principaux ont eu des prix d’interprétation, les seconds rôles sont au diapason, l’histoire est simple et sans faille, les images d’Avila font rêver, bref seule la lamentable traduction du titre (Ti dos mis oyos en Ne dire rien) est à critiquer car elle nous prive d’une des allusions importante de ce film superbe. A voir sans faute dès que vous le croisez en DVD ou sur une chaîne quelconque.

LA QUESTION HUMAINE

A propos de titre, celui-ci nous a trompés… il est prometteur, mais quel pensum… Long, pénible, convenu, et surtout choquant. Certes la gestion des ressources humaines dans les grands groupes est déshumanisée, et quand il est question d’écrémage, les méthodes employées n’ont rien de particulièrement brillant. Mais de là à faire un amalgame douteux avec le règlement par les nazis de la « question juive », c’est plus que malséant, c’est injurieux. Quant au ton ostentatoire du propos, obscur, ambiguë, énigmatique, puis pédant, il finit par nuire à la démonstration et par être contre-productif : générateur d’ennui et surtout prétentieux. C’est long et manichéen, cela fait grosse ficelle et cela provoque l’exaspération là où le respect le plus élémentaire voudrait qu’on ressente de l’émotion. On n’a pas le droit de jouer avec la Shoah, il est inadmissible de se faire plaisir en racontant n’importe quoi, en tentant de choquer au motif que les méthodes de management sont eugénistes. C’était navrant et malsain.

lundi 19 novembre 2007

METAUX LIQUIDES












Après une panne "mortelle" et très invalidante de téléphone qui dure depuis mercredi dernier, j’ai enfin retrouvé l’usage de mon précieux lien vers vous, les filles… Pour compenser ce silence de quelques jours, je vous propose une petite galerie de photos, du même lieu, ou presque, prise à différentes heures. Le jeu consiste à trouver le métal qu’elles symbolisent. La solution s’obtient en cliquant sur chaque photo, le titre apparaît en même temps qu’elle s’ouvre en ligne. Vous pouvez aussi simplement mettre la flèche sur la photo et regarder en bas à gauche de votre écran, l'adresse se termine par le nom du métal... évaluation personnelle et très contestable d'ailleurs...

jeudi 15 novembre 2007

DE SAINT ROMAIN A LA ROCHELLE

Les courses de Noël au mois de novembre ?? Pourquoi pas après tout, et puis ce n’est pas si souvent que votre papa se porte volontaire pour le shopping. Direction La Rochelle où s’activait quand nous sommes arrivés, une petite troupe (toute petite, c'est à peine si on les distingue sur ma photo) de cheminots discrets qui allaient manifester sans grande conviction devant la Préfecture. A peine le temps de quelques emplettes, et ils avaient déjà plié leurs banderoles… le syndicalisme n’est plus ce qu’il était !


A la pause, on est vite épuisé à courir les boutiques, vin chaud irlandais sur le port, ne me demandez pas ce qu’il avait d’irlandais, mais il donnait du cœur à l’ouvrage… puis sushi en terrasse sur la petite place qui s’étend devant l’Ibis, alias Mercure, alias Comptoir des Matériaux, alias église jésuite, alias temple protestant, alias église Saint Nicolas… De là à conclure, le vin irlandais aidant, qu'après le catholicisme, puis la religion réformée, autrement dit le protestantisme, la réaction de la Contre Réforme et enfin le commerce au 19ème, le tourisme est devenu la religion des temps modernes dont les hôtels seraient les nouveaux lieux de culte, il n’y avait qu’un pas que j’ai franchi sans complexe. Histoire de rappeler que ce qui fait vibrer nos contemporains se mesure à l’aune de ces lieux qu’ « on a faits », et qu’il m’arrive de penser qu’un jour, peut-être moins improbable qu’on ne croit, la pénurie de kérosène aidant, la manie des voyages sera remplacée par celle de la Cerisaie ou autre retour tout aussi excessif à l’introspection familiale ou champêtre. Nous avons connu en notre jeune temps la mode des résidences secondaires et avons eu, nous aussi, envie de parcourir le monde, même s’il se limitait à l’Italie, avant de sombrer dans le régionalisme aigu !

Au final, et je vous avoue très humblement que c’était finalement l’objet de mon blog du jour, avec circonvolutions obligées par La Rochelle, je trouve notre Saintonge très belle en cet automne finissant… Ce sont les frimas de Saint Romain les Atheux (le village de la Loire où vit André, mon oncle) qui m’ont donné envie de publier quelques photos de cette escapade : pardon tonton de parader avec cet insolent soleil mais tu m’as désespérée avec ta photo du 13 novembre ! Et je n'ai pas renoncé à te convaincre de venir bien vite profiter de notre belle côte atlantique... Après la crêperie des grottes de Matata, les tours de La Rochelle !

