Alter, qui pourtant veille avec la plus stricte observance à ce que mes billets ne soient pas redondants, m'a déclaré hilare, alors que je sortais en sueur, rouge et échevelée de l'antre pourvoyeur de délices où je venais de faire le coup de poing pour avoir "mes" gâteaux :
- Tu vas en faire un article
- Ah non ! J'en ai déjà fait un ...
- Oui, mais cette fois-ci, tu en as !!
Et, de fait, j'en vais ! 4 kilos !! oui, oui, ce n'est pas un effet de mes origines méridionales : c'est vrai... du coup, nous avons dû repasser à l'appartement pour les poser car allez visiter Rome avec un sac aussi lourd à bout de bras ! Au passage, Alter avait prévu le coup : sa valise pesait 8 kg à l'aller. Au retour, entre les pâtisseries juives et les catalogues d'exposition, on était monté à 23 ! Incroyable mais authentique !
Reprenons : échaudés par notre précédent "chou blanc", nous avons décidé d'y foncer dès l'arrivée, enfin presque. Car le samedi, bien sûr, c'est fermé, le dimanche, on se repose des agapes de la veille, et le lundi, pas question de s'y mettre trop tôt, nous en avions fait les frais lors de notre dernier séjour. Donc vendredi, premier travail, aller au Ghetto.
Certes, nous y sommes arrivés un peu tard, ayant quelque peu traîné en route, les palais romains sont si beaux et les places si joliment illuminées par le soleil du matin. Mais, soupir de soulagement, c'était ouvert.
Certes, nous y sommes arrivés un peu tard, ayant quelque peu traîné en route, les palais romains sont si beaux et les places si joliment illuminées par le soleil du matin. Mais, soupir de soulagement, c'était ouvert.
Et, chance invraisemblable, la boutique était calme. Ayant ensuite déjeuné au "Kosher Bistrot" situé juste en face, nous avons pu remarquer que la fréquentation du lieu est dense, la queue s'étendant à l'extérieur de la boutique avec une régularité de métronome. Donc je rentre, et là, panique, il n'y avait plus que les gâteaux au miel. Ceux que la propriétaire des lieux rechignait à me vendre en me disant, tapant fermement sur son comptoir avec l'un d'entre eux pour appuyer ses dire "ils sont durs, très durs". Oui, oui, je sais, mettez m'en six. Elle me dévisage comme si j'étais malade, quand soudain j'aperçois une plaque toute chaude de l'autre spécialité de la maison qui arrive, portée par une des ses filles.
- Non, trois ça suffira.
Elle ne peut cacher un petit sourire de triomphe qui se change en grimace lorsque je lui en demande 10 de l'autre espèce, moëlleux et tendres à souhait.
- Cela se conserve combien de temps ?
- Un mois.
Pas de problème donc.
- Je voudrais un morceau de la brioche, là ...
- Non
- ?? celle-là (je montre la vitrine)
- Non
- Mais ...
- Elles sont toutes réservées.
Ayant passé plus d'une heure ensuite à contempler le sinistre petit magasin* mais qui ne désemplit pas, je puis vous assurer qu'il n'en était rien. Mais elle avait décidé que ça suffisait et qu'elle ne s'abaisserait pas à vendre à une petite goy, française de surcroit, de la brioche de shabbat toute fraiche, réservée à ses client fidèles. Brioche que la boulangerie d'à côté vendait, avec un demi-litre de vin et une bougie, sous l'inénarrable nom de "kit shabbat" !! J'ai eu droit à une part, pas trop grosse, de torta à la ricotta, mais j'ai senti qu'il était temps d'arrêter mes exigences. Pendant ce temps-là, long car il fallait ranger les gâteaux, les emballer, s'engueuler entre femmes, mères et filles avaient le verbe haut et fort, me faire payer et me rendre péniblement la monnaie, la queue devenait interminable, et Alter, resté en dehors de ce gynécée, se demandait ce qu'il était advenu de son héroïque épouse.
Laquelle sortit enfin, épuisée par cette aventure, mais fière comme une lauréate douée d'avoir, enfin, sa provision de gâteaux juifs !
- Je les ai !! Ouf, j'ai bien mérité un Spritz !!
Ils sont maintenant pieusement rangés dans des boites en fer blanc, et même si j'ai commencé tout à l'heure à déguster ces sublimes gâteaux au miel qu'il faudrait une hache pour couper, durs comme c'est pas permis, mais bons à se damner, on tiendra bien jusqu'au prochain voyage à Rome !
