Lorsqu'il est né aux alentours de 1400 dans la province du Mugello aux environs de Firenze, il s'appelait Guido di Pietro. On a quelques traces de lui alors qu'il était encore civil mais rapidement il rentre dans l'ordre dominicain et devient alors Fra Giovani. C'est Vasari qui, dans ses Vite, lui donnera le surnom d'Angelico, nom sous lequel il est aujourd'hui connu et célébré. Il est même parfois dit "il Beato Angelico", une sorte de pléonasme qui fait allusion à sa béatification par Jean Paul II en 1982. Une forme assez rare de béatification car d'ordinaire la cause des saints, que ce soit pour la béatification ou la canonisation, est entendu à la suite d'un procès. Elles ne sont prononcées en effet par l’Église catholique qu’au terme d’une procédure judiciaire longue et complexe, menée devant les tribunaux ecclésiastiques.Ce n'est qu'après examen attentif de l’ensemble des arguments présentés en vue d’obtenir la béatification ou la canonisation d’une personne qu'elles sont rendues officielles. Mais il existe une procédure spéciale "la confirmation du culte" qui s'applique à des saints vénérés depuis des siècles et reconnus comme saints par les Églises locales. Ils peuvent être insérés dans le Martyrologe romain, après enquête de la congrégation de la cause des saints et sur simple décision du pape, sans qu’il y ait eu besoin de procès de canonisation. Le cas est rare, mais il en fut ainsi Fra Angelico (1387-1455) en 1982 *. Le pape le nomma à l'occasion "patron des artistes" et ne manqua pas d'y faire référence lors de diverses occasions.
Mais la réputation particulière du peintre datait du XVème siècle : dès 1468, le moine Domenico di Giovani da Corella lui dédia, à propos de la célèbre "armoire aux ex-votos d'argent" qu'on admire encore à San Marco quelques vers qui ont fait sa fortune et aussi, sa réputation, un peu figée :
"On y trouve des vases en argent... protégés par un panneau peint à l'extérieur, qu'avait conçu le peintre Angelico... il ne fut inférieur ni à Giotto, ni à Cimabue... Il s'épanouit lui aussi orné de nombreuses vertus, il fut d'un esprit doux et d'une grande intégrité religieuse". Le ton était donné. La tendance à considérer le peintre comme un artiste substantiellement, voire exclusivement voué à une interprétation dévote de ses thèmes figuratifs, au service de leçons édifiantes, était lancée de façon précise et qui fut durable. Cette propension, renforcée par les remarques de Vasari, fit florès et fut reprise, défendue avec ardeur et fit autorité durant des siècles.
Les français, dit-on, vouent une admiration particulière au moine peintre. Sans doute est-ce un effet du succès important qu'il rencontra auprès des artistes et des critiques d'art au début du XIXème. C'est ce qu'il est convenu d'appeler le courant puriste qui trouvait dans le peintre toscan son idéal d'intensité religieuse : le rêve d'une vie claustrale, consacrée à la prière et la peinture telle que Puvis de Chavanne a pu la célébrer dans sa toile "l'Inspiration chrétienne", restauration des valeurs mises à mal par la Révolution inspirée des Lumières. Plus tard, la fortune visuelle et critique de Fra Angelico trouva un regain d'intérêt auprès des Symbolistes, de Manet ou des nabis. Toujours est-il que la réputation du maître ne s'est jamais démentie et que la très rare exposition qui lui est consacrée par le Musée Jacquemard André sous le titre "Fra Angelico et les maitres de la lumière" connait un succès public à la mesure de l'attachement que nos concitoyens portent à ce peintre plein de charme.
Mais les commissaires de cette exposition ont voulu profiter de l'événement pour que soit définitivement dépassé le pont de vue réducteur qui ne s'attache à la condition religieuse du peintre et à sa représentation exclusive de scènes sacrées ayant conduit à une interprétation limitée de son œuvre.
L'idée de cet hommage est née d'une confrontation entre la très riche collection italienne de Nelly Jacquemard et le pôle muséal florentin qui ont décidé d'unir leurs trésors pour nous offrir un parcours rendant compte de l'art sacré et de l'art profane, de l'art public et de l'art domestique, créé aussi bien par de grandes personnalités que par des ateliers d'importance moyenne, bref de la vie artistique d'une région frémissante d'idées, la Toscane des années 1400 à 1450.