mardi 13 novembre 2007

XIII NOVEMBRE

Et alors ??? Et bien c'était la date idéale pour faire sortir le dernier volume de XIII, annoncé à grands renforts de publicité, de compte à rebours et de surprises prévisibles... Concours, jeux, films et séries télés, tout est exploité au maximum pour en faire un événement médiatique. Il saura qui il est, et vous aussi dans ...
On nous promet la fin du suspense, qui s'étale en longueur depuis 18 tomes, dont les fanas ont lu et relu les moindres détails, se livrant à de véritables anlyses littéraires et artistiques dignes de mémoires universitaires. Je suis certaine qu'il en existe des mémoires sur XIII, mais à défaut je vous recommande le site non officiel qui décline un maximum d'informations passionnantes sur chaque volume de la collection. Allez voir en particulier la rubrique "albums", où, outre le résumé, des images et des clins d'oeil, vous découvrirez toutes les erreurs de script de chaque épisode, détectées par des lecteurs attentifs. Ce site a le mérite de vous donner envie de relire autrement la saga de cet amnésique séduisant dont, théoriquement ce matin la véritable identité a été révélée cette nuit à minuit au Virgin Megastore des Champs Elysées.
Une manie maintenant ces lancements à sensation de bouquins ou de films. Un tapage tonitruant, des effets de spot, des coups de projecteur tous azimuts, et le maintien du public dans une transe proche de l'extase pour provoquer l'acte d'achat, comme on provoquerait un réflexe pavlovien. Les mauvaises langues, et elles ont raison de vipériner un peu, prétendent qu'il était temps que cela se termine car le scénariste a trop tiré sur la ficelle, certains épisodes passés de cette "BD culte" étant tellement tiré par les cheveux que, même les inconditionnels n'y retrouvaient pas leurs fantasmes. Je ne vous dirai donc pas qui est vraiment XIII, je n'ai pas acheté le livre et j'ai simplement pour le moment l'intention de tout reprendre à zéro car, moi aussi j'ai été déçue par les derniers tomes et j'ai, finalement, complètement perdu le fil.

lundi 12 novembre 2007

CINE WEEK END

Un secret de Claude Miller
Cécile de France est belle, très glamour, d'une élégance sculpturale... Elle incarne de façon paradoxale l'idéal aryen auquel aspire sans le savoir Bruel, juif qualifié par les siens d'"autruche antisémite"... Il refuse sa judaïté et en choisissant Tania comme on se jette dans un tourbillon tragique, il rejette sa race. Leur histoire bascule lors de l'échange de leur premier regard, et dès lors tout est tracé, tant est inéluctable l'attirance de ces deux êtres. Je n'ai pas lu le roman de Grinberg, je ne peux donc me prononcer sur la qualité de l'adaptation, mais en tant que tel, le film est émouvant. Du présent en grisaille à la redécouverte d'un passé qui reconstruit son rêve en effaçant, touche après touche, ses imaginaires d'enfant, l'histoire découvre le secret de cette famille juive déchirée par la guerre et rehabilitée d'autour de l'amour de ceux qui restent. On peut lui reprocher un casting trop éblouissant, le côté conventionnel des reconstitutions historiques, le propos parfois trop facile du réalisateur, mais le scénario est fort et son traitement assez fluide en fait un agréable moment de cinéma.

Le mariage de Tuya de Wang Quan'an

Pas vraiment une partie de plaisir, la Mongolie, c'est aride, au bout du bout du monde, la scène où Tuya quitte sa yourte pour aller épouser un ancien camarade d'école qui a réussit dans l'extraction du pétrole est révélatrice : signe après signe, la "civilisation" s'affiche, le chemin se transforme en route, les poteaux électriques surgissent, les antennes se multiplient et la ville se dessine dans un chaos confus et sinistre. Mais cette chronique sociale est attachante car les personnages sont vifs, naturels, et la super nana qui donne son nom au film est sincère et émouvante : rien ne peut l'abattre et elle dégage dans cet univers difficile et déshérité, une bouffée d'humour et de courage qui fait "re"vivre ceux qui tentent maladroitement de la suivre. Le film dénonce le modernisme et le matérialisme chinois qui menacent ces tribus nomades luttant pour une survie pénible et sans attrait, mais c'est dit sans manichéisme, de façon simple et parfois vraiment drôle.

samedi 10 novembre 2007

MALADRESSE NARCISSIQUE

Affiche de recrutement pour l'armée, placardée au supermarché : "En plus d'apprendre un métier, vous apprendrez beaucoup sur vous-même". Surprise ! Je croyais que c'était un peu ringard ça, la connaissance de soi, le travail sur soi et autres références ego-socio-psycho du temps de la méditation transcendantale,aux alentours des années 70. Ben non, ça fait encore recette, la preuve, c'est un argument de recrutement.
Perplexe, je réfléchissais sur cette forme de spiritualité actuelle, centrée sur l'ego et la nécessité qu'il y aurait à parfaire la perception de sa petite personne, pour s'en sortir dans la vie. L’introspection est devenue naturelle, voire souhaitable, mais elle dépasse parfois les limites de la bienséance. Avez-vous déjà prêté une attention neutre, objective à ces gens qu’on interroge à la radio ou ailleurs ? Je suis toujours hallucinée par la complaisance avec laquelle ils évoquent leur vie et leurs petites aventures, ne se posant nullement la question de l’intérêt que cela peut provoquer chez autrui sur une chaîne nationale. D’ailleurs, cela provoque un intérêt car nous sommes tous plus ou moins voyeurs, ne serait-ce que pour nous rassurer sur notre propre ego, et un peu badauds de surcroît, ce qui fait que tout le monde y trouve son compte. Et puis, restons lucide, j’en entends ricaner, à raison : que suis-je en train de faire avec mon Petit Re, si ce n’est très exactement la même chose ???

