dimanche 27 novembre 2011

CHABADAMAYOU : Bertand Chamayou, l'intégrale des Années de Pèlerinage

L'ami Gérard, dont vous finissez par connaitre les facéties et les talents, a acquis il y a peu un nouveau Steinway de concert (la gestionnaire que je suis s'arrache les cheveux en pensant à son BFR* mais l'amie se réjouit de son trop évident bonheur), dont son blog se faisait l'écho il y a tout juste un mois. Un instrument somptueux dont il parle l'oeil enflammé et le verbe inspiré !! Si elle n'était avec lui d'une indulgence coupable, que dis-je, amoureuse, son épouse pourrait presque en prendre ombrage. Toujours est-il, que c'est "armé" de ce nouvel instrument que Gérard est parti passer la semaine à Bordeaux pour le tout nouveau (c'est le deuxième) festival "Esprit du Piano"
Que le piano ait de l'esprit, quand on le pratique avec des amis tels que ceux du domaine musical de Pétignac, cela est une évidence ! Pour l'occasion, Gérard s'était équipé de pied en cap en "accordeur chic et choc", plus de nus-pieds mais des chaussures de ville, pas de pantalon baba-cool, mais un super costard italien, très bien coupé, et, bien sûr, ses légendaires gilets, qu'il change, tel une diva, trois fois par jour. Nous, ses amis, de le voir si gandin et si distingué, nous en étions tout émus !!
Car avec Pétignac le piano est avant tout une affaire d'amitié. Des amitiés anciennes, avérées, fidèles et pourtant toujours renouvelées. Car Gérard est d'une grande générosité et il adore "mettre" ses amis ensemble, toujours certain que la mayonnaise prendra. Et, de fait, on se retrouve autour de lui, et on sympathise tellement qu'il peut partir accorder ses pianos sans inquiétude, il nous retrouve tous, attablés et riant à son retour, copains comme toujours et ne s'étant pas même aperçus de son absence. Autant dire que le week-end que nous venons de passer à Bordeaux a été, de ce point de vue là, un grand moment.

A Bordeaux, les appariteurs, pas forcément musclés mais consciencieux et nombreux, traquent l'appareil photo depuis le poulailler pour mieux repérer les contrevenants et, fut-ce Gérard lui-même, les admonester en bonne et due forme ! J'ai donc dû me contenter de la photo Naïve, n'ayant pas eu envie de bombarder Bertrand après le concert, alors qu'il avait besoin de se détendre et d'être en confiance !

Mais le plus important était les concerts, et là, nous avons vécu un événement rare, sublime et incomparable que certains d'entre vous auront peut-être, qui sait, l'occasion de revivre bientôt car "il" va se produire au théâtre des Champs Elysées dès demain, 28 novembre. "Il" ? Mais Bertrand Chamayou voyons, qui a déjà beaucoup fait parler de lui avec les concerts des Jacobins (et tant d'autres puisque ce projet a pris jour pour célébrer l'année Liszt) et que nous avons eu l'immense chance d'entendre ce week-end au Grand Théâtre. Même si ce n'est pas une gloire de l'affirmer, je ne suis pas une fanatique de Listz, et la perspective des "Années de Pèlerinage" sur deux jours ne me faisait pas frémir autant qu'Alter. Oh certes, ayant déjà entendu Chamayou en jouer quelques pièces à Fontdouce, j'étais confiante car je savais qu'il m'avait fait aimer ce qui, souvent, m'assomme. J'ai souris quand il m'a confirmé qu'il est naturel qu'il en soit ainsi tant il est vrai que de nombreux interprètes ne servent pas Liszt avec les égards que ses partitions méritent.
Mais je ne m'attendais pas à l'impression de plénitude, de bonheur absolu, de nirvana pianistique éprouvée ce week-end. Parler de la virtuosité de Chamayou est devenu inutile, son talent est consacré, reconnu, encensé. Mais interpréter comme il le fait ces pièces longues, difficiles et complexes, tient de l'exploit. Sans le moindre effort apparent il découpe, détaille, cisèle chaque plan sonore, rend la partition limpide, évidente, facile à entendre. Son intelligence d'interprétation, son évidente culture musicale, sa maîtrise de l'instrument, tout est au service de l'oeuvre et en rend l'audition tout simplement jubilatoire.
Sa lecture de Liszt est à la fois spontanée et sincère, tout est lumineux sous ses doigts et, particulièrement à l'aise sur ce fameux piano qu'il est allé choisir avec Gérard (malin notre ami, quel meilleur conseiller que cet immense pianiste pour choisir son instrument ?), il nous a décliné avec brio toutes les facettes de l'oeuvre phare de Liszt. Une œuvre intense et grave qui demande à être intériorisée pour être dite avec justesse.
Or non content d'être un concertiste hors pair, ce jeune homme est un individu d'une rare richesse personnelle, intelligent, sensible et ces qualités sont autant d'atouts pour faire vivre la musique dans sa plénitude. Dire qu'il est charmant n'a rien de réducteur même si sa jeunesse a quelque chose de fragile et d'émouvant. Mais s'y ajoutent une vraie humanité, une profondeur d'âme qu'il n'étale pas avec fatuité mais qui s'impose dès lors qu'on a l'occasion de le rencontrer. Et pour jouer Liszt, ce sont des qualités indispensables, quoique rares.
Alors, si vous habitez Paris courrez demain au théâtre des Champs Elysées, même si je crains que le concert soit déjà à guichets fermés. Je vous souhaite que Bertrand soit dans le même état de grâce que ce week-end : croyez-m'en, pour le restant de vos jours vous ne pourrez plus entendre les Années de Pèlerinage de la même façon. C'est bien d'ailleurs le seul défaut de Chamayou : après lui, on a du mal à reprendre contact avec d'autres interprètes !!!