Car, en ce début du XVème siècle, la région était un foyer bouillonnant d'idées, de découvertes, de recherches en tous genres où Fra Angelico ne sera pas le dernier à participer à cet élan de l'art sous toutes ses formes, architecture, sculpture et bien sûr, peinture. On n'a pas beaucoup d'informations sur les début de son activité de peintre mais on sait qu'il était déjà actif en 1417, date à laquelle, encore laïc, il entrait à la Compagnie de San Niccolo al Carmine (introduit par le peintre Sanguini). De même, on dispose de la trace d'un paiement qui lui fut consenti en 1418, avant son entrée dans les ordres, pour un tableau d'autel réalisé pour Santo Stefano al Ponte. On est donc certain qu'il était déjà actif et en pleine possession de ses talents à la fin des années 1410, plongé avec passion dans le bouillonnement artistique qui caractérisait alors la ville de Florence.
La scène culturelle florentine était marquée par un climat de grande ferveur, de grands débats doctrinaux et théologiques et l'importance de grands chantiers, tant laïcs que religieux. C'est dans cette ambiance passionnante que le jeune Guido devait faire ses choix de vie et les choix artistiques qui ont marqué sa carrière. Il prononça ses vœux entre 1418 et 1423 et entra au convent dominicain observant de Fiesole.
Mais les commissaires de cette exposition ont voulu profiter de l'événement pour que soit définitivement dépassé le pont de vue réducteur qui ne s'attache à la condition religieuse du peintre et à sa représentation exclusive de scènes sacrées ayant conduit à une interprétation limitée de son œuvre.
L'idée de cet hommage est née d'une confrontation entre la très riche collection italienne de Nelly Jacquemard et le pôle muséal florentin qui ont décidé d'unir leurs trésors pour nous offrir un parcours rendant compte de l'art sacré et de l'art profane, de l'art public et de l'art domestique, créé aussi bien par de grandes personnalités que par des ateliers d'importance moyenne, bref de la vie artistique d'une région frémissante d'idées, la Toscane des années 1400 à 1450.
Car, en ce début du XVème siècle, la région était un foyer bouillonnant d'idées, de découvertes, de recherches en tous genres où Fra Angelico ne sera pas le dernier à participer à cet élan de l'art sous toutes ses formes, architecture, sculpture et bien sûr, peinture. On n'a pas beaucoup d'informations sur les début de son activité de peintre mais on sait qu'il était déjà actif en 1417, date à laquelle, encore laïc, il entrait à la Compagnie de San Niccolo al Carmine (introduit par le peintre Sanguini). De même, on dispose de la trace d'un paiement qui lui fut consenti en 1418, avant son entrée dans les ordres, pour un tableau d'autel réalisé pour Santo Stefano al Ponte. On est donc certain qu'il était déjà actif et en pleine possession de ses talents à la fin des années 1410, plongé avec passion dans le bouillonnement artistique qui caractérisait alors la ville de Florence.
La scène culturelle florentine était marquée par un climat de grande ferveur, de grands débats doctrinaux et théologiques et l'importance de grands chantiers, tant laïcs que religieux. C'est dans cette ambiance passionnante que le jeune Guido devait faire ses choix de vie et les choix artistiques qui ont marqué sa carrière. Il prononça ses vœux entre 1418 et 1423 et entra au convent dominicain observant de Fiesole.
A suivre
Fra Angelico miniatures et détails (2)
Dominique et François vus par Fra Angelico (3)
Fra Angelico et Saint Nicolas (4)
* "Fra Giovanni, cet homme éminent par la vie spirituelle et par l’art, nous a toujours attiré au plus haut point ; c’est pourquoi nous pensons que le moment est venu de le placer dans une lumière particulière au sein de l’Église de Dieu, à laquelle il ne cesse de parler aujourd’hui encore à travers son art céleste. En conséquence, après avoir examiné l’opinion de certains de nos prédécesseurs sur la sainteté de vie de Fra Giovanni da Fiesole, appelé « Fra Angelico », sainteté sur laquelle s’accordent d’autres personnes remarquables sur le plan de la religion et de l’art (comme le prouve la grande masse de documents rassemblés entre 1960 et 1963 par la section historique de la Congrégation des rites) ; de même à la suite de demandes répétées adressées au Saint-Siège par des cardinaux, des évêques, des religieux et en tout premier lieu l’Ordre des Frères Prêcheurs. sans oublier des laïcs, tendant à ce que nous accordions les honneurs liturgiques à Fra Giovanni da Fiesole, nous, en toute connaissance de cause, compte tenu des éminents mérites dans l’Église de ce Fra Giovanni da Fiesole, uniquement guidé par le bien des âmes, nous avons décidé, par motu proprio et en vertu de notre autorité apostolique, de concéder, en signe de grâce spéciale, que sa fête soit célébrée avec le titre de «bienheureux » aussi bien dans la liturgie des heures que dans l’Eucharistie. Comme mémoire obligatoire dans la basilique de Santa Maria sopra Minerva, où repose son corps, et comme mémoire facultative dans l’Ordre tout entier des Frères Prêcheurs".Fra Angelico miniatures et détails (2)
Dominique et François vus par Fra Angelico (3)
Fra Angelico et Saint Nicolas (4)
Nous avons nos places pour... le 10 décembre !