Allons-y pour la connaissance de soi. Cette thèse, qu'on nous serine sans la moindre discussion possible, finit par faire dogme puisqu'il est malséant de la mettre en doute. On y ajoute une bonne dose d'amour universel et de bons sentiments, et c'est l'épanouissement assuré, via la méditation et autres sources de bien-être de diverses inspirations, asiatiques ou écologiques, les choix ne manquent pas. Et l’amour ne devant en aucun cas être préhensif, il vire rapidement à un amour exclusif du moi.
Pas question donc de remettre en cause cette nouvelle doctrine qui nous tient lieu de religion, ce serait inadapté et blasphématoire, mais il m'est venu à l'esprit une idée tout bête "Mais ça avance à quoi de se connaître ?". C'est censé nous faire progresser vers plus de sérénité, plus de maîtrise de nous et d’emprise sur notre environnement. Certes, certes, mais au final, cela nous fait-il progresser ? Soit on s’impose une norme parfaite à laquelle on ne parvient jamais, par définition, et on vit dans état permanent d’insatisfaction d’autant plus difficile à supporter que, nous reconnaissant différent de cet idéal que nous nous révélons incapables d’atteindre, nous ne pouvons nous en prendre qu’à nous-mêmes et cette frustration finit par virer au dénigrement de soi. Soit on finit par se découvrir tel que l’on est, sans illusion sur son caractère, son tempérament et ses travers inéluctables. Et cela vous tombe dessus à la moindre émotion, sans pouvoir y faire grand-chose. On se retrouve prévisible donc, mais pour autant pas génial, génial. La conscience de nos limites est certes constitutive de celle de notre humanité et nous pousse, à bon droit, à exiger d’autrui qu’ils nous prennent tel que nous sommes, limites et petitesses comprises, ce qui, avouons-le, nous arrange bien. Mais la vraie humanité commence, il me semble, quand nous parvenons à intégrer l’Autre dans ce schéma centré sur notre nombril, ce qui reste le plus difficile, voire le plus pénible. Cet Autre, dont je réclame respect au nom de mon ego surdimensionné, vu de mon balcon particulier, je lui dois pour le moins de le respecter à mon tour et donc, de le connaître aussi. Mais las, la deuxième proposition, issue d’une culture par trop judéo-chrétienne bien ringarde, reste au placard, et je dois, selon les schémas modernes, d’abord consacrer mon énergie à mes états intérieurs.

J’en étais là de ma réflexion sur l’intérêt de me retrouver prévisible à mes propres sous peine de n’être que la victime passive d’émotions mal maîtrisées, quand j’entendis les nouvelles concernant l’Arche de Zoe et la déclaration tonitruante de Maître Collard concernant Sarkozy, accusant ce dernier de « maladresse narcissique » du fait de sa déclaration non moins tonitruante "J'irai chercher ceux qui restent, quoi qu'ils aient fait. [...] Le rôle du président est de prendre en charge tous les Français". Signé Zorro, à la pointe de l’épée. Certes, notre président, faisant fi de la souveraineté du Tchad et de l'indépendance de sa Justice, manque quelque peu de délicatesse, et est une claire maladresse diplomatique, mais d’aucuns soulignaient avec plus de finesse, la difficulté qu’il y a à conjuguer le rôle de diplomate avec celui de chef d’Etat. Quant au narcissisme, il se réfère directement à un problème d’image corporelle de soi, et certains sont allés, perfides, jusqu’à évoquer le 1,65m de Nicolas pour expliquer ce dérapage verbal.

Mais mon propos n’est pas de débattre sur ce sujet épineux des enfants du Darfour ou du Tchad, j’avoue bien humblement avoir pris profil bas depuis le début de cette polémique en répondant à qui m’en parlait « je n’y comprends rien », ce qui finalement s’est révélé assez justifié les tenants et aboutissants étant si fluctuants que la vérité d’un jour s’est révélée plusieurs fois le mensonge du lendemain. Et, si vous voulez m’en croire, il y aura d’autres revirements. C’est désagréable de devoir penser le lendemain l’inverse de ce dont était convaincu la veille, et mon profil bas m’a permis d’éviter cela. Non, mon propos était de me demander en quoi cela pouvait avancer Monsieur Sarkozy de vérifier, Maître Collard à l’appui, qu’il était trop impulsif et avait, sans nul doute, une idée trop chevaleresque de sa mission. Il est à craindre qu’il le sache déjà et cela ne l’a pas empêché de faire, avec sans doute les meilleures intentions du monde, on concevrait mal que ses intentions soient mauvaises, une jolie bourde.
Quant au narcissisme, que dire de celui de l'avocat qui dit de lui-même, sans fausse pudeur "Électron libre, défenseur des petites causes et des grandes, Maître Gilbert Collard est de tous les fronts judiciaires". Certains ont leur blog (ben oui, foskifo !!), lui il a son site officiel, auquel je vous renvoie afin que vous jugiez par vous-même de sa modestie !!