D'autant qu'à peine débarrassés de notre précieux et lourd viatique, Alter a exigé de passer à ce que nous appelons maintenant "la pâtisserie de Robert", et nous avons acheté une nouvelle cargaison de tartelettes et autres cannoli qui ont fait nos délices jusqu'à la fin du séjour.
Nous en avions déjà mangé la moitié quand j'ai enfin songé à photographier les "gâteaux de Robert" achetés au Forno de la via Ballaura !
PS la dédicace à Mandarine est imputable au fait que cette dernière a passé un an à Rome et m’approvisionnait régulièrement de ces douceurs pesantes chaque fois qu'elle rentrait en France, me maudissant à cause du poids de ses valises !!
* C'est bien parce que c'est vous : je vous donne l'adresse "Piazza delle Cinque Scuole" dans le Ghetto... à vous ensuite de répérer l'endroit dans un des 4 angles de la piazza : le moins qu'on puisse dire est qu'il ne paie pas de mine, mais il n'a pas de nom, et il y a toutes les chances qu'il soit fermé !! Courage !
J'imagine que Mandarine sera ravie de retrouver tous ces doux souvenirs !
RépondreSupprimerOh elle reconnaitra les lieux, c'est sûr !! Et elle aura forcément la saveur de ces délicieuses pâtisseries qui viendra chatouiller sa mémoire !!
SupprimerLe poids dans les valises ne s'est pas translaté, je l'espère, sur la balance...
RépondreSupprimerL'effet "week-end à Rome" n'a pas été neutre, côté balance, mais bon comment résister ?? Et ce qui n'a pas résisté à ces gâteaux au miel, durs comme du bois, c'est une dent provisoire en attente de couronnement ! mais on répare cela avec bonne humeur !!!! va falloir être prudente avec la céramique qui va suivre ...
SupprimerOuh, la, la... Mais cet article ne suffit pas Michelaise... Il va falloir que tu retournes là-bas pour y voler la recette... Qu'en dis-tu ???? ;-)))
RépondreSupprimerOuh là là !!!! ça se voit que tu ne les connais pas ces dragons femelles qui tiennent la boutique ! elles sont terrrrrrrrribles et moi, je tremble rien que de penser leur acheter des gâteaux, alors leur demander la recette, je suis terrrrrrrrrorisée !! En attendant, je me pourlèche avec ma petite réserve (4kg, on a de quoi voir venir pas vrai) et Alter, chaque fois qu'on en grignote quelque morceau, annonce "aah !! va falloir retourner à Rome bientôt".
SupprimerComme ces gâteaux ont l'air redoutables pour les quenottes, je croyais que tu allais écrire qu' 'Alter disait " aah !! je vais avoir du boulot supplémentaire..." ;-)))
SupprimerEh bien!!! Tu m'en apprends de ces choses que je ne connaissais pas au sujet de Rome!!! Il va falloir que je mette Patrizia sur le sentier de la guerre dès qu'elle en aura terminé avec l'ouverture- aujourd'hui!- de son exposition. Où est ce ghetto? Il faut que je me renseigne, vraiment!
RépondreSupprimerPar contre, pour la torta alla ricotta, j'ai une petite anecdote que je vais te réserver dès que je la retrouve, car je l'ai mise par écrit en italien, pour un cours. Cela s'appelle : la torta del Terremotto...
Explications suivent!
P.S. Pied de nez à la voisine de 82 ans qu'Alter survole avec son drone: je mange des sushi sur la terrasse, car il fait 26 degrés! Nous avons battu des records de chaleur cinq jours de suite, ce qui n'est pas très rassurant pour la suite des choses...
Bizarre ce temps n'est-ce pas, hier il faisait vraiment trop chaud au soleil et, ici du moins, l'eau se fait trop rare !!!
SupprimerLa torta del Terremotto est délicieuse, à tous les sens du terme, et a donné lieu à un quiproquo matinal !!! tu devrais la publier !!!
le ghetto est au bord du Tibre, vers le théâtre de Marcello... Patrizia le connait forcément ! c'est un quartier plein de vie et au charme désuet mais fort agréable. Mais de là à aimer les pâtisseries compactes dont je fais l'éloge dans cet article, question de goût qu'elle ne partage pas forcément !!! Sinon, elle connait forcément aussi le forno près du campo dei fiori !!! un endroit de damnation par les flammes de l'enfer pour pêché de gourmandise aggravé !! D'ailleurs, je parle de cannoli siciliens achetés, et ils ne sont pas sur la photo car nous avions mangé en route !
