dimanche 31 janvier 2010

UN DIMANCHE A LA PLAGE

La plage des Nonnes, quand le mois de janvier prend des allures de fête
 
"L'amour est dans... le spray..." dixit Funky Meschers, triste aphorisme des temps modernes !
Ombres portées, la lumière était notre alliée aujourd'hui
Reportage sur téléphone Nokia !!

samedi 30 janvier 2010

JOUR ECHANGE


Parce que ce qui fait la richesse de nos blogs, ce sont nos échanges, aujourd'hui je me consacre à vous répondre, vos commentaires sont tellement riches, et à lire plus attentivement vos derniers billets ! Tout cela en grignotant des lokhoums, ce qu'Alter appelle mes goûts pervertis... C'est lui qui me les a offerts, achetés à l'exposition de Byzance à Istanbul. Et le traitre, il en a pris à la pistache, ceux-là sont bons, mais aussi à la rose, une vraie horreur ! Ne vous étonnez pas après cela si mes commentaires sont sirupeux !

PS J'en profite pour ajouter une réaction à l'article d'hier : concernant le choix des livres, j'annonçais ma décision de lire Le Consultant de François Proust, séduite par le joli minois de l'organiste du Titien et la 4ème de couverture "à partir d'exemples vécus ou de faits historiques, l'auteur montre qu'hommes et femmes vivent autant de passions au travail que dans leur vie privée... et cherchent dans leurs activités humaines des moyens de sublimation" (mal écrite entre nous cette quatrième, je le réalise maintenant, j'aurais dû me méfier).
Le prologue ne m'a pas déplu, enlevé même si l'humour était un peu factice. Mais ensuite, une vraie cata. J'ai atteint hier soir la page 77 avant de jeter rageusement le bouquin par terre ! Je vais faire un effort, limité, car les pages qui suivent se prétendent une rétrospective historique du "management avant et après Jésus Christ"... mais je n'insisterai pas trop, c'est pédant, mal écrit et confus. Voilà à quoi mènent certains choix pas très éclairés !!! Une reproduction du Titien ne peut en aucun suffire à faire un bon bouquin, quelle imprudence !

jeudi 28 janvier 2010

LE COMPTEUR...


Nous parlions récemment des sites qui hébergent des publicités pour toucher quelques subsides, de Wikio et de son classement qui permet de se situer sur l'échelle de la popularité... et surtout, car notre petite communauté est pétrie d'humanisme (teinté d'épicurisme : le porte drapeau étant en la matière Idées Heureuses : lisez son qui êtes-vous) nos états d'âme concernant nos blogs.

Nous sommes tous et toutes plus ou moins des amoureu(ses)x de la chose écrite : nos tables de chevet le prouvent sans conteste. Nous aimons les carnets, les croquis ou les photos, selon le temps disponible, les talents ou simplement l'audace que nous sommes à même d'exprimer.
Et parfois, comme Sacha dans son billet anniversaire, comme Colibri dans le commentaire dont elle l'accompagne, nous nous demandons ce que nous fichons là, avec cette quasi addiction au billet quotidien. Le nôtre que nous essayons de rendre neuf chaque jour, même quand l'inspiration fait défaut ou que notre vie est trop plate pour nous fournir ne serait-ce qu'une aspérité sur laquelle rebondir. Et celui de nos copinautes (le mot est d'Oxygène et a été repris avec enthousiasme à la ronde), dont nous sommes ravi(e)s d'avoir des nouvelles, drôles parfois, sincèrement affecté(e)s quand une épreuve les touche et qu'il(elle) nous en parle pour évacuer le trop-plein de tristesse ou de blues. Les commentaires, je l'ai remarqué, parfois simple coucou quand tout va bien, deviennent plus circonstanciés, pensés, écrits avec le coeur, quand l'autre est dans la peine.

Et pourtant, nous nous interrogeons, nous doutons de l'efficience de ce temps (perdu ???) passé à écrire, à faire des montages photos, avec application, avec le souci de bien faire pour partager avec des inconnu(e)s quelques moments marquants. Certain(e)s construisent avec fidélité des rendez-vous hebdomadaires pour faire le point comme Lulu et son JDD... quel travail !! Et nous continuons, nous renâclons parfois, nous avons des doutes et des hésitations, mais le lendemain nous sommes encore là. Pour combien de temps, l'avenir nous le dira, car rien n'est plus incertain que cette nébuleuse mystérieuse qu'est l'amitié bloguistique. Comme nous nous disions avec l'une d'entre vous qui se reconnaitra, le jour où nous nous sommes rencontrées "pour de vrai", nous avions ce jour-là l'impression de nous connaître depuis une éternité ! Magie de l'échange internet, sincérité absolue de ces billets où, sauf à être vraiment paranoïaque, on apparait au fil des jours en toute transparence. Même si on reste pudique, prudent, réservé, à travers les choix des sujets, les commentaires postés de ci de là, les images publiées, nous sommes, pour ceux qui nous suivent avec amitié, vite mieux connus.
Mais le sujet de mon article n'est pas, contrairement à l'apparence, pourquoi blogons-nous ? Sujet qui d'ailleurs fait la "une" des blogs avec une régularité de métronome, tant la question est intrigante. Je voulais en réalité juste parler des compteurs : l'introduction d'un tel outil sur un blog peut sembler pédante et inutile. Et, de fait, sans doute l'est-elle... sans compter que parfois avec cet indicateur, on introduit un loup dans la bergerie, faute d'être assez doué en informatique pour comprendre le petit logiciel qu'on colle sur son site. Mais je tiens au mien, d'abord car il me permet chaque jour de m'émerveiller qu'une vingtaine ou une quarantaine de personnes soient passées par là... C'est encore étonnant d'être lu, ou au moins vu. Et surtout parce qu'il réserve parfois des surprises qui émeuvent : ainsi, avant hier jour de l'article sur "Contes de l'âge d'Or" j'ai eu la visite de 2 roumains... Quand je vois qu'il y a eu un lecteur Chinois, je sais qu'Emmanuel est passé par là. Les suisses et les canadiens sont bien sûr vite identifiables. Mes amis italiens aussi !! Et pour le fun, je trouve parfois un grec, un indien ou un hongrois... Chaque fois, je m'enchante de la puissance de l'Internet et suis toujours très impressionnée. Ces visites sont modestes, et le compteur n'est pas là pour me rengorger, mais ses annonces me font toujours plaisir. Pas autant que vos commentaires, toutefois !! Qui eux sont autant d'étonnements quotidiens, à cause de leur qualité, de leur implication, de leur indulgence.

mardi 26 janvier 2010

MAREE BASSE


Le titre, c'est Alter qui l'a trouvé... Nous nous promenions dimanche, profitant des rayons du soleil joyeusement revenus, ravis de mettre enfin le nez dehors après des jours de réclusion... Réclusion, travail à outrance, problèmes divers, la vie va comme elle va, mais parfois certaines périodes sont difficiles et on compte sur ses doigts les jours qui sont supposés vous rapprocher d'une période plus douce. Mais là n'est pas le problème ! Le souci, c'est que des cycles comme celui-ci ne sont pas très porteurs en terme d'inspiration "bloguistique".
Je déambulais donc, mon éternel téléphone portable à la main, et avisant une troupe de canards en train de se chamailler pour quelques miettes de pain apportés par un visiteur du dimanche (c'est la grande activité dominicale sur le port de Meschers !), j'agite mon ersatz d'appareil photo, cadre tant bien que mal une image floue, et déclare pour excuser cette activité aussi inutile que ridicule "Faut bien que je trouve un sujet pour mon prochain article"... comme si j'allais consacrer un article à vous parler des canards sur le port de Meschers !