http://www.gilbertcollard.net/

Encore un, forcément, qui se connaît lui-même, au point de savoir identifier avec acuité chez autrui le reflet de ses propres travers ! Finalement c'est peut-être à cela que ça sert de se connaître, à moins se laisser piéger par les autres, ils ne vous impressionnent plus !!

vendredi 9 novembre 2007

ES TU SUR ?

Estuaire, la cause est en de bonnes mains ! Le maire sortant de Royan, même s'il a décidé, à vrai dire un peu poussé vers la sortie, de ne pas se représenter, semble faire une affaire personnelle de notre problème méthanier. Témoin l'article de Sud-Ouest d'hier qui énumère, enfin, tous les aspects faibles du projet, et surtout les arguments qu'il est bon d'opposer au clan PAB-4Gas, et ce, de façon nettement plus construite que tout ce qui a été dit jusque là. Et surtout, plus incontestable.

jeudi 8 novembre 2007

ADDICTED TO MILLENIUM

Ce matin, Michel est complètement vaseux... "j'ai très très mal dormi... je me suis réveillé je ne sais pas combien de fois, et je suis épuisé !" C'est une grave intoxication qui sévit actuellement à Meschers... les filles, vous avez de la chance étant loin, vous n'êtes pas touchées. Mais vous ne perdez rien pour attendre ! Je sens que les vacances de Noël vont être silencieuses : ici, on lit...
C'est Françoise qui est à l'origine de cette addiction, puisque c'est elle qui nous a offert le premier tome de la trilogie de Larsson, "Les hommes qui n'aimaient pas les femmes". Il paraît qu'en ce moment les murs du métro sont couverts d'affiches publicitaires vantant ces romans aux titres accrocheurs, "La fille qui rêvait d'un bidon d'essence" et "La reine dans le palais des courants d'air". Mais au début, Actes Sud, éditeur discret et modeste, ne savait pas qu'il avait fait la bonne pioche en publiant cet auteur suédois inconnu. Les premières ventes se sont faites par le bouche à oreille, et la pub a suivi pour le tome 3, alors que les autres se vendaient au-delà des espérances les plus folles des directeurs éditoriaux. Il semble même que les tirages explosent. Certes tous les ingrédients sont là pour faire un tabac, en particulier le "mystère" autour de l'auteur. Un journaliste brillant, connu dans son pays, qui publie à 50 ans ses premiers policiers. Il les a écrits "pour assurer ses vieux jours". Ironie du sort, à peine a-t-il eu déposé ses manuscrits chez l'éditeur, qu'il est mort, foudroyé par une crise cardiaque. Idéal pour créer la légende !
Mais surtout ce sont de remarquables romans, centrés sur deux personnages hors du commun : Mikael Blomkvist, un journaliste (tient tient !!) d'investigation qui s'est spécialisé dans la révélation de scandales économiques ou de toute nature. Il présente le look moral de tout bon héros de BD, un genre de XIII très clean, et hyper séduisant. L'autre personnage, Lisbeth Salander, est une asociale totale : tatouée, d'une maigreur épouvantable, on n'arrive pas à savoir si elle est moche ou jolie, limite gothique, étiquetée psychopathe par les services sociaux, elle est en fait d'une intelligence et d'une perspicacité sans bornes. Le troisième personnage de la trilogie c'est la Suède ou plus exactement, la société moderne. Même s'il se trouve en l'espèce qu'elle est suédoise, elle est globalement universelle dans ses travers : les magouilles économiques, la menace fasciste, les services secrets, le trafic de femmes, la prostitution, l’espionnage, la monde de la psychiatrie, la politique, la solitude, le rejet des marginaux, tout est évoqué sans que jamais le trait ne soit lourd, ni le style pesant. C'est passionnant de bout en bout, et Dieu sait que ce sont des pavés. Malgré la densité, voire la méticulosité du récit, le style reste simple et clair. Il me semble cependant que la traduction n'est pas toujours à hauteur, il y a de fréquentes incorrections dans l'usage de la concordance des temps du premier tome, mais soit ce sont des traductions littérales, donc peut-être révélatrices d'une absence de concordance des temps en suédois, soit ce sont des maladresses vénielles.
Vous l'avez compris, alertés et désolés par le décès de ce pauvre Larsson, et même si on annonce déjà (légende oblige) un tome 4 posthume, fruit de nombreuses notes déjà accumulées par l'auteur, nous "économisons" les bouquins. On aurait envie de les dévorer, mais on se fait gourmets pour en profiter plus longtemps. Michel vient de finir le tome II (le pauvre !) et moi je termine le tome I. Nous nous accordons quelques chapitres chaque jour avec délectation, et lundi soir, en posant son livre avec regret, Michel m'a dit "tu te rends compte, je vais devoir attendre toute la journée demain, pour savoir la suite"... En fait, en ce moment, nos soirées sont linéaires et silencieuses : rien ne saurait nous faire renoncer à ce moment de plaisir attendu avec impatience !!!! Impatiente de continuer la série, je vous rappelle que je croque les bonbons, je demandais à Michel quand il compte commencer le tome III. "Oh, il me faut une période de repos, sinon mon pauvre petit coeur n'y résisterait pas. Je comprends qu'il soit mort d'une crise cardique, ce pauvre homme. Quelle nuit, il fallait que je finisse hier soir, mais cela m'a achevé !". Donc je patienterai avant d'entamer le II car sinon nous aurons une grave crise interne.
Alors si vous ne faites pas encore partie des initiés, je vous le recommande très fort : précipitez-vous dans la première librairie et achetez les trois tomes. Vous vous constituerez ainsi une super provision pour l'hiver, à lire au coin du feu, à déguster sans modération. Même si la crise cardiaque vous guette, il faut savoir vivre dangereusement, et les plaisirs ne sont jamais innocents, sinon il sont sans saveur ! Car si vous attendez qu'ils soient disponibles à la bibli de votre quartier, vous n'arriverez jamais à mettre la main dessus, et il faudra les lire trop vite pour pouvoir les savourer.