PS à défaut d'avoir la chance de l'entendre en direct, vous pouvez vous procurer l'enregistrement de cette superbe réalisation car le disque des Années de Pèlerinage vient de paraître... devinez ce qu'il y a dans la liste au Père Noël d'Alter !!!!!

*Pour mémoire, et bien qu'après un tel enthousiasme artistique la retombée soit rude, le BFR est le besoin en fonds de roulement et traduit la nécessité, bien banale mais nécessaire pour tout entreprise qui veut survivre, d'avoir de la trésorerie et pas trop de stocks !!

11 commentaires:

  1. Comme je te comprends quand tu parles de ce génie du piano ! Je me souviens d'un après midi, dans la grange d'un manoir tout en haut du Cotentin...
    http://enitram-cheminfaisant.blogspot.com/2011/07/apres-midi-concert.html

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  2. J'aurais bien voulu assister à ce concert dont vous nous parlez avec tant d'enthousiasme, Michelaise! Je vous souhaite une très bonne semaine qui laissera résonner en vous la musique de Liszt telle que vous l'avez appréciée.
    Anne

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  3. En attendant qu'Alter le fasse résonner pour de bon dans toute la maison Anne, quand le Père Noël sera passé !!!
    Enitram c'est vraiment comme si nous avions des saisons strictement parallèles, on a la chance de partager les mêmes tournées, on a des festivals qui se ressemblent et des émotions communes, presque comme si on habitait au même endroit !!! Tu as donc, après le concert, pu apprécier la simplicité sans affectation et la vraie gentillesse de Bertrand ! Ton montage (tu as osé, discrètement !) où on le voit entouré de ses spectateurs, est très réussie ... c'est merveille que ces concerts d'été en campagne.

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  4. Bonjour, Michelaise.
    Ton billet m'a'a ravi le coeur.

    Et il me fait découvrir un pianiste que je ne connaissais pas.
    Mais je connais Liszt...
    et le danger est de mettre la virtuosité au service...de la virtuosité...
    Merci beaucoup.
    Bonne journée.

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  5. Je ne lis rien car je serai ce soir au Théâtre des Champs Elysées si tout va bien

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  6. Il est venu à Meschers en Juin 2010, pour jouer en trio. Tu y étais sûrement.

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  7. Bien vu Herbert, le danger est de mettre la virtuosité au service de la virtuosité : et Bertrand Chamayou aborde Liszt avec une telle honnêteté, avec une vraie délicatesse qu'on en redemande !
    Aloïs, j'espère que tout ira bien et que ce soir tu te laisseras emporter par Bertrand ! Dans les sphères d'une interprétation qui "vit" les années de pèlerinage avec beaucoup d'intelligence sonore et musicale.
    Oui Noune, j'y étais et je n'en avais pas parlé parce que... enfin je te raconterai !! Tu y étais donc aussi !

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  8. Bon début de semaine:)
    Amitiés
    Elisa, en Argentine

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  9. On se laisse aussi emporter par votre enthousiasme, je m'en vais visiter France-Musique, peut-être auront-ils eu l'idée d'enregistrer ce concert...

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  10. Bienvenue Elisa... savez-vous que bertrand nous a dit que, pour lui, une des plus belles salles du monde (il n'en cite que 3 !!) est le teatro Colon : il y était le 5 avril dernier et je vous souhaite qu'il y revienne bientôt !!
    Je crains Miss Lemon que le concert n'ait pas été enregistré, celui de David Bismuth l'était mais avec Chamayou je n'ai pas remarqué de micro. Par contre, celui de théâtre des Champs Elysées l'a peut-être été !!! Aloïs pourrait nous le dire ...

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  11. très belle découverte!
    suis plus spécialisée en BFR!

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