Alter, imperturbable, m'assène :
-Tu l'appelleras Marée Basse
- ???
- Et oui, la marée est bien basse...
- Certes mais ce n'est pas très photogénique, de là à en faire un article ?
- Ah, si, pour des parisiens en tout cas, c'est exotique.
- !!!
- Et puis, cela veut dire "manque d'inspiration"
Voilà, il a trouvé mon Alter, parfois on manque de sujet... et on fait "les marronniers de l'été"... Plein de compassion, il ajoute :
- Tu leur as déjà parlé des petits ports de l'estuaire ?
Mais non, je n'en ai jamais parlé, cela me semble tellement évident !
Les petits ports de l'estuaire, vous savez celui qu'on s'est mêlé de vouloir défendre pour lui conserver son authenticité, "sont nés à l'embouchure des Esteys, affluents du fleuve soumis aux marées. Leurs cales et berges empierrées permettaient l'accostage des gabarres et des yoles, mais aussi des barques à fond plat remontant les canaux qui s'enfoncent dans les terres.
Ils ont connu, à compter du XVIII° siècle, grâce au transport des produits agricoles et en particuliers viticoles, un essor économique qui dura 2 siècles. Si le transbordement de passager,s offert par plusieurs compagnies maritimes pour les rallier depuis Bordeaux à Royan, disparaît progressivement après 1950, la pêche est restée une activité traditionnelle"
Selon Wikipédia, il existe une quarantaine de ports sur la Gironde : des ports industriels en minorité mais le plus souvent visibles, des ports de plaisance et des ports de pêche naturels. Ces ports sont le plus souvent en retrait dans les terres pour être à l'abri des courants. Ils prennent place dans les anciens marais de la Gironde. Ces petits abris naturels sont tous peu ou prou construits selon le même principe : les quais, les écluses, les cales de mise à l’eau sont généralement en pierre, les pontons, les estacades, les échasses des carrelets qui s’alignent à proximité sont en bois, et tout autour, l’herbe et la végétation sont omniprésentes. Authentiques havres de paix, étonnantes haltes à l’ambiance très « nature » il faut les découvrir à pied, à vélo ou bien sûr en bateau.


Je cite encore Wikipédia :
La pêche dans l'estuaire de la Gironde est surtout une activité centrée sur les poissons migrateurs : aloses, maigres, anguilles et lamproies,et surtout les petites crevettes blanches caractéristiques des estuaires.
La pêche de la pibale est une grande tradition dans l'estuaire, c'est aussi la plus lucrative. Ces alevins d'anguilles sont pêchés dans l'estuaire grâce à des chalutiers portant de grands filets latéraux, les « pibalours ». Ces embarcations sont aussi nommées "bateaux libellules". Depuis les années 1980, la pibale est vendue sur les marchés asiatiques et bénéficie d'une forte valeur ajoutée. Mais la ressource s'épuise et de moins en moins de pibales remontent l'estuaire de la Gironde.
La lamproie et l’alose se pêchent au printemps. La lamproie est cuisinée à la bordelaise dans son sang et du vin. Enfin, la pêche au maigre est très prisée et insolite dans l'estuaire. Ce poisson se reproduit dans l'embouchure de la Gironde au niveau du Banc des Marguerites. Le mâle pousse des grognements qui alertent les pêcheurs : c'est une pêche « à l'écoute ».

La pêche est très répandue le long de l'estuaire. On retrouve de nombreuses cabanes sur pilotis le long des rives permettant de descendre un filet carré (le carrelet) à l'eau. Le terme de carrelet s'applique également à la cabane de pêche. C'est une pêche au hasard (on remonte régulièrement le filet et on n'utilise aucun appât) pratiquée par les amateurs.
La pêche de l’esturgeon enfin, est totalement interdite depuis 1982. À partir des années 1920, l'esturgeon - appelé localement créa ou créac - était pêché afin de récupérer le précieux caviar. Mais, du fait de la destruction des lieux de ponte (gravières de Dordogne et de Garonne) et d'un pêche excessive, l'espèce est en danger de disparition. Depuis les années 1980, un effort de sauvegarde de l'espèce a été mis en place dans l'estuaire ; mais sans grand succès.

lundi 25 janvier 2010

LEGENDES DU TEMPS DE CEAUSESCU


Les contes de l'Age d'Or : un petit bijou dans la forme et sur le fond, à ne rater sous aucun prétexte s'il passe à portée de main ! Certes, le propos, qui raille les conséquences loufoques de la logique perverse d'une dictature terrifiante, a déjà été moultes fois traité par les rescapés de ces régimes dévastateurs. Ici, l'absurdité du système, les petits accommodements avec le quotidien, les déviances consenties et les petites joies d'un univers bouffé par des conditions de vie précaire et le carcan de Ceausescu sont évoqués au détour de "contes urbains", faits pour faire rire sans pour autant excuser le passé. Des tranches de vie de gens ordinaires, soumis à des pressions politiques absurdes et aux vexations inutiles de quelques tyraneaux de village nous racontent le communisme roumain, un peu sur le mode des comédies italiennes des années 60. Le réalisateur Cristian Mungiu explique :
"Nous, Roumains, considérons ces "légendes urbaines" comme des histoires vraies, transmises par le bouche-à-oreille. Elles étaient le sujet de conversation principal lors des longues queues dues au rationnement. L'humour a maintenu les Roumains en vie, et ce film tente de retrouver cet esprit. Le projet est de replonger avec une certaine nostalgie dans l'époque de notre adolescence, dans les années 80, à travers la musique, le langage, les objets et les stéréotypes de cette époque. Le film offre le portrait d'une nation qui tente de survivre au jour le jour face à la logique implacable d'une dictature, révélant au passage les aspects comiques d'un système politique qui se prend trop au sérieux."
Il développe comment il a souhaité que ce film décrive la réalité des situation jusqu'au plus petit détail :
"Le film se compose d'histoires reliées par l'ambiance de l'époque, et les détails historiques: la seule voiture que vous pouvez voir dans les rues est la version locale de la Renault 12, la Dacia ; il n'y a que deux heures de programme à la télé ; tout le monde vole dans les réserves de l'Etat ; la nourriture est plus importante que l'argent ; vous devez obéir au Parti, même si ses ordres sont parfaitement illogiques et farfelus. Tout le monde porte un masque de lassitude, et pourtant, au fond d'eux-mêmes, tous sont bien en vie, et cherchent à aimer et être aimés."
L'ensemble est joyeux, enlevé et traité avec un souffle délicieux. Quatre courts métrages bien équilibrés, des saynètes plus humaines que franchement méchantes, émouvantes parfois, simples sans tomber dans la caricature. La chute est toujours délicieuse, le rythme vif et pas geignard pour deux ronds. D'un point de vue technique, c'est parfois un peu artisanal, du moins cela en donne l'impression, mais sans que cela nuise réellement au propos. Il me semble qu'on ne peut qu'aimer ces petits contes réalistes et que si vous avez l'occasion de le voir, vous passerez un agréable moment.

samedi 23 janvier 2010

LES VACANCES DE WOLFGANG AU TYROL



La journée avait plutôt bien commencé, par un de ces levers de soleil sur Talmont qui rendent lumineux le chemin vers le boulot. Quand le soir est arrivé, les scories de la journée avaient quelque peu émoussé l’énergie des troupes, et un changement d’air s’imposait. Bordeaux, le Grand Théâtre de Louis, les ors étincelants de son foyer récemment restauré, la perfection majestueuse de son voile de pierre, l’élégance raffinée de son escalier monumental, cela suffit déjà à vous changer les idées quand elles sont noires. Et si l’objet du voyage est la Flûte Enchantée, il faut avouer que la détente est alors à son optimum.