lundi 5 novembre 2007

RETOUR AU BERCAIL

Super ce séjour à Bruxelles, rien à dire, au contraire. Outre le plaisir de passer 5 jours avec notre petite fille, des expos passionnantes, formidablement documentées et bien faites, un temps plus qu'acceptable même si le gris l'a emporté, un hôtel plus que parfait et un tas de bonnes bouffes belges pour scander le tout. Mais y a pas à dire, et au risque de me répéter, il est superbe notre estuaire ! Déjeuner printanier sur la terrasse, promenade délicieuse sur les plages jusqu'au soleil couchant, un paysage de rêve, et surtout la magie de la lumière, changeante, vibrante, une palette de couleurs défiant celle de tous les peintres réunis et de toutes les expositions du monde !Notre estuaire, nous lui avons fait faux bond : dimanche il y avait une manif sur la plage de St Georges, et nous n'étions pas là ! Les manifestants se sont couchés sur la plage pour écrire en lettres humaines leur opposition au projet méthanier :
OUI A L'ESTUAIRE PROTEGE
NON AU METHANIER

L'événement a même été salué par 2 articles du Monde, preuve s'il en est que l'affaire est sérieuse !
Prochaine manif, le 24 novembre à Bordeaux... Je ne sais pas su j'aurai le courage d'y aller seule, c'est un samedi et Michel travaille, mais bon, la cause vaut le déplacement !

dimanche 4 novembre 2007

NICOLAS QUELQUE CHOSE

Quand vous appelez Nicolas Le Beuan Bénic, et que vous êtes artiste, pour qu’on se souvienne de vous, il faut trouver une idée géniale… c’est ce qu’a fait cet ancien pharmacien belge qui peint la chlorophylle et que nous croisé au détour d’une galerie d’art !! Il a misé sur l’adresse de son site, que j’ai retrouvé sans problème :

http://www.nicolasquelquechose.com/

Ce n’est pas la photo de la galerie en question, mais celle de la brasserie voisine, avec une tentative d’autoportrait en bas à droite !!!

Bon, pas de doute, ce dernier matin, nous traînons un peu les pieds, la fatigue certes, mais aussi un manque d’enthousiasme généralisé pour aller voir notre dernière expo consacrée à l’atelier de Rubens… j’ai même entendu quelqu’un dans les rangs dire (je ne cafterai pas en disant qui !!) « Allez, plus vite on y va, plus vite on en sera débarrassés ». Et pourtant !! Une vraie réussite cette expo ! Un énorme travail de recherche sur la répartition des taches entre le maître et ses collaborateurs est décliné par des parallélismes, des comparaisons, des mises en valeur de détails frappants. Le tout présenté de façon claire et aérée, très bien pensé, parfaitement compréhensible, voire attractif. Nous sommes entrés en n’ayant pour Rubens qu’une estime « culturelle », un peu comme un devoir, nous sommes ressortis en aimant son œuvre. Prêts à aller à Anvers pour visiter sa maison et parcourir la ville sur ses traces !