SupprimerVia Ballaura !
SupprimerMerci pour cette adresse que je note en attendant (pas trop j'espère...) le prochain voyage à Rome...
RépondreSupprimerCOmme le fait remarquer Oxy, à très juste titre, le modèle "dur comme du bois" requiert des très bonnes quenottes !!! par l'autre modèle, le plus tendre, est à fondre !!! mais il faut aimer les patisseries ni trop crémeuses, ni trop légères : c'est compact, bourré de fruits secs, c'est très méditérannéen !!! et tout le monde n'en raffole pas. SInon on peut aussi aller dans "la pâtisserie de RObert", Al Forno près du Campo dei Fiori, je vais mettre le lien dans l'article
SupprimerBon avec tout ça, tu roules à combien de kg par jour ?
RépondreSupprimerParce qu'à ce train là... les réserves vont fondre comme neige au soleil !
Biseeeeeeeeeeeees de Christineeeeeeeee à la gourmandeeeeeeee !
Je roule de plus en plus, tu imagines qu'à ce régime, les rondeurs s'affirment !!!
RépondreSupprimerLe forno est via Ballaura !!
RépondreSupprimerBon, à mon prochain voyage à Venise, je fonce au ghetto pour voir s'ils font ce gâteau qui te fait fondre... De plaisir, si je comprends bien, il faudra aussi que je fasse vérifier mon bridge avant de partir :-)))
RépondreSupprimerje te bises fortes du matin.
Pour apprécier Danielle, tu l'auras compris ce sont des gâteaux très rustiques, il faut aimer le roboratif, le solide, le lourd !!! et de fait, à défaut de fondre, il est impératif de les faire fondre dans la bouche, surtout les "durs comme du bois, boum, boum sur le comptoir !!! vous en voulez vraiment madame ???" (avoue que comme argument de vente !!!)
SupprimerJe connais cette adresse enseignée par une de mes amies juive et dont les rondeurs laissent évaluer son bon goût.
RépondreSupprimerPierre sera a Rome le 14 avril il a déjà noté ce lieu de RV sur son carnet!
Lors de ton prochain séjour parisien il faut que tu ailles à la boulangerie Murciano ainsi que chez Florence Kahn,mais tu connais forcément
Tu sais Aloïs, je ne connais pas grand chose et surtout je retiens rarement les noms. Alors Murciano et Florence Kahn, je suis allée voir sur Google, et de fait je connais... J'ai forcément éclusé la rue des rosiers (et mandarine aussi pour essayer de me surprendre) à la recherche de ces saveurs sauvages... c'est très bon mais beaucoup plus soft, plus facile que les pâtisseries de Rome : c'est hyper bon, (le strudel est délicieux) mais ce que j'aime à Rome c'est que justement c'est ce côté un peu ingrat, pas évident, juste une concession à la gourmandise !! Alter dit, concernant Rome, que j'ai des goûts pervers, mais, et c'est heureux, il les partage ! En fait les gâteaux juifs du ghetto de Rome sont comme les tenancières de la boulangerie : ils ne sourient ni ne font du charme, mais ils sont gâteaux et juifs, donc sincères !!!! authentiques ??? en tout cas, je l'imagine, et surtout, je ne suis pas très gâteau, c'est ainsi que j'aime les douceurs !!
SupprimerJe vous savais gourmands , mais je crois que j'étais loin de m'imaginer à quel point en réalité !!!
RépondreSupprimerOUh Catherine, et encore, tu ne sais pas tout !!!!
SupprimerUn peu éloigné des blogs en ce moment par un avis de tempête côté santé je découvre juste ce matin tes derniers récits du voyage romain... et je suis heureux d' apprendre que tu as eu une petite pensée... gastronomique pour moi.
RépondreSupprimerGastronomique et amicale Robert
SupprimerJ'espère que cette tempête va bientôt se calmer et que tu vas reprendre le cours de ton blog sans trop de souci. Tous mes voeux de courage
trop bon les gâteaux pour ne pas en reprendre je cours me laver les dents !
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