J’avoue que la mise en scène de Laura Scozzi m’a, dans un premier temps, heurtée. Situer l’action dans une station de ski autrichienne des années 60, dans un délire de couleurs criardes avec un Papageno en blouson noir, une Tamina genre poupée Barbie première génération et un Tamino grand nigaud affublé d’une doudou pastel et d’après-skis ringards, me paraissait gratuit et superflu. Mais j’ai rapidement adhéré au spectacle tant il était drôle et pétri d’humour.  Le public riait aux éclats et j’ai suivi le mouvement sans bouder mon plaisir.
Pour sortir de là enchantée mais foncièrement mal à l’aise : la réinterprétation des idéaux du Siècle des Lumières célébrés par Mozart, à grandes tartines de prêchi-prêcha maçonnique, en célébration trépidante de nos penchants consuméristes, avait quelque chose de terriblement dérangeant. Car le trait était cruel et parfaitement ajusté. Nos aspirations de pacotille, notre divinisation des loisirs, notre élection de la société de consommation comme nouvel idéal de vie, notre croyance matérialiste en l'accumulation palpable de moyens de jouissance, en vue d'une démultiplication de cette jouissance, nos rêves infantiles de valorisation de soi et de satisfaction de tous nos désirs, tous ces travers qui font des temps modernes une nouvelle ère consacrée au bonheur exclusif de posséder et de se distraire, étaient dénoncés par cette mise en scène en apparence loufoque. La sécularisation des pouvoirs divins évoquée par le livret de Shikanader dérape ici de façon catastrophique et l’homme perd toute dimension morale au profit d’un hédonisme outrancier. L’amour lui-même est raillé et gommé de cette perspective où tout n’est qu’apparence et grossières illusions.


Le combat de la lumière contre la nuit, les illusions et les tromperies permettant l'instauration d'un ordre nouveau sont revus et corrigés selon un ordre qui est marqué au sceau du marketing et du triomphe de la civilisation des loisirs. Le collège des sages de la Loge, qui symbolisent la justice parfaite, l’égalité et la fraternité, se révèle une troupe de sinistres fêtards essentiellement préoccupés de bronzer, de jouer au golf ou de déguster du Cognac. Sarastro a l’allure un peu équivoque d’un chef de gang qui se chercherait une respectabilité grâce à une équipe de gardes du corps évoquant sans coup férir celle d’un homme politique, un peu hâbleur et très médiatique. Quant à la sagesse à laquelle accèdent enfin les deux héros, reconnus aptes, grâce à la force de leur amour, à recevoir l’enseignement philosophique, elle se résume à une garden-party où le barbecue règne en maître et qui fleure le week-end à plein nez. On sort de là un peu perturbé par cette vision sans concession de nos nouveaux idéaux !



Quant au côté musical de la soirée, le chef, Darrel Ang, dirigeait avec beaucoup de finesse et d’élégance un ONBA en formation Mozart vaguement rétif, plutôt indiscipliné et très agité ! Très du genre : « on vient faire nos heures, faut pas nous en demander plus ». Il a eu du mal à leur impulser son tempo et sa lecture de la partition. Mais il a fini par les reprendre à peu près en main et j’espère pour lui que les autres représentations seront plus proches de son souhait. Nous assistions à la première et on sentait très fort les réticences de l’orchestre à suivre ce chef qui n’est pas « le leur ». Les chœurs étaient plus au diapason et se sont pliés aux modulations qu’il attendait d’eux. Le reste de la distribution était globalement équilibré, sans voix remarquable mais sans catastrophe non plus. J’avoue cependant ne pas avoir aimé les sonorités métalliques d’Aline Kutan  qui incarnait une Reine de la Nuit tellement pulpeuse que c’en était gênant. Par contre, tous les chanteurs étaient d’excellents acteurs, vifs, alertes, habiles à interpréter leur rôle selon la trame décidée par Mozart et corrigée par la metteure en scène.
Globalement donc un spectacle décoiffant et terriblement critique qui ne pouvait pas laisser indifférent. Le côté loufoque gommait, du moins en apparence, ce que la mise en scène avait de cruel, et c’est heureux car le public est sorti ravi !
Nous avons, quant à nous, terminé la soirée au nouveau restaurant du Grand Théâtre, qui a changé de direction, de nom et de style : le café Louis est devenu le Café de l’Opéra, on y mange nettement mieux, le service y est très sympathique et d’une efficacité redoutable. Et pour ne rien gâcher, l’ensemble de jazz qui animait la soirée était excellent.

jeudi 21 janvier 2010

TEFILINES

NEW YORK, 21 janvier (Reuters) - Un avion de la compagnie U.S. Airways assurant la liaison New York-Louisville a été dérouté jeudi sur Philadephie, en raison d'une alerte à la bombe. Un passager juif aurait ôté son téfiline pour prier. Autour de lui, les passagers pris de panique, ont craint qu'il s'agisse d'un terroriste. Les Téfilines sont deux boîtes noires en cuir contenant des morceaux de parchemin que les hommes, à partir de l'âge de treize ans, portent sur la tête et sur le bras gauche pour l'office du matin en semaine et ce, conformément aux instructions de la Torah.
"Quelqu'un à bord s'est imaginé que c'était un engin explosif", a déclaré Christine O'Brien, porte-parole de la police de Philadelphie.
Il n'y a eu aucune arrestation à la suite de cette méprise. (Daniel Trotta, version française Eric Faye)




Faut-il pleurer, faut-il en rire ? J'avoue que la nouvelle est tellement révélatrice de l'état de stress sécuritaire qui est le nôtre, qu'elle prête plutôt à la tristesse qu'à la gaudriole. Imputable tant à ceux qui manient l'arme redoutable de la menace terroriste qu'au délire de protection qui inévitablement l'accompagne, cet incident nous renvoie en pleine figure l'état de fragilité de notre civilisation. On a parfois envie de crier "Pouce"... de s'arrêter pour reprendre souffle et de rappeler haut et fort les grands principes qui ont construit les courants humanitaires qui font la fierté de notre culture. On aimerait revenir un peu sur nos pas, pour aborder avec de meilleures armes que nos pauvres idées confuses et nos paniques incontrôlées, cet avenir qui déboule sur nous à une vitesse de plus en plus vertigineuse. On sait, on sent, qu'on ne maîtrise plus tout, loin de là.
Certes ce n'est pas nouveau, l'homme a longtemps été le jouet des éléments, de la fatalité, des caprices de la nature, d'animosités inexpugnables qui lui inspiraient une juste et salutaire terreur. Le XXème siècle a été celui d'une impression de surpuissance qui a développé chez la plupart des humains de la planète un sentiment de supériorité qui nous a rendus sans doute imprudents, et certainement un peu trop orgueilleux. D'où un retour de bâton, et cette frilosité qui nous transforme en de lamentables poules mouillées qui, faute de connaître leur voisin, ont peur de lui, de sa différence, de ce qu'on ne connait pas. L'imprévisibilité des actes terroristes fait de chaque citoyen hors normes un danger potentiel. L'amplification par les médias des événements déviants, des catastrophes, et des risques possibles rend chacun de nous méfiant, craintif, voire soupçonneux. Et il est de bon ton d'ajouter qu'il faut rester vigilant et que c'est une preuve de civisme que de dénoncer ce qui paraît "louche". Alors sans doute les passagers du vol New-York Louisville ont-ils eu raison de s'affoler, et leur panique n'a pas eu de graves conséquences. Il vaut sans doute mieux en faire trop que pas assez. Mais un avion entier dans lequel personne n'a suffisamment de bon sens ou de culture pour identifier des phylactères, cela a quand même quelque chose de réducteur en termes d'humanité.