Rubens : l’atelier du génie

Nous avons terminé notre séjour à la brasserie du musée, un cadre assez époustouflant, noir et blanc, très zen mais original, lumineux et élégant. L’accueil était sympathique, même si le service s’est ensuite révélé franchement désagréable, nous avons passé un moment délicieux. La cuisine, étoilée et toquée, était succulente et raffinée. La carte des vins proposait des blancs « vifs, nerveux, septentrionaux »… ou « plus riches, plutôt méridionaux, voire centraux, quoique… » à moins que ce ne soit « pour faire plaisir à vos beaux parents, de partout ! ». Et bien sûr on pouvait les préférer « doux, doux, doux ». Quant aux rouges, le choix se faisait entre des « souples, peinards, à boire comme ça », « des plus costauds, pas lourds, mais présents » et les derniers « en prenant le temps de faire un peu attention ». Sauf bien sûr à choisir des bières « hop, hop, hop » !

La brasserie du musée

samedi 3 novembre 2007

LE SOURIRE RETROUVE

De bon matin, toujours armés le matin d’un courage sans faille, nous avons pris le métro pour la basilique du Sacré Cœur, un bâtiment hallucinant, né de l’admiration du roi Léopold II pour le monument homonyme parisien, et qui, au début du 20ème siècle avait prévu d’en construire une réplique encore plus grande dans la proche banlieue bruxelloise. Devant le manque d’enthousiasme de ses ministres, il était décidé à en payer une partie sur ses fonds personnels tant le projet lui tenait à cœur. La Première Guerre Mondiale mit un terme à ce chantier mirifique, et tout resta en plan jusqu’à la fin des années 20, les catholiques Belges décidant alors de reprendre à leur compte la construction, selon des canons assez hybrides, l’argent manquant, la mode du néo-gothique ayant disparu, et le chantier traînant en longueur. Le résultat, terminé dans les années 50 et fini de payé vers 1970, est proprement étonnant. Démesurée, elle mêle le néo-byzantin et le style bahaus, modestement construite en béton armé, dissimulé sous un parement de briques et de terres cuites imitant le marbre. L’ensemble a, malgré son allure pâtissière, une certaine allure.

Le but de notre équipée n’était nullement la basilique, mais l’exposition qu’elle abritait, consacrée à Léonard de Vinci. Une exposition labyrinthique presqu’exclusivement didactique puisqu’elle ne présentait que très peu d’œuvres du maître, et beaucoup de fac-similés, selon un parcours habilement organisé qui nous introduisait tour à tour dans les différentes facettes de l’art léonardesque. Elle s’articule autour de quatre thèmes : l’homme, l’artiste, l’ingénieur et l’humaniste. Pour faire court, j’ai soigneusement recopié la liste supposée exhaustive de ses talents : peintre, sculpteur, architecte, musicien, chanteur, anatomiste, savant, géomètre, astronome... au secours, Hélène, j'ai perdu la liste !!

Exposition Léonard de Vinci

Nous sommes revenus en nous chamaillant un peu pour déjeuner dans le centre, la raison de notre affrontement étant la perception que nous avions de l’exposition : Michel n’en a pas aimé le principe, trop de copies selon lui, et une réelle mauvaise humeur devant un montage trop factice, et Hélène et moi l’avons trouvée très bien faite. Il était prévisible que le nombre de Vinci serait très restreint, il y avait quand même pas mal de dessins et deux ou trois toiles de lui, mais l’ensemble était vraiment cohérent, bien orchestré et les fameuses copies, d’excellente qualité, permettaient de suivre la carrière du peintre de façon détaillée et très pédagogique. Certes, ce genre d’exposition est « une pompe à fric », mais toutes les expositions ne sont-elles pas devenues des sources de gains touristiques avoués, avec produits connexes et activités lucratives adjacentes, les raisons qui motivent les mécènes et organisateurs d’événements culturels n’étant jamais à proprement parler philanthropiques ! Nous avons fait valoir que sans cette expo, nous n’aurions jamais vu la folle basilique des années 30, et de plus qu’elle nous a permis de découvrir un site consacré à la Joconde que je vous recommande : on y voit, à la suite d’un travail multispectral, particulièrement compliqué (sur le site, une vidéo en explique les tenants et aboutissants scientifiques) Nous avons terminé notre débat en nous mettant d’accord sur un excellent vin argentin, qui a réconcilié tout le monde !

Dévernissage virtuel de la Joconde

Notre deuxième exposition du jour a, elle, fait l’unanimité : consacrée à l’expansionnisme économique et religieux des portugais aux XVI et XVIIèmes siècles, elle présentait avec une rigueur, une clarté et un goût parfaits les différentes étapes de ces conquêtes. On voyage du Brésil à la Chine, en passant par le Japon, dernière conquête portugaise, l’Afrique et l’Océan indien. Voyage aux pays des épices, donnant lieu à des importations massives d’ors, de métaux rares et de pierres précieuses, utilisés dans des objets de conception parfois locales, parfois portugaises. Au long de l’exposition on croise des œuvres contemporaines, sinon belles, du moins adaptées et bien intégrées au discours général.