RépondreSupprimerMerci pour tes explications passionnantes...j'attends la suite.
Un honneur mérité pour quelqu'un qui a toujours refusé les honneurs.
RépondreSupprimerUne exposition que je suis allée voir deux fois et comme on dit jamais deux sans trois....
Ravie de savoir que tu vas aller la voir !! promis tu auras les prochains articles avant le 10/12 !! En souhaitant que la foule ne soit pas trop dense, cela nuit à la "contemplation" qu'induit l'Angelico !
RépondreSupprimerC'est une peinture que je ne connais pas bien, voire que je n'aimais pas, quand j'étais jeune, avec ma fascination pour les "modernes".
RépondreSupprimerJe la découvre petit à petit et commence tout doucement à lui trouver du charme.
Merci pour ce billet, Michelaise qui m'offre une entrée agréable dans ce type de peinture.
Bonne journée, bises.
Norma
Encore un billet pertinent et passionnant,j'attends la suite avec impatience.
RépondreSupprimerBonne journée
(Josette)
Merci merci pour tous ceux qui n'iront pas et qui se font plaisir malgré tout ici
RépondreSupprimerLorsque je vais au Louvre, trop rarement comme tous les provinciaux, je m'installe devant le Fra Angelico, sa situation fait qu'on peut l'admirer tranquillement assise
Une expo que j'ai programmée pour Fra Angelico et pour l'endroit que j'apprécie tout particulièrement entre autres...
RépondreSupprimerUne peinture ... angélique, qui incite à une méditation profonde et légère à la fois.
RépondreSupprimerMerci Michelaise, c'est passionnant d'apprendre par tes billets...
RépondreSupprimerRavie Norma de ce cheminement : on trouve toujours un réel plaisir à découvrir, à apprendre à aimer ce qu'on ne connaissait qu'avec des a priori !
RépondreSupprimerMerci Josette de cette impatience, j'avoue que j'ai tellement aimé l'expo que je risque de vous souler avec Fra Angelico
Il faut bien avouer Dominique que pouvoir, en plus, s'assoir en face est un plus de qualité, car les musées sont tuants !!
Enitram, l'expo et un petit thé sous les tapisseries de Tiepolo c'est toujours un bonheur d'aller à JA !!
Noune quand la médiation peut être légère, elle n'en est que plus sereine et efficace, et en effet, on a envie de rester en face de l'Angelico pour simplement l'admirer, sans aller plus loin : et ça c'est de la méditation !
oh Catherine, merci j'espère que tu ne crieras pas "pitié" quand tu liras le 3ème ou le 4ème billet sur le peintre florentin !!!
Y aller trois fois, voire plus, pourquoi non Aloïs, surtout surtout si tu peux y aller à des moments creux, car pour cette expo le luxe c'est le calme, calme qui est nécessaire pour la contemplation de ces panneaux.
RépondreSupprimerBonsoir Michelaise. Tu nous offres encore ici un article passionnant et solidement documenté. Je ne savais pas que Fra Angelico avait été béatifié et je suis curieuse de savoir si Gaudi le sera un jour...
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup le premier tableau que tu présentes de l'annonce faite à Marie. Il est d'une pureté... angélique...
oh, que non, cela sera toujours : encore et encore sur tes billets! sinon pourquoi venir sur ton Blog?
RépondreSupprimerUn de mes maîtres préférés, justement par sa modernité dans les couleurs, j'ai toujours été fascinée par ses roses et ses bleus.... et quelquefois les anges rouges...... merci Dame Michelaise, je ne sais pas encore si j'aurai le courage d'aller à Paris............
Merci Monica, j'avoue avoir, moi aussi, un faible très ancien et qui ne se dément pas pour ce peintre dont tu as raison de souligner la fraicheur dans la gamme chromatique : ses couleurs respirent la joie de vivre ! et elles font du bien.
RépondreSupprimerOxy toujours aussi indulgente ! J'ai choisi cette fresque du couvent San Marco (un endroit où je passerais des heures...) à cause de sa pureté : elle m'éblouit chaque fois ! bien sûr la fresque n'est pas à paris mais cela fait du bien de la regarder un peu ! et cela me semblait emblématique de cet angélisme !!!!