mercredi 20 janvier 2010

OIES

Mardi 20 janvier 12h02 sur la commune d'Arces, un superbe vol d'oies sauvages volant vers le Nord-Ouest... Je n'ai que mon inévitable téléphone portable et autant vous dire que je n'ai même pas tenté le cliché !!! Pourtant ce vol paisible par temps couvert, élégant et plein de grâce, vaut la peine d'être souligné... Même si, c'est le comble (je sens que Fred va me gronder !), je suis parfaitement incapable de vous dire si c'étaient des oies rieuses, des oies cendrées ou des oies des moissons. La seule chose dont je suis presque sûre c'est que ce n'était pas des oies bernaches !
Merci au site Rêves Ailés qui m'a permis d'illustrer mon billet, qui se veut seulement annonce de douceur ! Peut-être un peu anticipée !!

mardi 19 janvier 2010

MON ALICE A MOI

Comme le dit VenetiaMicio, nous avons tou(te)s une Alice comme cela dans notre vie... "Des gestes comme celui d'Alice réchauffent instantanément le coeur et rassure sur l'être humain." rajoute Aifelle... Lena renchérit "Ça réchauffe le coeur d'entendre parler d'Alice...tant d'humanité..."
Alors je reprends son idée (elle, bien sûr c'est Aloïs)... et pour toutes ces personnes que nous connaissons dont on peut dire "A toutes je peux dire qu'Alice est quelqu'un d'extraordinaire. Si vous saviez tout ce qu'elle fait sans rien dire!!!" je propose un hommage public... Modeste bien sûr car cela ne dépasse guère l'espace de notre blogosphère, mais nécessaire.
Nécessaire pour elles, afin, un jour, de les mettre à l'honneur, toutes ces personnes pleines d'humanité qui ont vaillamment, dignement, discrètement mais sans jamais changer de ligne de conduite, mené une vie droite, belle et qui donne confiance dans "l'homme".
Nécessaire pour nous aussi, car nous les admirons, nous les aimons, nous avons puisé auprès d'elles dans les moments de doute et dans les heures de désespoir, l'énergie qu'il fallait et qu'elles nous ont offert sans en avoir l'air, simplement par l'exemple, simplement parce qu'elles étaient ce qu'elles sont, fortes et fragiles parfois, droites et belles, toujours.
Mon Alice à moi s'appelle Pierrette, elle a aussi l'âge d'être ma mère. Elle a su être là, presque une maman pour moi, quand la mienne est partie, trop tôt. Elle est lumineuse, courageuse, toujours présente sur tous les "coups" difficiles, sans esbroufe mais tellement efficace. Elle brille d'un altruisme, d'une chaleur humaine, d'une bienveillance sans borne. Non, Pierrette ce n'est pas une petite mamie insignifiante et bonne par défaut. Elle est active, vivante, présente, à l'écoute, elle a donné sa vie aux autres un jour où elle a décidé qu'il fallait bien survivre à une lourde peine personnelle... Et depuis, sans en faire un plat, sans même admettre qu'on souligne ses qualités, elle oeuvre pour tous ceux qui souffrent peu ou prou autour d'elle. Elle a son caractère Pierrette et il est trempé, elle est pragmatique, énergique, elle ne se plaint jamais et quand elle a un coup dur, elle assure. Elle est bonne mais pas mièvre. Elle ne se perd pas en vaines angoisses et en feints affollements. Elle ne mène pas une vie ascétique, elle ne fait pas de dolorisme, elle profite de la vie avec talent, elle est merveilleuse car elle est ouverte, généreuse, sensible, et tous ceux qui la rencontrent l'adorent. Elle est d'une compagnie très attachante, active en diable (elle joue au golf tous les matins, elle travaille dans une bibliothèque universitaire, s'occupe de Bordeaux Accueil, joue au bridge...) et trouve le temps de s'occuper de toutes les peines qui trainent, les solitudes, les souffrances, les angoisses des autres, sans se faire mousser.
Merci Aloïs d'avoir eu cette idée ! Même si cela ne dépasse guère le cadre de quelques visites, je suis heureuse de savoir que quelques amis discrets qui la connaissent, et qui lisent ce blog sans trop me le dire, auront au passage reconnu Pierrette et auront eu pour elle, le temps de lire cet article, une pensée émue. C'est tellement important de se dire qu'on s'aime, de temps à autre !
Aloïs, dis-bien à Alice, quand tu la verras, que nous sommes fières (fiers) de connaître des gens comme elle !

dimanche 17 janvier 2010

NOS BOUTS DE TOLE

Pour convaincre Pierre que ce ne sont pas les voitures qui nous intéressent, car nous les considérons aussi comme des bouts de tôle (sauf Colibri que je soupçonne d’en connaître un rayon sur le sujet !!) mais que cette évocation est celle de nos premières libertés, de nos premières émotions et de la fierté de nous sentir adultes, voici le résumé de l’autojournal du tendre !!! « Ah jeunesse que tu étais douce » (Martine) « Que de bons souvenirs » (l’autre Martine, Enitram !)

Moi, ma première voiture a été une 4L, le 5 février 1970 ; mon plus grand bonheur était de faire Bordeaux-Biarritz. Il n'y a pas eu de fiancé dedans...mais elle m'a conduit vers le futur mari biarrot.

Ce fut ma première voiture et également celle de mes premières amours. C'est à son bord que j'ai rencontré le gentilhomme, qui je l'avoue n'était pas le premier mais pas loin!!! Mon père qui était d'une grande sévérité m'avait interdit tout Solex , ainsi que monter dans la voiture de quiconque. Mais m'avait promis une voiture le jour où j'aurais mon permis. Chose promise, chose due,mon permis en poche j'eus une Dyane couleur myosotis je me souviens encore de son immatriculation 36 HD 46 !!!

C'est moi Cendrillon qui avait le carrosse pour draguer le prince charmant, avec la plus belle des décapotables, j'étais sure de mon coup.... la 2CV of course !!

Alain et moi même avons passé le permis ensemble: il l'a eu du premier coup et moi la deuxième fois, après avoir bloqué en côte le frein à main… Alain a eu comme première voiture une R8 rouge … Elle nous a amenés à Bruges, entre autres et nous y avons de bons souvenirs. Les petits bisous au phare d'Antibes dans un petit coin calme ... Elle avait une bonne tenue de route et mon bel amoureux fendait la bise. Comme il était fier!

La première fois que je suis montée dans une caisse de "copain", c’était une 2CV bleue clair avec toit ouvrant, ma dernière année de lycée, avec un pion beau comme un dieu sur lequel toutes les filles bavaient… sauf moi, évidemment !!! Porsche, puis, re-Porsche super gonflée, à l’époque c’était génial, pas de limitation, enfin pas trop de contrôles et beaucoup d’indulgence des hommes en uniforme. Tout ça pour finalement tomber sur Oli qui… n’avait même pas de voiture !!! Ah, c’est sûr, on ne peut pas dire que ce soit un fou du cerceau, lui qui, lorsqu’il avait hérité de la vieille 204 d’une tante à château (ben, sûr que j’aurais préféré la "maison" à la voiture du gardien et autres petits mobiliers d’époque, mais, chut…) avait quand même consenti à faire quelques virées avec, mais c’était ma hantise, je n’étais pas habituée à sa conduite peu sportive et il est tellement distrait qu’il entre en collision souvent dans les voitures… à l’arrêt, au feu rouge par exemple !!!