Autour du globe

En soirée, détente fitness et dîner belge, Michel voulait des moules frites, ont terminé la journée tout à fait dignement.

vendredi 2 novembre 2007

LE MYSTERE DU POISSON CHAT

Aujourd’hui, journée Gand, Gent comme on dit ici. Après nous être légitimement interrogés sur la manie que nous avons de franciser à tort et à travers les noms de villes étrangères, trouvé notre train, renseigné une anglaise affolée et embarqué pour une demie heure de plat pays un peu grisâtre, le soleil n’était plus vraiment de la fête, il bruinait sur Gand. A l’arrivée, dans une des gares les plus moches qu’on puisse imaginer, nous avons entrepris méthodiquement le tour de la gare, et à part les parkings à vélo, les travaux inévitables, et les flamands pas vraiment accueillants, pas moyen de trouver la moindre indication. Nous avons donc opté pour le taxi vers la cathédrale Saint Bavon, pardon Baaf… le chauffeur de taxi au visage buriné et aux traits pleins de caractère, arborait une crinière à locks disciplinés, un look assez réussi de sauvage maîtrisé. Il nous a entrepris sur la nécessité, lors de notre passage à la cathédrale d’adresser, à toutes fins utiles, une prière aux saints environnants pour trouver la force de supporter le stress de l’argent qui domine tout. Rassurés par notre statut de français de France (j’imagine, vu l’ambiance actuelle que les wallons en arrivent à se prétendre français pour éviter l’animosité de leurs compatriotes flamands), il s’est épanché. Apprenant que nous venions du Sud Ouest, il nous expliqua qu’il faisait des stages d’arts martiaux et de techniques de relaxation en général vers Cambrai, mais qu’il y avait aussi un centre du côté du Temple sur Lot. Puis il nous déclara qu’il venait d’entendre une nouvelle particulièrement réjouissante venant de France, concernant l’écologie, il parlait selon toute vraisemblance du Grenelle de l’environnement. Selon lui, nous avons en la matière une très bonne politique, et il s’est extasié sur l’état de la Seine. Devant notre air un peu dubitatif, il entreprit de nous expliquer que les pêcheurs y étaient de plus en plus nombreux et heureux, y trouvant abondance de silenus de taille majestueuse. Commença alors une longue leçon d’aquaculture. Nous avons énuméré consciencieusement tous les poissons de rivière que nous connaissons sans arriver à identifier le silenus gradis, dont il nous dessina la silhouette sur un carnet. Arrivés à destination il abandonna vaguement découragé, concluant que nous n’étions pas spécialistes en poisson, ce que nous lui avons confirmé en éclatant de rire, et en lui promettant de se documenter le soir même. Ce qui nous a permis de constater que notre nullité était fort excusable, le silène étant en effet fort prolifique en France, mais uniquement dans les rivières de l’est et dans le Rhône.

Il était temps d’entamer gaillardement notre visite de Gand. Le polyptique majestueux des frères Van Eyck nous a longuement retenus, c’est un de ces chefs d’œuvre absolu, que tout commentaire affadirait. Nous avons pu en faire et refaire longuement le tour, en apprécier longuement tous les détails, avant de nous hasarder sur la grand-place toute triste et gothico-diverse, et de décider une halte au « café passion » pour un déjeuner sympa en terrasse.

Le polyptique de l’Agneau mystique

Ensuite, nous avons pris le tram jusqu’à l’exposition British Vision, qui avait justifié notre excursion. Armés d’un solide optimisme et d’une bonne volonté dans faille, nous nous sommes attaqués à 2 siècles de peinture anglaise, dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle mérite le relatif oubli dans lequel ont sombré ses artistes. Nous avons vaillamment approfondi notre connaissance des préraphaélites (qu’Hélène a détestés en début d’expo, mais finalement trouvé intéressants par rapport au reste), détesté toujours aussi cordialement les peintures de satire sociale dont le chef de file est l’incontournable Hogarth, été déçus par les paysagistes malgré notre désir de nous extasier sur Constable, trouvé les quelques Turner vraiment trop esquissés pour retenir vraiment l’attention, admis à titre de curiosité l’art de guerre et ses expressions tragiques, parcouru les visionnaires sans vraiment être happés par leur propos, et cordialement exécré la modernité et ses représentants les plus marquants. Bref, à part quelques toiles, dont 2 ou 3 Bacon qui reste finalement une valeur sûre, la découverte de la désespérance dramatique et talentueuse de Lucian Freud, nous avons été appliqués, attentifs, heureux de ne pas mourir idiots, mais pas franchement convaincus par l’art anglais.

L’espace de sport et la piscine de notre hôtel ont encore été les bienvenus pour effacer les fatigues de la journée et avant de terminer par un repas indonésien auprès d’un faux feu de bois, bien propre à nous remonter le moral !!

jeudi 1 novembre 2007

C'EST UNE GUEILLE DE BONDE OU UNE OEUVRE D'ART ?

Aller à Bruxelles c’est déjà le plaisir de survoler l’estuaire, notre si précieux estuaire, et de repérer de là-haut les falaises de Meschers et les plages de la côte royannaise. Le temps était tellement clair mercredi qu’on eut dit une carte de géographie, histoire de vérifier qu’un site méthanier sur ce langoureux ruban serait particulièrement malvenu. En réponse aux interrogations de tonton, lecteur attentif du Petit Re, comment être à Bordeaux hier pour fleurir les tombes (article à l’appui !) et lui souhaiter aujourd’hui son anniversaire depuis Bruxelles ?? En prenant un coucou d’une quarantaine de places à Bordeaux Mérignac… Quant à l’arrivée sur la Belgique au soleil couchant, ce fut un enchantement, un vrai tableau de paysagiste hollandais.