Je me rappelle ma première voiture. C'était une petite Toyota 1969, jaune, achetée en 1972. Je l'avais baptisée "jaunisse", le premier mot m'étant venu à l'esprit lorsque je la vis la première fois. Elle n'était pas forcément vieille, mais avait déjà roulé sa bosse; enfin, elle avait quelques bosses pour le prouver. Mon futur mari, Carl, et moi avons fait moult rallyes automobile à l'époque. C'était la mode. Tel club organisait un rallye, et on s'y inscrivait. Entre deux indices, nous en profitions pour un baiser ou ;) plus...

Voilà une idée très sympathique, Michelaise. Alain conduisait une GS blanche lorsque nous avons commencé à nous voir et je roulais à bord d'une Visa rouge géranium

Le carrosse de mon Dom, c’était une vieille clio blanche un peu comme celle-ci : http://labattu.ifrance.com/photosclio/album/blanche4.jpg . <

C'était une 204 blanche . Pas ma voiture, je n'en avais pas, mais la sienne...
Un petit coussin vert à fleurs blanches était posé sur la plage arrière. Il était bien utile parfois pour reposer quelqu'une prête à perdre la tête......

Nous, c'était le pot de yaourt, vous savez la fiat 500, mon père m'avait offert la moitié (j'avais payé l'autre moitié avec mon premier salaire !)et mon Amoureux (toujours le même aujourd'hui !) n'avait pas encore son permis étant étudiant sans le sou...
Et bien nous sommes partis jusqu'à Dubrovnik avec la petite fiat, moi au volant et Lui, les yeux rivés sur la carte... Et nous sommes tombés en panne en... Italie !
Que de bons souvenirs !

ah! Michelaise, je ne pourrai guère alimenter cette chronique, pour deux raisons évidentes: la première, c'est que mon mari ne sait pas conduire, donc je n'ai jamais eu à monter dans un carrosse; la seconde, qui découle de la première, c'est qu'il est totalement insensible aux voitures et que ce n'est donc pas avec des "bouts de tôle" (comme il les appelle) que j'aurais pu faire mon grand numéro et obtenir la moindre chance de le séduire!!!

PS petit commentaire pour Aloïs : Michel est vert de jalousie que tu aies retenu le numéro de ta Dyane, certainement plus remarquable que le sien !!! Il m’a dit d’un air mi-figue mi-raisin « mais moi aussi elle était en 46 »… ben voyons, nous le savions !!!
Re PS en illustration de l'article, une 2CV croquée cet après-midi sur le port de Meschers... en pensant à vous bien sûr !!

samedi 16 janvier 2010

LE CAROSSE DE CENDRILLON

Après cet invraisemblable suite d'articles plus ou moins sérieux, qui tachent cependant de ne pas se croire tels, il est temps de jouer !! Il faut bien entamer l'année nouvelle dans la bonne direction ...
Pas question (enfin pas encore) de vous proposer de partager l'inventaire de vos tiroirs de dessous troublants (l'idée d'Aloïs m'a accrochée, mais je n'ose pas... tout simplement parce que le net, dès qu'on y est référencé selon certains critères un peu trop coquins, se révèle un piège malsain)... Il me fallait donc trouver une autre idée !

Toute bête et toute simple : je vous propose simplement de retrouver le portrait (vrai ou pris dans les multiples archives de la toile) de la voiture de vos premières amours.

Bon, je vous l'accorde, l'affaire est délicate : si, comme moi, vous vivez depuis des dizaines d'années avec le même Prince Charmant, et qu'avant lui, vous avez eu quelque fiancé éconduit, il serait fort indélicat de lui imposer le rappel de vos errances anciennes. L'ours, le gentilhomme, Monsieur Sand, Oli et les autres risqueraient de ne pas apprécier du tout les initiatives de Michelaise !! Alors, devant ce cruel dilemme, je vous propose de choisir entre la torpedo dans laquelle votre chevalier servant actuel vous a séduite, et celle de votre premier amour !!
Je vous offre quant à moi un véhicule bien banal mais parfaitement d'époque, de "notre" époque j'entends : totalement impraticable pour autre chose que le transport... même échanger un baiser y était difficile tant les barres intérieures vous meurtissaient les chairs !! Le seul avantage était, pour le jeune conducteur, de parader dans une "décapotable" du meilleur effet pour promener sa belle aux premiers rayons du soleil. Et quand il prenait les virages un peu serrés, il faisait chuter sa dulcinée contre lui !


Mandarine et Koka, qui l'ont connue, y étaient fort attachées et quand nous avons dû nous en débarasser après 30 ans de bons et loyaux services, elles se rappellent sans doute avoir protesté très fort devant notre ingratitude : nous l'avons, du coup, donnée à un voisin qui l'a recyclée encore quelques années, avant qu'elle n'échoue dans son jardin, où elle constitue aujourd'hui un décor un peu kitch !!

Alors à vous de jouer, et au volant les filles !!! Qui m'aime me suive... les messieurs peuvent aussi nous parler de la voiture dans laquelle ils ont dragué leur première conquête ou convaincu leur épouse de les suivre pour la vie !

vendredi 15 janvier 2010

MINUTE DE SILENCE

Pardon de ne savoir trouver les mots...
Merci de partager avec moi une minute de silence, de prière, de compassion, d'humanité
Vous trouverez sans moi tous les liens qui vous permettront de dépasser le compassionnel, si vous désirez aider, même si ce n'est que virtuel.

jeudi 14 janvier 2010

GUIRLANDE

Pour reprendre (modestement) le thème évoqué par Gérard dans son dernier billet, une guirlande de glace, "plumetée" de cristaux, prise au hasard d'un petit matin gelé... Mais non, je ne suis pas jalouse de vos avalanches de neige, de vos routes emmaillotées de blanc et des flocons ouatés qui ont recouvert vos jardins. Je me dis que les intempéries nous ont épargnés et que nous avons pu aller travailler tranquilles... Ben FOSKIFO pas vrai, on se console comme on peut ! La neige, même si on sait qu'en nos contrées mal équipées, c'est une galère impossible pour se déplacer et que quelques centimètres suffisent à nous bloquer, cela fait toujours un peu rêver !

mercredi 13 janvier 2010

METHANIER DECANILLE



Cela se murmurait déjà dans les chaumières et on disait à mots couverts que c'en était terminé ! 4Gas avait perdu et le port méthanier tant redouté ne verrait pas le jour. La nouvelle, publiée par l'association "Une pointe pour tous" dans son denier bulletin, a pris cette fois-ci une allure officielle et parfaitement crédible : "Après 3 ans de lutte, nous voyons enfin le bout du tunnel".
L'affaire remonte aux débuts de l'année 2007 : apprenant qu'un projet de terminal méthanier devait s'implanter sur l'espace portuaire du Verdon, installé par la société néerlandaise 4Gaz
et le fonds spéculatif américain Carlyle-Riverstone, une poignée d'habitants du Nord Médoc a pris le taureau par les cornes et créé une association s'opposant à ce projet. Peu créateur d'emplois, pas vraiment utile en termes d'indépendance énergétique de la France et surtout destiné à dégrader notre bel estuaire de façon irréversible, le projet avait essentiellement le soutien du Port Autonome de Bordeaux qui voyait là une façon rentable d'utiliser ses installations en perte de vitesse du Verdon et de quelques syndicalistes surtout attirés par la création de rares emplois, au moment de la construction, non destinés à perdurer.


L'association, forte aux derniers comptages de 8 à 9000 adhérents en décembre 2009, a réalisé un travail efficace, documenté et sérieux, et a su mobiliser les foules pour de multiples manifestations dont ce blog s'est fait fidèlement l'écho.

Cette résistance imprévue a pris de court les responsables de 4Gas, sans doute persuadés qu'ils feraient là un investissement facile et commode, sans avoir imaginé que les populations locales, particulièrement celles situées comme nous face au site, ne verraient pas d'un bon oeil cette dégradation industrielle de leur lieu de vie.
L'affaire a semble-t-il connu un coup d'arrêt grâce au refus de renouvellement de la convention d'occupation des terrains destinés à ce funeste projet par la société 4Gas. Le recours gracieux réalisé le 23 novembre par cette société n'ayant été suivie d'aucune réponse, 4Gas a conclu que "le terminal méthanier est désormais impossible à réaliser". L'action de l'association ne s'arrête cependant pas là et les risques de voir d'implanter sur ces terrains inemployés d'autres structures dommageables du point de vue de l'environnement du "plus bel estuaire d'Europe" (le seul qui ne soit en tout cas détérioré par des installations industrielles) demeure. Le développement d'un parc naturel marin demandé instamment par "une pointe pour tous" est un peu au point mort et l'association doit à ce sujet assurer un travail de veille qui reste important pou notre avenir. Un développement écologiquement responsable et économiquement viable de cette région reste nécessaire, et cela doit se faire dans le respect de l'environnement superbe que constituent les rives de la Gironde.


C'est pourquoi je vais de ce pas renouveler ma cotisation et je remercie au passage ceux d'entre vous qui avaient signé la pétition dont le succès (11000 signatures) a été pour beaucoup dans la prise en compte de notre point de vue. Je rappelle, à tout hasard, que lors de l'enquête publique diligentée pour l'ouverture du chantier, "on" avait tout simplement oublié d'inclure parmi les populations consultées, les communes situées sur la rive opposée au Verdon, tout simplement sans doute car nous ne sommes pas dans le même département ! On est parti de loin et le chemin parcouru n'avait rien d'évident !!
Mais il faut rester vigilant et la pétition, au moins dans sa deuxième partie, reste valable :

mardi 12 janvier 2010

LE QUINTETTE ILLICO

Un quintette à cordes, glissées ou vocales, entendu à Royan vendredi soir...

3 (encore) jeunes virtuoses aux noms désespérément célèbres, Fontanarosa, prénommé Guillaume, Caussé, prénommés Anne et Bertrand, ont rencontré un violoniste à la superbe voix de baryton, Frédéric Dessus et un chanteur de bar, Cyril Giroux, compositeur habitué des cabarets parisiens. Sans doute lassés d'avoir du mal à se faire un prénom, et de subir inévitablement la comparaison avec des "papas" un peu trop célèbres (enfin j'imagine car j'ai été incapable de trouver quoi que ce soit sur ce sujet, sans doute soigneusement tabou pour eux), l'idée d'Illico a germé. Un groupe qui commence à être reconnu, aux accents toniques et enlevés, offrant un spectacle inattendu de chansons et de compositions originales pour cordes virtuoses.


Illico nous conte les instants d’une tournée improbable du « Magic Orchestra » supposé pouvoir jouer pour nous toute la nuit. Tous les genres sont traités avec brio, nous prouvant que ces musiciens classiques aiment swinguer, chanter, rocker, jouer la comédie sans complexe et avec talent.


Au long de la soirée, nous passons de la valse musette au hard rock, via un cha-cha-cha ou un twist endiablés : Bertrand Causse, l’altiste, nous fait découvrir une voix de ténor surprenante et Anne Causse, la violoncelliste, nous offre un «Chocolat cake blues » inoubliable.
Nous rions sans retenue toute la soirée et les petits moments d'émotion qui viennent habiller de tendre leur humour décapant nous laissent le sourire aux coin du coeur. Dans une mise en espace de Nirupama Nityanandan, qui leur permet de nous présenter un ensemble bien chorégraphié et très enchainé, ces musiciens évoluent et maîtrisent l’espace de la scène. Chanteurs, acteurs, danseurs, instrumentistes nos protagonistes nous emportent dans une soirée inattendue et pleine d'humour, où la qualité du son (certains jouent même sur des Stradivarius) égale l'inventivité.
Il semble qu'on peut aussi retrouver régulièrement les musiciens du quatuor « Illico » dans des programmes purement classiques, avec l’orchestre de chambre mené par Nemanja Radulovic, dans un programme intitulé « Les trilles du diable».

lundi 11 janvier 2010

SAPINS SUR LA PLAGE


Quelques images du traditionnel feu de sapins qui se déroule chaque année après les fêtes sur la plage des Nonnes... superbe flambée qui dure quelques brèves minutes, suivie d'un vin chaud avec dégustation de galettes des rois... jolie tradition qui regroupe les habitants du village pour un petit moment de chaleur, même s'il fait comme hier, un froid de loup !


dimanche 10 janvier 2010

LA MIQUE SARLADAISE (ou mique levée)


Grande polémique autour de la table chez les Alter Michelais. J'étais en train de photographier la préparation que vous voyez au-dessus, et Alter déclare :
- Cela va éveiller des souvenirs chez Aloïs
- Pas sûr qu'elle connaisse...
- Quand même, elle a beau être dans le grand Est, elle connait forcément
- Le grand Est ???
- Oui... Martel et Castelnaud, c'est l'Est, mais ce n'est quand même pas en terre étrangère.
- Je me demande ... rien ne dit qu'on y pratique la mique !!

Les filles, vous connaissez bien cette spécialité du Périgord, un peu mythique à la maison, et normalement j'attends que vous soyez là pour me livrer à cette préparation des familles, fort traditionnelle, et terriblement roborative.
Pour les "étrangers" de quoi s'agit-il ? Rien de bien spectaculaire je vous rassure : une simple préparation de pâte, cuite dans le bouillon du petit salé ou, comme ici, du pot au feu, et qui accompagne viandes et légumes comme un gros pain moelleux. Et bien que belle-maman ait toujours prétendu que ce soit d'une complexité rare à préparer, le seul souci est de s'y prendre à temps !
La boule se prépare environ 2 heures à l'avance : 3 oeufs, de la graisse d'oie, de la levure, un peu de lait, du sel et environ 500g de farine. En fait la quantité de farine dépend de la consistance de votre boule et le pétrissage à la main, énergique et vigoureux, reste essentiel. Il est très important de commencer par mettre les éléments liquide dans votre plat avant d'ajouter et d'incoporer la farine. Quand la boule a la consistance requise, souple et bien ferme, on la met à lever dans un endroit tiède (pourquoi pas le coin de la cheminée ?).
Ensuite, tout s'enchaine de façon bien traditionnelle : cuisson du pot-au-feu ou de petit salé selon votre recette habituelle. Environ une heure avant la fin de la cuisson de la viande, on immerge la boule de pâte bien levée dans le bouillon et on la fait cuire de 50 à 60 minutes. Le risque étant que "la mique coule", on peut aussi la faire cuire à la vapeur, au-dessus du bouillon qui mijote à feu vif dessous. Bien que la recette soit ainsi un peu revue et corrigée, je vous garantis que le goût reste intact et toujours aussi parfumé. J'utilise un couscoussier pour réussir à coup sûr la mique.