Nous avons retrouvé la capitale belge avec toujours le même plaisir. Notre hôtel, construit ou plutôt sauvegardé autour d’une tour médiévale sombre, est particulièrement agréable. Outre un confort parfait, il nous propose un centre de Fitness, avec piscine et hammam, dont nous sommes Hélène et moi, de ferventes utilisatrices, tant c’est agréable après les longues journées muséographiques qui mettent les jambes en compote et le dos en marmelade.

Cette année Europalia est consacré, non à un pays particulier d’Europe, mais à l’Europe elle-même. L’exposition principale, le Grand Atelier, retrace au travers d’une vingtaine de « chambres » (la préciosité du commissaire de l’exposition lui a fait rebaptiser ainsi les salles) l’histoire des échanges économiques, artistiques et culturels, entre le Vème et le XVIIIème siècle. Les voies navigables, les chemins commerciaux, les routes de pèlerinages étaient autant de moyens de croiser les savoirs et de transmettre des influences. Chaque section est consacrée à un moyen d’expression et à ses caractéristiques en termes de transmissibilité, le dessin ou le livre étant des vecteurs d’échange plus aisés que la sculpture sur pierre ou les grands retables. Nous avons donc commencé notre séjour bruxellois par la visite de ce grand atelier qu’a toujours été l’Europe, tout simplement parce que nous étions en forme et que l’exposition est longue. La photo d'Hélène et Michel a été prise alors qu'ils regardaient un ballet moderne improvisé, qui les a laissés perplexes...

Le Grand Atelier

Après cette expo savante et vraiment passionnante, nous avons choisi une manifestation facile, Brillante Europe. L’évocation de près de 8 siècles de joaillerie de cour, d’une qualité exceptionnelle, et présentée avec beaucoup de talent. Ces marques de puissance et de gloire portées par les plus grands souverains d’Europe nous ont permis d’admirer des joyaux splendides, de comprendre leur symbolisme selon un cheminement historique rendu très lisible par des rapprochements, des illustrations prises dans de nombreux documents historiques et artistiques. Les joyaux figurant dans des peintures, des gravures, des photos plus tard, et étant entourés de tous les accessoires nécessaires à leur préservation et à leur utilisation, boîtes, coffrets, l’exposition était finalement très variée. Hélène a voulu la suivre avec l’audio-guide enfant, qui était étonnamment bien fait, et pas si simpliste que cela, ce qui nous a valu de nombreuses anecdotes marrantes ou tragiques et une visite très agréable. Dans la dernière salle, il nous a suggéré de nous faire offrir par Michel le diadème que nous aurions choisi, il faut dire que le choix était vaste, la salle des coffres abritant une bonne vingtaine de diadèmes somptueux. Nous avons finalement décidé que ce type de coiffure était bien difficile à porter, voire inélégant, et rassuré Michel qui commençait à paniquer ferme.

Brillante Europe

En se déplaçant à travers les rues et les places, on croise une autre expo, Agorafolly : la place étant depuis le Moyen Age le lieu de rencontre, de contacts privilégiés des marchés et des foires, on a décidé d’y donner la parole à 27 jeunes artistes européens, et notre grande activité du séjour est de trouver si le truc bizarre qu’on voit sur la place est ou non une de ces œuvres d’art. Quand c’est une chatte faisant du vélo, des colonnes tordues en mousse à matelas délavée, un cylindre couvert de photos de cinéma en noir et blanc, ou une machine infernale avec des grands gants en plastique multicolore il n’y a pas d’ambiguïté. Mais parfois, pour peu que la photo soit un peu trop belle, on se demande si c’est une pub pour un berceau. Ailleurs, un long discours ésotérique tente de nous convaincre qu’un cadre abritant quelques tubes de néon éteints est « une conception spatiale qui défie notre perception normale et rend possible une nouvelle expérience de l'espace ». Ailleurs de simples ronds indiquant latitude et longitude, nous font parcourir les capitales européennes, en tentant de nous persuader que « Le concept à la base de ces œuvres consiste à utiliser la grammaire de la signalisation publique en vue de créer des espaces ludiques questionnant notre vie quotidienne ». Le clou ? Quand on avise une simple antenne satellitaire devant la cathédrale, et des chaises longues en face, il faut de la bonne volonté pour y voir une œuvre d’art, conçue en collaboration par trois artistes tchèques. Mais finalement nous n’avons toujours pas pu déterminer si les chaises longues faisaient partie de l’œuvre ou avaient un but utilitaire dans le square.

Après un peu de sport et un bon bain, fin de soirée dans un estaminet confiné mais sympa. Waterzoï et bière au programme, pour s’imprégner de Belgitude !

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