Dans tous les cas, on servira d'épaisses tranches de mique avec l'assiettée de petit salé et les légumes. J'aime, comme dans la recette ci-dessus, faire la mique avec un pot au feu car la tranche de mique est particulièrement bonne en support de la moelle, abondamment saupoudrée de sel au moulin !

La mique peut être faite au pain, aux lardons, mais j'ai quant à moi toujours entendu décrier ces fantaisies qui, selon la famille d'Alter, ne feraient que dénaturer la recette originale, dite "mique levée". J'avoue, n'étant pas périgourdine, ne pas avoir de ces purismes, mais je n'ai jamais tenté de brusquer les convictions familiales !

En ce qui me concerne, ce que j'aime particulièrement en matière de mique, c'est l'art d'accommoder les restes qu'elle autorise. Le lendemain, coupée en tranches épaisses et trempée dans des oeufs battus, puis passée à la poëlle, elle est à mon avis encore meilleure. Et elle accompagne parfaitement le reste de pot au feu, accommodé lui aussi : la viande débitée en tranches moyennes est recouverte d'un roux préparé avec farine, corps gras et bouillon (comme une béchamel mais avec du bouillon en lieu et place de lait). Puis la préparation est saupoudrée de chapelure et passée au four. On peut servir les légumes réchauffés à côté ou les introduire dans le plat en faisant à ce moment-là une quantité plus importante de sauce afin de recouvrir viande et légumes avant enfournage. Cette façon de "resservir" le pot-au-feu est vraiment délicieuse !!
Alter vous fait dire que les tranches de mique sont aussi excellentes le lendemain recouvertes d'une bonne tranche de foie gras... vous vous en seriez douté pas vrai !!
Le dernier mystère reste de savoir si l'on pratique cette spécialité chez "Autour du puits"...

samedi 9 janvier 2010

UNE EDUCATION ARTISTIQUE - 5 - ET APRES ?

A partir de la découverte de Cheng a commencé pour nous un parcours initiatique qui devrait nous conduire, sinon à acheter une toile de ce dernier, du moins à mieux apprécier le courant de l'abstraction lyrique. Vu le nombre de courants en art contemporain, c'est encore bien modeste.
De retour à Royan, j'ai entrepris de nous faire visiter les galeries locales, selon le principe auquel je tiens très fort, qu'il est primordial de découvrir ce que nous offre le proche avant de se lancer dans l'exotisme. Bien m'en a pris car nous avons ainsi découvert la galerie FPL... au coin d'une improbable rue proche de la gare, dans un quartier on ne peut moins huppé, une vraie exposition de toiles contemporaines de qualité, et un galeriste éclectique, mais au fait des réalités de ce monde. Assez en tout cas pour éclairer un peu notre naïveté. Il a complètement tilté quand nous lui avons raconté notre virée chez Protée, galerie à laquelle il porte un véritable respect et dans les choix de laquelle il professe une totale confiance. Il était très fier de nous annoncer qu'il expose comme eux Claudie Laks.

Mais, malgré son enthousiasme et celui d'autres amateurs, rien à faire, cela ne nous plait toujours pas !! Désireux aussi d'attirer le chaland sur des noms qui font mouche (même Alter m'a dit en rentrant, "mais c'est un chanteur ça !!" et Dieu sait qu'Alter n'y connait rien en people), il accroche à ses cimaises plusieurs oeuvres de CarlElie Couture (photos retouchées de larges coups de pinceaux éparpillés au hasard de l'inspiration), qui doivent faire vibrer de bonheur certains amateurs mais nous ont laissés de glace.

La toile qui nous avait attirés, reproduite dans le journal local des sorties mensuelles, s'est avérée peinte par une autre tenante de l'abstraction lyrique, Monique Orsini. Cette artiste d'origine corse mais qui tient à indiquer qu'elle a quelques gènes asiatiques fort bienvenus étant donné son style, peint avec une étonnante aisance et une élégance raffinée. Ses teintes rarement vives (sauf sa série Shanghai) donnent à ses oeuvres un ton presque calligraphiques, grâce à une souplesse dans le geste qui emporte le spectateur dans un tourbillon d'inédit et de rêves. Nous avons donc eu envie de connaitre mieux Monique Orsini.

Elle déclare que "plus le geste est rapide, plus il est assuré et juste. Ses tracés aériens, dont elle retire encore de la matière pour donner une "ossature" à ses sujets, reposent sur la spontanéité du geste et ce travail proche de l'écriture accroche par son côté impulsif et fervent.
Une autre artiste a retenu notre attention, toute jeune, à peine citée sur Internet où j'ai eu un mal fou à trouver trace d'elle : Cha Sun. La visite de son site, fenêtre surgissante, devrait amuser les amateurs de photos, je pense en particulier à Gérard à qui je recommande la page "mannequin" ou la page "reflets". Sans doute un effet de sa récente formation à l'école supérieure de l'image de Poitiers.

Et comme un apprentissage n'arrive jamais seul, la mairie de Meschers s'est mise de la partie, en nous offrant une exposition d'une artiste locale, Laetitia Lecque. Si l'on en juge par les cotes atteintes par ces différents artistes, nous avons carrément parcouru le chemin à l'envers, commençant avec Cheng par celui que la critique a déjà consacré, et terminant par une délicieuse inconnue, sans doute pleine de promesses. Mais, de fait, il nous a semblé que Laetita se cherche encore et que son style, attirant au premier abord, est en fait encore mal abouti. Ses compositions semblent plus le fruit du hasard que d'une réelle réflexion artistique. Mais sommes-nous aptes à juger ? Va savoir, sans doute sommes-nous, bien que nous nous en défendions, le jouet des illusions et des critiques. C'est à cela que je voulais en arriver : comment se faire une véritable opinion, parmi ceux qui sont "consacrés" trier ceux qui ont un réel talent de ceux qui sont "montés en épingle" par une spéculation d'autant plus aisée qu'en la matière ce sont les marchands qui font et défont les réputations ? Et surtout comment parmi les jeunes artistes détecter ceux qui seront un jour reconnus ? Leur talent suffira-t-il, dans l'offre pléthorique qui se déploie actuellement, pour leur permettre d'être distingués, s'ils sont trop modestes pour avoir accès au saint des saints des galeries qui ont pignon sur rue ?
En tout cas, je ne sais si vous partagez mon sentiment, en ce qui me concerne, c'est Monique Orsini qui m'attire le plus, Alter étant, quant à lui, plus séduit par les toiles plus puissantes, mais aussi plus violentes parfois de Cheng. Pour autant, la jeune Laetitia est sans doute un peintre en devenir qui affirmera dans les années prochaines un talent en train de naître.

vendredi 8 janvier 2010

UNE EDUCATION ARTISTIQUE - 4 - ABSTRACTION LYRIQUE

C’est au fil de cette attitude nécessairement laborieuse que nous avons décidé, il y a peu, de nous motiver encore plus dans nos découvertes en jouant à croire que nous allons investir, et acheter des œuvres contemporaines. Le ferons-nous vraiment, rien n’est moins certain, mais la démarche a le mérite de nous stimuler et de nous forcer à être plus critiques. Si nous sommes vraiment destinés à investir, il faut dans un premier temps se faire une opinion qui ne soit plus superficielle, et aborder le sujet de façon plus approfondie. Pour l’heure, restant finalement très sages dans notre approche, nous nous sommes découvert une passion pour l’abstraction lyrique, forme qui a dès l’abord le mérite d’offrir un nom qui, à lui seul, est tout un programme !! Et les modes d’expression actuels sont tellement nombreux, qu’il nous faut bien commencer à dérouler l’écheveau par un bout !
C’est Alter qui, cherchant sur le net des œuvres de Zao Wou Ki, qui nous avait séduits par la force de son trait et son esthétique visionnaire, a le premier « appris » la notion et "découvert" l’abstraction lyrique. Si le peintre chinois presque nonagénaire n’en est pas l’initiateur, il est d’usage d’admettre qu’il en est l’un des plus illustres représentants . Nous avions aimé mais sans donner de nom au courant, en son temps, les toiles de Georges Mathieu, apprécié à Poitiers ou à Tours Olivier Debré et même, vibré avec vous, les filles, lors de l’exposition consacrée en 2003 par Beaubourg à Nicolas de Stael. Vous en souvient-il ? Nous avions été passionnés par le parcours éblouissant de ce peintre russe, un peu maudit, un peu dépressif, mort si jeune (41 ans) que la fougue de ses toiles reste pure et ne saurait être suspectée de vouloir nous leurrer.

En cherchant Zao Wou Ki, Alter a trouvé un de ses disciples, ou tout au moins un autre chinois très en cour actuellement dans les milieux de l’art : Wang Yan Cheng. Plus calligraphe qu’abstrait, l’artiste offre un travail exaltant et exalté qui sublime la nature et, à travers un trait fougueux, dit avec élégance le frémissement de l'eau, l'immensité du ciel et l’infini richesse de la Création. Il nous fallait le voir « pour de vrai », après que les photos de ses œuvres nous eussent séduits. Nous avons profité de notre récent séjour à Paris pour aller voir les toiles qu’expose de lui la Galerie Protée, qui l’a lancé dans les années 90 et a fait de lui une coqueluche des milieux bien documentés. Nous avons craqué, en théorie tout au moins car notre compte en banque ne saurait y pourvoir, pour une toile du lui sobrement intitulée "Juste mauve et or", qui fait vibrer en une superbe symphonie lacustre une palette riche, foisonnante, bien que parfois un peu trop empâtée.
Comme le dit Anne fort justement, "Le discours n'est pas l'oeuvre et le discours sur l'oeuvre peut nous en éloigner." ... Je me méfie comme de la peste, en matière d'art contemporain, des discours verbeux et des considérations oiseuses qui me rappellent à n'en pas douter les dissertations filandreuses que je pondais durant mes études de droit quand je ne savais pas grand chose sur un sujet, et qui, allez savoir pourquoi, parvenaient à duper ainsi mes correcteurs, me valant parfois des notes mirobolantes. Maniant le verbe avec une certaine aisance (pardon de ce manque de modestie mais comme c'est à peu près mon seul talent, je préfère ne pas feindre), je sais comment on peut parfois se noyer dans le babillage et d'éblouir son lecteur au motif qu'on lui bassine sans aucune retenue des mots ampoulés et des tournures savantes. Pourtant, comme le dit Anne "... l'émotion ressentie face à - ou parfois dans - l'oeuvre s'affine avec la réflexion que le discours contient sans perdre sa force première. C'est la subtilité qui donne à l'émotion sa durée". Il faut donc avoir un support raisonné pour apprécier vraiment, et que ce support ne soit pas un salmigondis destiné à remplir le vide et à feindre l'important où il n'y aurait que broutilles. Art difficile s'il en est, surtout quand on est dans un domaine ductile et mal fixé.

Or, je cite encore Anne " il ne faut pas confondre l'art et le marché de l'art. Que restera-t-il? Comment trier? Quelles seront les "valeurs sûres"? Est-ce plus important de le savoir que de penser aux conséquences de l'oeuvre, les modifications qu'elle a opérées dans l'âme du "regardeur"? Que vise l'artiste? Est-il vraiment intéressé par son passage à la postérité ou, à l'instar de Duchamp, cherche-t-il à faire de sa vie une oeuvre d'art?".
Revenons à Cheng. Lydia Harambourg dans le livre qui lui est consacré au Cercle d'Art, nous livre à son propos un brouet qui ressemble beaucoup à ce que je déplorais plus haut, et j'avoue que la lecture m'en a considérablement exaspérée, me renvoyant à une sorte de recherche pédante d'une justification qui, si l'oeuvre est réussie, n'a pas lieu d'être construite de façon aussi factice. Sans doute mon côté binaire, mais l'intellectualisme de bon aloi me donne des boutons. Par contre, le propos de Dong Qiang, dans le même ouvrage, simple, limpide, m'a permis de mieux apprécier Cheng, même si ses toiles restent pour nous inaccessibles, et promettent de l'être de plus en plus. D'après les galeristes qui le pratiquent le bonhomme est aussi fin homme d'affaire qu'artiste talentueux, et il gère sa carrière, boostée par Protée, de main de maitre. Il sait se faire désirer, peindre avec parcimonie ce qui plaît et placer ses oeuvres aux bons endroits. Opéra de Pékin, inauguration de la Cité interdite, Banques Nationales chinoises, bref, un vrai stratège. Qu'on m'entende bien cela n'enlève rien à son talent d'artiste, le mythe du peintre marginal, incompris, bohème et affamé n'étant absolument pas incontournable.
Dong Qiang donc parle bien de son protégé et je me permets de vous livrer, pour illustrer mes photos, quelques unes de ses réflexions.

"Reste que les paysages chinois classiques sont froids. En les rendant mentaux, les peintres chinois les ont aussi décharnés. Or, qaund on regard les abstractions de Zao Wou-ki, de Chu Teh-Chun et de Wang Yan Cheng, on a tout sauf froid. Nous avons affaire au plus haut degré d'expression." Il revient ensuite sur la notion d'abstraction froide qui, selon lui, est à l'opposé de l'abstraction lyrique. "C'est en réaction à la charge de tous les sacrés qui le dépassent que l'homme a fait appel à des formes abstraites pour transcender le monde extérieur qu'il renie". Les abstraits froids, comme Mondrian, s'adressent à la forme mathématique, à l'invisible pour tenter de révéler des lois intérieures, au-delà du visible. Alors que, selon l'auteur, avec Cheng "l'abstraction n'est aucunement le résultat d'une angoisse... C'est cette capacité extrêmement orientale (je dirais extrême-orientale) de combiner les contraires et d'entrer dans la matière qui nourrit le travail de Wang. Avec son ouverture au monde au lieu de le transcender, Wang Yan Cheng dote ses tableaux d'une force physique extraordinaire, pour ainsi dire nourrie du monde."

Et de fait, si l'on apprend (il faut se former n'est-ce pas ?) que les tableaux d'il y a une douzaine d'année manquaient encore de caractère (zut... a priori c'étaient ceux qui me plaisaient le plus), son oeuvre actuelle est musclée, énergique et reflète une intériorisation du paysage qui, paradoxalement, explose et vibre pour notre plus grand bonheur : celui de la contemplation pure. Celle qui est sur la voie du "scotchage" du spectateur !!! Puisque c'est finalement ce que nous espérons tous d'une oeuvre d'art, qu'elle nous retienne, qu'elle nous séduise, voire qu'elle nous éblouisse.
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